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Site Internet de l’École de Caen

Par Marie Delépine

Né en 1966, ce dessinateur caennais croque  l’actualité nationale et internationale depuis déjà plus d’une vingtaine d’années. Fils de l’historien Pierre Chaunu, il s’est depuis longtemps fait un nom dans le monde du dessin de presse et de l’édition. Jonglant entre le monde de la publicité et celui de la presse, Emmanuel Chaunu dirige actuellement l’agence de communication « Image in France ». Très attaché à sa région d’origine, il est également, depuis 2003, vice-président de l’École de Caen qu’il a d’ailleurs fondée avec son ami Jean-Luc Bizien. Ce groupe d’écrivains et de dessinateurs s’applique à favoriser l’éclosion de nouveaux talents et décerne un prix chaque année. 
Des quotidiens aux magazines, Chaunu a collaboré à de nombreux titres de la presse écrite régionale, nationale et européenne : Le Dauphiné Libéré, La Manche libre, La République du Centre ou encore Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Depuis 2007, il travaille pour Ouest France  et à La Voix du Luxembourg. Il lui arrive aussi de dessiner  « en direct » pour la télévision, à France 3 Normandie (1). En 1993, il a reçu le Crayon de Porcelaine au Festival International de dessins de presse et d’humour de Saint-Just-le Martel, près de Limoges.
Multicarte et surtout doué de multiples talents, Emmanuel Chaunu intervient lors de congrès institutionnels, politiques et de séminaires d’entreprise. A ce sujet, le dessinateur affirme : « Ma véritable spécialité, c’est le dessin en direct. Le stress de la feuille blanche me transcende. J’aime associer le dessin et le show (2)». Chaque année, Chaunu met également son talent au service des Droits de l’Homme en illustrant le Concours International de Plaidoiries du Mémorial de Caen. En 2005, il a œuvré pour Amnesty International et l’Association française sur le polyhandicap.
Ceux qui l’ont rencontré, au hasard des séances de dédicaces et des salons du livre qu’il arpente sans relâche depuis ses débuts, ne peuvent manquer de s’en souvenir : Emmanuel Chaunu a une personnalité bien trempée et c’est une vraie nature ! Il a le sens du contact et n’hésite pas jamais à « dégainer » son marqueur pour le seul plaisir du dessin et de l’échange. D’un trait agile et énergique, il scrute, improvise et croque avec passion ce que lui inspire une situation ou une simple conversation. Au fil des années, jubilation et efficacité sont devenues les vraies caractéristiques de son style, sa marque de fabrique en quelque sorte. 

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Dessin de Emmanuel Chaunu, « Irlande du Nord : accord de paix à Pâques », Cocorico and co, Mait’Jacques, 1998, p. 76

En 1986, à vingt ans, Emmanuel Chaunu se lance dans une carrière de caricaturiste. Depuis, les ouvrages rassemblant ses dessins de presse se succèdent à un rythme soutenu. Son recueil Mikhail, Nicolae, Elena, Saddam, François et les autres  date de 1990 (3). Avec pertinence, il y aborde les bouleversements liés à la chute du Mur de Berlin et à la fin de la Guerre froide. Par la suite, l’actualité s’est régulièrement chargée de lui fournir d’autres sujets de choix. Chaunu a notamment donné son point de vue sur la crise de la vache folle (4) ou sur les cohabitations successives en France. Il a aussi commenté la coupe du monde de football organisée en 1998 (5).
Publié en janvier 2006, son dernier album de caricatures (Ta mère et moi, on en a jusque là !) met l’accent sur les affres médiatico-politiques liées à la succession tumultueuse Chirac-Sarkozy. Il y montre également les prémices de la campagne présidentielle 2007. Toujours très prolifique, Emmanuel Chaunu a également « sévi », entre 1999 et 2003,  en participant à une série humoristique intitulée  Comment faire rire un Parisien, un Normand et un Vosgien ?
Parallèlement, il travaille depuis quelques années comme illustrateur et participe à l’édition de collections destinées à la jeunesse (6). Toujours en quête de nouvelles expériences professionnelles, il déclare : « Je voulais savoir si mon dessin pouvait s’éloigner de la caricature pour aller vers la poésie (7) ».

