Documents tirés de la collection de Pierre BROULAND (Maître de conférence, Faculté des relations internationales, Université d’Economie de Prague).
Fig. 1 : Leur façon de faire la guerre. Editions patriotiques de Paris. Carte postale illustrée signée G. Scott. Publié le 28 août 1914 dans L’Illustration, le dessin de Scott fut aussitôt reproduit en carte postale et en lithographie et connut une très large diffusion.
Fig. 2 : Leurs faits d’armes ! Editions MIRL de Lyon. Carte postale illustrée signée Jehane. En arrière plan, on remarque la cathédrale de Reims en flammes. Comme on peut le constater, aussi bien la légende que la composition de la carte s’inspirent directement du dessin de G. Scott.
Fig. 3 : Kultur allemande. Sans nom d’éditeur et d’auteur. Un exemple de carte postale obscène publiée au début de la guerre. Ce type de cartes était bien sûr vendu sous le manteau. Un collectionneur allemand a publié au lendemain de la guerre un recueil de cartes postales pornographiques antiallemandes éditées en France, qui compte plus de 150 pièces, ce qui donne une idée de l’ampleur de ce genre de production.
Fig. 4 : Le chien ambulancier. Carte postale éditée à Paris. Signature de l’auteur illisible (Lesbonit ?). Ce genre de cartes, très courant au début de la guerre, fut interdit par la censure à partir de 1915.
Fig. 5 : Stillstanden ! Ihr Banditen. [Tenez-vous au calme, bandits !]. Editions PFB. Carte postale illustrée signée H. Zahl. Un officier allemand passe en revue les ennemis du Reich.
Fig. 6 : Nur nicht drängeln, es kommt jeder dran ! [Ne vous poussez pas, à chacun son tour !] Editions FJH de Munich. Carte postale illustrée anonyme. Les nations en conflit avec l’Allemagne et l’Autriche tendent leur déclaration de guerre à deux soldats hilares qui les jettent dans une corbeille à papier. La carte postale donne une version biaisée des faits car, en réalité, c’est l’Allemagne qui déclara la guerre à la France et à la Russie.
Fig. 7 : En famille. Sans nom d’éditeur. Carte postale illustrée signée A. de Raniéri. Une carte scatologique parmi beaucoup d’autres. Outre le fait que la scatologie correspondait à l’humour de l’époque, comme le montre le succès du « pétomane », elle renvoie aussi à une tradition ancienne qui remonte à l’époque révolutionnaire, et qui vise à dégrader l’adversaire. Vers 1900, les plus grands caricaturistes de l’époque, comme Caran d’Ache, n’hésitaient pas à y recourir.
Fig. 8 : Un rêve. Sans nom d’éditeur. Carte postale illustrée anonyme. Guillaume II efface la carte de l’Europe pour écrire à la place le mot Germania.
Fig. 9 : Malheur, malheur, on veut changer l’idéal du peuple allemand ! Mon idéal à moi, c’est le rôti de porc et les pommes de terre. Carte postale tirée de la série « Peints par eux-mêmes » éditée en 1916 par l’éditeur P. J. Gallais, et reprenant une caricature publiée en 1910 dans le Simplicissimus. Le choix (et l’adaptation) des caricatures fut fait par Abel Faivre.
Fig. 10 : Le produit de la science allemande. Editions P. J. Gallais. Carte postale illustré signée H. Zislin. Le produit de la science allemande n’est en définitive qu’une brute sanguinaire (dessin publié dans l'hebdomadaire La Baïonnette du 2/3/1916).
Fig. 11 : Faces boches. Sans nom d’éditeur. Carte postale illustrée signée Ch-léo.
Fig. 12 : L’Allemagne « victorieuse » – Pas de viande aujourd’hui, mais lisez le communiqué, il est excellent. Editions P.J. Gallais. Carte postale illustrée signée A. Faivre.
Fig. 13 : L’agence Wolff : Ecrivez… Sommes devant Bordeaux … Bons vins. Editions ALD. Carte postale illustrée anonyme.
Fig. 14 : L’impérial menteur. Editions patriotiques de Paris. Carte postale illustrée signée Paco. Guillaume II figuré comme un camelot est présenté comme le véritable inspirateur de l’agence Wolff.
