Les récentes déclarations de Luz ont suscité nombre de commentaires de journalistes et de dessinateurs également. On lira par exemple ci-dessous le texte de Kichka (lien). Le dessinateur suisse Mix & Remix a également commenté « l’affaire », avec un dessin portant très très haut le sens du paradoxe et du non sens, puisque Mahomet est présenté triomphant, arborant avec ses doigts le V de la victoire, tout en étant une fois de plus représenté donc désacralisé, dans un sens «blasphématoire».
Mahomet est ici dessiné selon ce qui est devenu une sorte de canon graphique fixé le 14 janvier 2015. A une époque où le commentaire de commentaire va bon train, et où ce dessin de Luz a fait le tour de la planète, on comprend bien l’engouement parodique dont il fait l’objet.
On s’étonnera par contre peut-être de trouver un tel dessin sous le crayon de Mix & Remix, le dessinateur suisse ayant toujours prôné une forme de réserve vis-à-vis du blasphème. Mais comme il nous l’a expliqué, « j’ai fait ma chochotte pendant quatre mois, j’ai toujours dit qu’il fallait faire attention, ne pas blasphémer. Et puis, quand Luz a dit « je ne dessinerai plus Mahomet », je me suis dit « ouf », on est sorti d’un tunnel. Et la minute d’après, j’ai eu envie de dessiner Mahomet ! Va comprendre… Pour moi, c’est plutôt un hommage à Charlie, je pense que ce n’est pas un dessin humiliant, choquant, Mahomet est souriant et victorieux, il n’est pas à quatre pattes… Mais bon, il est représenté quand même ! ». Cet excellent dessin est d’autant plus exceptionnel que depuis le 7 janvier, très peu de dessinateurs ont osé figurer Mahomet.
Alors, publié, pas publié ? Le dessin a bien été publié dans l’édition dominicale du Matin suisse (le 3 mai 2015) qui tire à 250 000 exemplaires, donc vu par 500 000 lecteurs environ. Et pas à la taille d’une petite vignette comme on peut s’en apercevoir sur notre illustration ! Aucune réaction, aucun « scandale », aucune menace ne sont pour l’instant venus troubler la légendaire tranquillité suisse, ni la trépidante planète médiatique…
Guillaume Doizy