La Calotte n°82, 3/4/1908

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Revue anticléricale illustrée, La Calotte est fondée à Paris en 1906 par l’éditeur Louis Grenêche. Lancée dans un contexte fin de crise autour des Inventaires faisant suite au vote et à l’application de la loi de 1905 sur la Séparation des Eglises et de l’Etat, La Calotte surfe sur une puissante vague anticléricale et reprend la formule lancée un an plus tôt en France par le belge Didier Dubucq, Les Corbeaux.

La Calotte, hebdomadaire composé de 16 pages, est pour moitié illustrée de dessins satiriques visant exclusivement l’Eglise. Pour le reste, il s’agit de textes de la même veine, chansons, blagues, articles défendant les idées rationalistes et dénonçant le cléricalisme et ses méfaits.

Dans son premier numéro du 14 septembre 1906, la rédaction explique à ses lecteurs, « vous pouvez vous rendre compte de l’allure combative de La Calotte. Nous n’avons qu’une arme : le rire, seule arme que redoutent les soldats de Tartuffe, c’est vous dire que nous ne manquerons pas d’ennemis qui chercheront à nous étouffer par tous les moyens. Si vous partagez notre avis, chers lecteurs, insistez auprès de vos kiosques et marchands de journaux, qui sont nos seuls vendeurs afin qu’ils nous affichent en bonne place. Vous soutiendrez ainsi notre cause ».

 

Dessin de Foggini, La Calotte n°232, 17/2/1911.

La couverture, en noir ou en deux couleurs (dominante du rouge et noir) est composée d’un dessin de titre qui varie et d’une image pleine page. Les charges des dessinateurs aux pseudonymes les plus divers comme Saint-Fourien, Asmodée, A. Mac ou Chérubin, visent d’une part à souligner la lubricité des prêtres ou des gens d’Eglise en général (le prêtre se trouve en compagnie de femmes ou de religieuses aux formes appétissantes), et d’autre part à stigmatiser leur cupidité (l’Eglise vole l’argent du peuple et s’enrichit sur son dos). La charge grossit le corps du curé, illumine sa face de larges sourires. Les pommettes et les nez sont rougis à force de trop bien manger et boire.

Carte postale diffusée par La Calotte vers 1907.

La revue diffuse des almanachs illustrés, des papillons gommés ainsi que des cartes postales et toute une gamme de brochures et d’ouvrages rationalistes. Elle invite ses lecteurs à découper dans ses pages des cartes à système, des faux  cols ou des fausses manchettes anticléricales à utiliser pour horrifier la gente noire. L’éditeur de l’hebdomadaire dénonce les pressions cléricales contre les marchands de journaux qui affichent La Calotte dans leur kiosque ou les colporteurs qui la vendent à la criée.

Politiquement, La Calotte s’inscrit dans le courant républicain radical et regrette la frilosité de plus en plus grande des gouvernements qui ont remplacé celui de Combes, considéré comme le père de la Séparation.

La Calotte, juillet 1939.

Fin 1911, la revue met la clef sous la porte. Le titre est repris dans les années 1930 par le militant libre penseur Lorulot qui voit dans le dessin satirique une arme de propagande efficace. Il s’entoure des services du dessinateur Armangeol (Armand Gros) notamment et diffuse au travers de cette nouvelle version de La Calotte des Bibles comiques, Vies de Jésus satiriques et Histoire des Papes illustrées de dessins satiriques. Pendant la guerre 39-45, La Calotte se transforme en La Vague. Lorulot y stigmatise le fascisme, le nazisme et l’attitude complaisante de l’Eglise catholique à son égard. La Vague dénonce également l’antisémitisme. Après la guerre, La Calotte a continué de paraître comme organe de la Libre Pensée. La Calotte. "Contre toutes les tyrannies". Reparaît en mensuel en Novembre 1945. A partir de mai 1963, H. Perrodo-Le Moyne en devient directeur, suite au décès d’André Lorulot. Il y écrit des articles et dès lors y publie des dessins qu'il signe P. Le M. Aujourd ’hui, on peut encore la lire mais sur abonnement avec une diffusion plus restreinte.

G. D. 


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Bibliographie 

CACHOUX Anne, DELPORTE Christian, La Calotte, mémoire de maîtrise sous la direction de René Rémond, Paris X, Nanterre, 1980, 361 p.   

DOIZY Guillaume, A bas la calotte ! La caricature anticléricale et la séparation des Eglises et de l’Etat, Alternatives, 2005, 160 p.   

DIXMIER Michel, LALOUETTE Jacqueline, PASAMONIK Didier, La République et l’Eglise. Images d’une querelle, Paris, La Martinière, 2005, 150 p.  

 

Tag(s) : #Presse "satirique"
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