Fig. 15 : Quelques spécimens de leur race. Et leur maître prétend être artiste ! Editions P.J. Gallais. Carte postale illustrée signée Huguet-Numa.
Fig. 16 : Le fléau de Dieu. Editions P. J. Gallais. Carte postale illustrée signée H. Zislin.
Fig. 17 : La bête féroce sent venir la faim. Editions UNCE Paris. Carte postale illustrée signée Wada (?).
Fig. 18 : Marche triomphale sur Paris. Editions AR Paris. Carte postale illustrée anonyme. Exemple d’animalisation de l’ennemi.
Fig. 19 : Leur façon de se battre – Cinq contre un, ils sont braves ! – A force égale… ils se rendent ! Kamarate ! Parton ! Sans nom d’éditeur et d’auteur.
Fig. 20 : Le carabinier belge : -Je ne prends plus mon fusil. Je m’en vais avec une tartine lorsque les Allemands la voient, ils me suivent. Editions E. Le Delex. Carte postale illustrée signée F. Régamey.
Fig. 21 : Un souffle irrésistible entraîne nos soldats (Le Vateferfout Zeitung de Cologne, 2 août 1914). Editeur Imprimerie provençale de Marseille. Carte postale illustrée de Mass’Beuf.
Fig. 22 : Laissons-la d'abord donner à boire, nous la tuerons après. Editions Ternois. Carte postale illustrée signée F. Poulbot.
Fig. 23 : La brute. Editions UNCE. Carte postale illustrée anonyme.
Fig. 24 : Leurs caboches - Officier d’état-major (allemand). Editions Paris Color. Carte postale illustrée signée E. Dupuis. L'image de l'officier d'état-major prussien, plein de morgue, le monocle vissé à l’œil, avait été fixée en France une fois pour toute lors de la guerre de 1870-1871.
Fig. 25 : Têtes de Boches - Monsieur le Lieutenant des chasseurs à cheval de la Garde. Editions P.J. Gallais. Carte postale illustrée signée Hansi.
Fig. 26 : L’armée allemande – Le général. Editions P. J. Gallais. Carte postale illustrée signée H. Zislin. Le général, sous son air de grand-père affable, ne rêve que de meurtres et d’exécutions.
Fig. 27 : L’apache et le maire –La bourse ou la fie. Editeur Imprimerie provençale de Marseille. Carte postale illustrée de Mass’Beuf.
Fig. 28 : Sur les hauteurs de Reims : Le soldat : Où faut-il tirer, herr Lieutenant ? La brute : Tu ne vois donc pas la cathédrale, imbécile ? Editions A. Tantot. Carte postale illustrée signée Th. Perrier (?).
Fig. 29 : Les petits Français – Et les mômes boches, ils embrassent leur père ?? Editions Paris Color.Carte postale illustrée signée F. Poulbot.
Fig. 30 : Laissez-venir à moi les petits enfants. Sans nom d’éditeur. Carte postale illustrée signée P. Châtillon.
Fig. 31 : La cathédrale en flammes. Editions SE Lyon. Carte postale illustrée signée J. Grulier.
Fig. 32 : C’est plus lourd qu’une pendule, mettons-y le feu. Edition JMT. Signature illisible.
Fig. 33 : Les petits Français – Maman, maman, pourquoi ? Editions Paris Color. Carte postale illustrée signée F. Poulbot.
Fig. 34 : La Grande Allemagne – Miss Edith Cavell. Editions P.J. Gallais. Carte postale illustrée signée A. Faivre.
Fig. 35 : L’envoyé de Dieu. Sans nom d’éditeur. Carte postale illustrée signée P. Châtillon.
Fig. 36 : L’armée allemande – Le Génie du Mal. Editions P. J. Gallais. Carte postale illustrée signée H. Zislin.
Fig. 37 : Kaiser – Bonnot. Editions CB. Carte postale illustrée signée H.-G. Ibels. Cette carte célèbre assimile le Kaiser au fameux anarchiste Jules Bonnot, abattu par la police en 1912 au cours d’une opération conduite par le préfet Lépine en personne, après avoir commis de nombreux meurtres et attaques à main armée. Ibels présente ainsi Guillaume II comme un individu sans foi ni loi, ne cherchant qu'à plonger le monde dans le chaos.