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Dessin de Emmanuel Chaunu, « La ruée vers l’Ouest », Mikhail, Nicolae, Elena, Saddam, François et les autres, La Table ronde, 1990, p. 69

En matière de caricature politique, il voit en Jacques Faizant et en Plantu des modèles, des figures incontournables. Fin et attentif, c’est sans doute auprès des ces deux « institutions » du dessin de presse français qu’Emmanuel Chaunu a su trouver la capacité d’être mordant sans jamais se laisser tenter par une agressivité trop facile ou gratuite. Souvent féroce, ce caricaturiste n’en est pas pour autant méchant. Il parvient même à rendre « attachants » les défauts des grands de ce monde qu’il se plaît à fustiger (8).
Au fil du temps, en particulier des échéances électorales propices au renouvellement des dirigeants, son panthéon de personnalités représentées s’est peu à peu étoffé et enrichi. De la gauche à la droite, c’est aujourd’hui l’ensemble de la classe politique qui « en prend pour son grade » dans les dessins de Chaunu. A chaque fois, poésie et sensibilité voisinent avec une observation minutieuse du microcosme politique. 

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Dessin de Emmanuel Chaunu, « Les larmes d’Helmut », Une époque vachement folle, Mait’Jaqcues, p. 45


Dépouillés et publiés sans légende, certains dessins s’appuient sur des symboles forts. Percutante, la charge visuelle se suffit alors à elle-même.

Mais ailleurs, les jeux de mots et l’humour verbal apparaissent en prise directe avec l’actualité. Dans les faits, les références d’Emmanuel Chaunu sont des plus diverses : de l’histoire avec un grand H aux simples citations, le dessinateur fait feu de tout bois. Il sait parfaitement retranscrire et mettre en images les petits mots qui agitent régulièrement le Landerneau politico-médiatique. Quant à la bande dessinée et à la télévision, ces dernières occupent une autre place de choix dans son travail.

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Photo Y. Tesnière

En outre, ce caricaturiste préfère à l’intellectualisation et aux mises en scènes savamment orchestrées la spontanéité et la fulgurance des associations d’idées. Interrogé sur le processus de création à l’origine de ses dessins, Emmanuel Chaunu n’hésite pas en effet à parler de « flashs » ou d’images qui fusent et surviennent - par exemple - en écoutant les informations à la radio (9). Instinctive, la composition de ses caricatures engendre ainsi des mises en scène surprenantes et ludiques.     

Espérons que ces quelques lignes puissent donner un bref aperçu de l’étendue du talent d’Emmanuel Chaunu, un talent qu’il nous faudra continuer de suivre dans les années à venir.

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Notes :
 1/ Voir son blog sur Internet réactualisé de façon hebdomadaire avec La Semaine de Chaunu.
2/ CAEN MAGAZINE, n° 79, p. 24-25 (2006)
3/  Mikhail, Nicolae, Elena, Saddam, François et les autres,  La Table ronde, Paris, 1990.
4/ Une époque vachement folle, éditions Maît’Jacques, Caen, 1996
5/ Cocorico and co,, éditions Maît’Jacques, Caen, 1998.
6/ Voir Raconte-moi la Seconde Guerre mondiale, la Déportation, éditions du Mémorial de Caen ou la série 50  surprises publiée chez Gründ.
7/ CAEN MAGAZINE, n° 79, p. 24-25 (2006)
8/ CAEN MAGAZINE, n° 79, p. 24-25 (2006)
9/ Entretien enregistré du 30.09.1993 mené par l’auteur de cet article.

Tag(s) : #Dessinateurs Caricaturistes
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