Fig. 38 : Troisième grande victoire allemande. Editions La litho parisienne. Carte postale illustrée signée E. Muller. Un Guillaume II dément, s’acharne à coups de marteau sur une statue symbolisant la cathédrale de Reims, tandis qu’un employé de l’asile de fous de Berlin ("Charenton de Berlin") lui tend un pot de chambre rempli de haricots de Soisson.
Fig. 38b : "Veux-tu rester tranquille, charogne !" Carte postale française signée Martini, 1914. Un soldat français tient enchaîné un Guillaume II dément dont le corps est couvert d'une sorte de lèpre et auquel un employé de l'asile de fous administre une douche froide. Sur la fesse de l'empereur le chiffre 606 est tatoué. Il s'agit probablement d'une confusion avec le chiffre 666, qui d'après l'Apocalypse est celui de l'Antéchrist. On notera le caractère particulièrement injurieux de cette carte postale.
Fig. 39 : Ein mißglückte Überfall. [Une attaque malheureuse]. Editions E. Spillner. Carte postale illustrée signée K. Berbig. Cette carte conçue comme une petite bande dessinée illustre le thème d'une Allemagne pacifique attaquée injustement par les Alliés. Dans la première case, alors que Michel, couché le long d'un champ de blé symbolisant la prospérité du Reich, est plongé dans l'étude d'un livre, John Bull dit à ses sbires "Venez, il dort". Dans la deuxième case, John Bull ordonne à ses hommes de main de passer à l'attaque. Dans la troisième case, Michel met en déroute ses ennemis en disant : "Vous n'aviez sans doute pas pensé que cela tournerait de la sorte ? !" On découvre alors que le livre étudié par Michel est une carte de l'Europe, annonce de futurs changements territoriaux.
Fig. 40 : Nur nicht drängeln, es kommt jeder dran ! [Ne vous poussez pas, à chacun son tour ! A chaque coup de feu un Russe ! – A chaque coup un Français ! – C’est au tour de l’Engliche maintenant. – Au Japon, aucun coq ne chante. – Ce n’est pas vous, en Belgique, qui pouvez nous déranger – Même les poules se rient des Monténégrins. – En Serbie aussi on doit mourir ! ] Carte postale illustrée sans nom d’éditeur ni d’auteur.
Fig. 41 : Beim Dreschen. [Pendant le battage du blé. Les gars, ne restez pas comme ça à ne rien faire ! Venez nous donner un coup de main !] Editions des Lustige Blätter. Carte postale illustrée signée M. C. Cette caricature fut d’abord publiée le 4 août 1914, dans le journal socialiste « Der Wahre Jacob ». Elle fait référence à une phrase prononcée par Guillaume II lors du déclenchement des hostilités "Et maintenant, nous allons les rosser !". Devant le roi d’Italie et le tsar de Bulgarie, un soldat autrichien et un soldat allemand battent à coup de fléau des Russes, des Français et des Anglais. Le verbe « dreschen » signifie à la fois « rosser » et « battre le blé ».
Fig. 42 : Wie die Triple Entente sich ihren Einzug in Berlin dachte … und wie er sich aber in Wirklichkeit machte. [Comment la Triple Entente imaginait son entrée à Berlin … et comment elle l‘a faite dans la réalité.] Editions W. Schröder de Berlin. Carte postale illustrée signée Ad. Hoffmann.
Fig. 43 : Na Vetter ! Gib her deinen Wisch ! [Eh, pépère, passe-moi ton bout de papier !] Carte illustrée sans non d’auteur ni d’éditeur. Michel prend l’ultimatum que lui tend John Bull pour s’en torcher.
Fig. 44 : Made in Germany 1914. Editions Ebner de Munich. Cartes postale illustrée signée Baumgartner.
Fig. 45 : Er kam … Er sah … Er log … Er flog. [Il est venu … Il a vu … Il a menti … Il a fui.] Editions WSSB. Carte postale illustrée signée WS.
Fig. 46 : Familie John Bull. [La famille de John Bull]. Carte postale éditée par la poste aux armées d’après une caricature K. Arnold, parue dans le Liller Zeitung (Le journal de Lille, principal journal de tranchée allemand). Cette carte présente le Royaume-Uni comme le véritable leader de la coalition. On notera que Marianne, visiblement épuisée, est figurée comme la mère adoptive de petits africains. L’emploi de troupes coloniales par la France et le Royaume-Uni dans un conflit européen fut considéré comme scandaleux par l’Allemagne.
Fig. 47 : A Berlin ! A Berlin ! Sans éditeur ni nom d’auteur. On notera la veste d'uniforme rapiécée, l'absence de pantalon, la pantoufle et la bottine de femme.Cette carte veut symboliser à la fois le côté chauvin des Français et leur absence de discipline militaire.
Fig. 48 : Das Loch in der Hose. [Le trou dans le pantalon] Editions Meggendorf-Blätter de Munich. Carte postale illustrée signée E. H. Nunes. Marianne recoud le trou fait dans le pantalon d’un soldat par la défaite de 1870. Au mur, on remarquera le portrait de Napoléon III.
Fig. 49 : Na Junge mit solchen Stiefeln kommste nicht nach Berlin ! [Eh bien, mon gars avec des godillots comme ça, t’iras jamais jusqu’à Berlin] Sans éditeur, ni nom d’auteur.
Fig. 50 : Die kranke Marianne [Marianne est malade] Carte postale éditée par la poste aux armées d’après une caricature K. Arnold, parue dans le Liller Zeitung. « Vous souffrez d'une maladie anglaise, Madame ; je vous ai prescrit de la poudre allemande. Cela devrait vous aider! » (Au chevet de Marianne, on reconnaît le président Poincaré en larmes).
Fig. 51 : Gefangene Senegalschützen – Frankreichs “Größe”. [Prisonnier sénégalais, défenseur de la „Grandeur“ de la France] Sans éditeur (photographie).
Fig. 52 : Die Einnahme von Wutki durch die Russen.[La prise de vodka par les Russes] Carte postale illustrée anonyme.
Fig 53 : Russische Kultur. [Civilisation russe] Carte postale illustrée anonyme de 1915. Un soldat allemand logé dans une isba crasseuse doit s’épouiller. Ce thème a été repris très souvent.
Fig 54 : Petrograd über franz. Kongo : Unsere Truppen bestreichen mit Bravour das feindlische Gelände. [De Petrograd par le Kongo français : Nos troupes balaient avec bravoure le sol ennemi]. On notera les bouteilles de vodka qui sortent des poches des soldats russes.
Fig. 55 : Jeder Schuss ein Russ. [A chaque coup de feu, un Russe] Carte postale anonyme. Un soldat russe effaré fuit devant un soldat allemand qui ajuste son tir.
Fig. 56 : Die Krüppel-Entente, So muß es kommen. [L’Entente croulante, cela doit arriver] Carte allemande de 1914 (dessin de Walter Trier (1890-1951), « Voila ce qui va arriver :"l'entente des invalides" », publié dans Lüstige Blätter n° 34, XXIXe année).
Fig. 57 : Die neue G. m. b. H. Gehst de mit, bist de hin. [La nouvelle Gmbh. (Sarl) : Tu vas dedans, tu es foutu !] Carte allemande anonyme de 1914. On notera l’inscription « Judas » sur la casquette du tsar Nicolas II.
Fig. 58. : Der Landesvater : Frankreichs Ober-advokat Poincaré steigt zu Pferde, um seine Völker anzurüfen. [Le Père de la Patrie : l’avocat français de première classe Poincaré monte à cheval pour conduire ses peuples] Caricature autrichienne anonyme de 1914. Pour une large part de l’opinion allemande et autrichienne, la France en adoptant le régime républicain était entrée sur la voie de la dégénérescence. Les milieux militaires allemands pensaient en particulier qu’un régime conduit par des civils était incapable de faire la guerre de façon efficace. Cette carte illustre parfaitement ce préjugé.
Fig. 59 : Poincaré et Cie. : Meine Niederlage befindet sich bis auf weiteres in Bordeaux. [Poincaré et Cie : Mes défaites se trouvent jusqu’à Bordeaux] Carte allemande de 1914, signée Lehmann. Cette carte fait allusion au transfert du siège du gouvernement à Bordeaux, le 2 septembre 1914.
Fig. 60 : Serbien muss sterbien. [La Serbie doit mourir] Carte autrichienne anonyme de 1914. Un poing gigantesque écrase Pierre Ier de Serbie.
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Notices sur les principaux dessinateurs
ayant produit des cartes postales satiriques pendant la guerre :
Karel ARNOLD :
(1883-1953). Illustrateur et caricaturiste allemand. Après avoir travaillé entre autres pour Jugend , il devint à partir de 1912 un collaborateur permanent de Simplicissimus. Mobilisé en 1914, il réalisa de nombreux dessins pour des journaux de tranchées – en particulier le Liller Kriegszeitung – dont certains furent publiés sous forme de cartes postales par la Poste aux armées allemande. Il acquit une certaine notoriété sous la République de Weimar avec ses dessins dénonçant la misère à Berlin et ses caricatures contre Hitler.
Eugen von BAUMGARTEN :
(1867-1919). Peintre, affichiste et illustrateur allemand. Il passa toute sa vie à Munich. Il fut un collaborateur régulier de Jugend et du Bayrische Kladderadatsch . Durant la guerre, il réalisa plusieurs séries de cartes postales, publiées sous son nom ou sous le pseudonyme d’E. Vaube. Il signe parfois aussi ses cartes d’un monogramme représentant un arbre entouré d’une barrière.
Pierre CHÂTILLON :
(1885-1974). Illustrateur suisse. Ses compositions connurent un succès considérable durant la guerre et furent édités dans plusieurs pays. Pierre Châtillon fut condamné en 1915 à une peine de prison par un tribunal militaire fédéral pour la publication d’une caricature représentant Guillaume II en boucher, le tablier maculé de sang (l’Envoyé de Dieu), alors qu’il était mobilisé dans l’armée suisse. Après la guerre, il poursuivit à Genève une carrière de dessinateur de presse, tout en peignant des paysages.
Emile DUPUIS :
(1866-1942). Illustrateur français. Originaire d’Orléans, il fut surtout connu comme affichiste. Il publia durant la guerre cinq séries de cartes postales qui connurent un grand succès : Leurs caboches, Nos poilus, Nos alliés, Les neutres, Les femmes héroïques.
Abel FAIVRE :
(1867-1945). Illustrateur et affichiste français. Elève de Renoir, il commença par suivre une carrière de peintre traditionnel, exposant à plusieurs reprises au Salon. Il découvrit cependant vite que son véritable talent était la caricature. Il publia dans de nombreux journaux : Le Rire, L’Assiette au beurre, La Baïonnette, L’Echo de Paris, etc. Il fut aussi l’auteur de plusieurs affiches pour appeler à souscrire aux emprunts de la Défense nationale. Ses dessins de guerre furent publiés en recueil en 1921 sous le titre de « Jours de guerre ».
HANSI (Jean-Jacques WALTZ) :
(1873-1951). Illustrateur alsacien. Hansi (de son vrai nom Jean-Jacques Waltz) avait déjà acquis dans les années qui précédèrent immédiatement la guerre une grande renommée en France avec la publication de « L’histoire d’Alsace racontée aux petits enfants de France et d’Alsace par l’Oncle Hansi » en 1912 et surtout celle de « Mon village » en 1913. La publication de ce dernier ouvrage lui valut le 9 juillet 1914 d’être condamné à un an de prison par la Haute cour de Leipzig. Hansi passa en France avant d’effectuer sa peine et s’engagea dans l’armée lors du déclenchement de la guerre. Il fut rapidement affecté à la rédaction de tracts destinés à saper le moral des combattants allemands. Il publia plusieurs séries de cartes postales contre l’Allemagne, en particulier « Têtes de Boches » en 1916. Il réalisa aussi plusieurs affiches pour les emprunts de la Défense nationale ainsi que des cartes pour la franchise militaire.
Henri-Gabriel IBELS :
(1867-1936). Illustrateur français. Lié au groupe des Nabis, il mena simultanément une carrière de peintre traditionnel et de caricaturiste. A partir de 1890, il collabora à de nombreux journaux. Il créa en particulier « Le Sifflet » pour défendre le capitaine Dreyfus et répondre à l’hebdomadaire antidreyfusard Pst ! animé par Forain et Caran d’Ache. En 1914, il collaborait à la feuille de Gustave Hervé, La Guerre sociale connut pour son antimilitarisme exacerbé. Durant la guerre, il se rallia à l’Union sacrée et publia de nombreuses caricatures contre Guillaume II, dont certaines furent publiées en cartes postales.
MASS’BEUF :
Illustrateur marseillais. Durant la guerre, il publia deux séries de cartes postales contre les Allemands, ainsi qu’une série humoristique, « Les zeppelins sur Marseille ». Il illustra dans les années 1920 certains ouvrages de Marcel Pagnol. Il fut aussi l’auteur en 1900 d’un recueil de caricatures des personnalités de Marseille, « De viris illustribus Massiliae ».
Francisque POULBOT :
(1879-1946). Illustrateur français. Il créa vers 1900 le personnage du gamin montmartrois qui fit sa renommée. Mobilisé en 1914, il fut réformé en 1915 pour raison de santé. De retour à Paris, il travailla au Journal, dans lequel il présenta de manière hebdomadaire un dessin légendé pour les enfants. Sa production apparaît donc immense. Alors qu'avant guerre, il fréquentait plutôt les milieux anarchisants ou socialistes (il collabora en particulier à L'Humanité), il mit tout son talent au service de l'effort de guerre. Il publia durant la guerre plusieurs séries de cartes patriotiques pour l’éditeur Ternois qui connurent un succès considérable et furent aussi éditées en Italie, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Il réalisa aussi des affiches pour les emprunts de la Défense nationale ainsi que pour la « Journée du poilu ». Ses dessins de guerre furent publiés dans deux recueils « Des Gosses et des Bonshommes » et « Encore des Gosses et des Bonshommes ». Il illustra aussi deux albums consacrés à la guerre : « Le massacre des innocents » et « Les Gosses dans les ruines ».
Frédéric REGAMEY :
(1849-1925). Illustrateur français. Parisien d’origine, il vécut longtemps en Alsace, y compris du temps du Reichland. Il acquit une certaine notoriété comme illustrateur, se spécialisant en particulier dans les planches d’uniformes et les scènes de sport. Durant la guerre, Il publia de nombreuses planches de caricatures hostiles à l’Allemagne, en particulier, « L’Allemagne à cheval » et « L’Allemagne qu’on nous cache ». Il rédigea aussi un ouvrage sur la caricature allemande pendant la guerre.
Willi SCHEUERMANN :
(1885-1959). Originaire de Würzburg, il étudia à l’Ecole des Arts décoratifs de Munich. Il s’établit à Berlin au début des années 1910, où il fonda sa propre maison d’édition de cartes postales (WSSB). Tout au long de sa carrière, il créa d’innombrables modèles de cartes postales.
Georges SCOTT :
(1873-1943). Graveur et illustrateur français, il travailla à partir de 1910 pour L’Illustration. Durant la guerre, il publia d’innombrables planches pour ce journal qui contribuèrent largement à fixer l’image du conflit dans les mentalités collectives. Scott se voulait à la fois reporter et artiste. Il chercha à donner une image vraie de la guerre. Nombre des ses compositions furent publiées en cartes postales.
Henri ZISLIN :
(1875-1958). Illustrateur et caricaturiste alsacien. Originaire de Mulhouse, il lutta comme Hansi contre la germanisation de l’Alsace et fonda en 1903, l’hebdomadaire satirique Dur’s Elsass, ce qui lui valut d’être poursuivi à plusieurs reprises par la justice allemande. Il passa la frontière à la veille de l’éclatement de la guerre et s’engagea dans l’armée française. Il publia de nombreuses caricatures dans la presse française, en particulier dans Le Rire. Plusieurs de ses compositions furent éditées en cartes postales. Il publia aussi pour l’éditeur Gallais une série de 10 cartes : « L’armée allemande ». Ses dessins de guerre furent publiés en deux recueils : « L’Album Zislin » en 1916 et « Dessins de guerre, Paris 1917-1918 » en 1919.