Lu sur le site : Horizons Médiatiques – Edition Europe

 

“There is more than one truth”, telle est la devise de The CartoonMovement, un site internet contributif qui recueille les dessins de presse en provenance du monde entier. Le site se définit comme une communauté de caricaturistes éditoriaux et d’amateurs de satires politiques issus de tous les continents. L’idée vient d’Europe; Tjeerd Royaards, dessinateur de presse néerlandais a pour projet d’offrir une nouvelle perspective à sa profession, à l’heure où les médias migrent progressivement sur le net. A l’instar de son grand frère The VideoJournalismMovement (VJ Movement)  avec qui il partage son slogan, the CartoonMovement défend la liberté de la presse et d’expression. Quand l’un s’attache à la promotion du vidéo journalisme, l’autre offre une tribune au dessin de presse et aux caricatures politiques.

De la politique à l’économie en passant par les phénomènes qui caractérisent notre societé, tous les sujets sont traités dans les caricatures   mises en ligne – Richard et Slavomir Svitalsky, République Tchèque

Il est certaines situations où une image vaut mille mots; 2500 après Confucius,”The CartoonMovement” illustre parfaitement l’adage. Le fonctionnement du site est simple et explique certainement son succès. Les illustrateurs envoient leurs caricatures sur la plateforme pour être soumises aux jugements des membres du site, et les dessins les plus populaires sont publiés, à hauteur de 4 dessins par semaine. Le site est ouvert aux caricaturistes du monde entier, amateurs ou professionnels et offre une rémunération aux auteurs des dessins publiés. The CartoonMovement joue aussi les intermédiaires entre les dessinateurs et les médias papier ou en ligne, permettant aux journaux d’entrer en contact directement avec les artistes et d’acheter leurs illustrations.

Créé à l’initiative de Tjeerd Royaards en 2010, le site affiche des chiffres plus qu’honorable puisqu’en 2 ans il a réuni plus de 100 dessinateurs issus de plus de 60 pays et a déjà reçu 11 récompenses, incluant le World Press Award et l’UN Political Cartoon Awards. Le milieu de la caricature de presse n’est pas inconnu à Tjeerd Royaards puisqu’après avoir décroché un master de sciences politiques, l’homme originaire des Pays Bas et aujourd’hui installé à Amsterdam a travaillé comme caricaturiste pendant 7 ans. Son travail a été publié dans de nombreux journaux, aux Pays Bas et en Allemagne. D’après lui, l’avenir du dessin de presse se trouve en ligne ; en créant cette plateforme, sa volonté était de trouver un nouveau système de revenu pour être sûr que le dessin de presse soit financièrement viable à l’air digitale tout en soutenant un environnement de promotion mutuel.

Une interface claire et ergonomique, des dessins de qualité sur les sujets qui font l’actualité et la possibilité pour les dessinateurs de presse d’accéder à une visibilité internationale: The CartoonMovement préfigure t’il l’avenir pour ceux qui revisitent l’actualité avec leur crayon? Dans le cadre de cet article, Tjeerd Royaards a accepté de répondre à quelques questions à propos de l’avenir du dessin de presse, en Europe et dans le monde.

  • Le métier de caricaturiste a t’il évolué aujourd’hui par rapport à il y a 5 ou 10 ans ?

“Le métier de caricaturiste est devenu plus difficile à exercer. Les journaux ont vu leur lectorat et l’apport de la publicité décliner, donc ils ont du restreindre leur budget. Malheureusement, les caricaturistes semblent toujours être les premiers à souffrir de ces restrictions. En d’autres termes, les journaux n’engagent plus de caricaturistes à temps plein et préfèrent acheter leurs dessins de presse moins chers à des syndicats internationaux. D’un autre côté, le web offre de nouvelles opportunités pour les caricaturistes, même s’il reste difficile d’obtenir un prix décent pour la publication d’un dessin en ligne. Cela est principalement dû au fait que la publicité en ligne paie une partie de ce que les annonceurs paient en version imprimée, du coup les sites web ont beaucoup moins d’argent pour payer leurs collaborateurs, qu’ils soient dessinateurs ou journalistes réguliers.

  • Quelle proportion d’européens collabore à The CartoonMovement ?

Les européens représentent plus d’un tiers de nos collaborateurs. Le sud de l’Europe est le mieux représenté avec des dessinateurs italiens, grecs et espagnols. Je ne saurai expliquer pourquoi, même si l’effet boule-de-neige doit avoir sa part de responsabilité : un dessinateur parle du site à ses collègues, qui en parlent à leurs collègues…C’est aussi peut être lié à l’actualité économique de ces pays, plus alarmante et qui provoque donc plus de réactions…

  • Combien de dessins recevez vous chaque jour sur CartoonMovement ?

Cela dépend de l’actualité. Lorsque de gros événements se produisent, comme en ce moment en Syrie ou en 2011 avec la mort d’Oussama Ben Laden ou la chute de Mubarak, nous recevons entre 20 et 40 dessins par jour. En temps normal cependant, nous en recevons entre 10 et 20 par jour, parmi lesquels nous choisissons celui qui sera publié sur notre page d’accueil.

  • Y a t’il des sujets « interdits » ou délicats sur lesquels vous êtes vigilant?

Notre ligne directrice est «  Il n’y a pas qu’une vérité », et nous sommes très attachés à la liberté d’expression et la liberté de la presse. De ce fait les caricaturistes sont absolument libres de dessiner à propos du sujet de leur choix.

  • D’après vous, où se situe l’avenir de la caricature de presse ?

C’est assez difficile à dire. Je pense qu’on observera un important repli vers les médias en ligne, en particulier avec les tablettes qui tendent à s’imposer comme la nouvelle norme. Est ce que cela va entrainer une évolution vers les caricatures animées ou incluant des éléments interactifs ? Je pense, et j’espère que la presse papier va continuer d’exister, mais ce sera probablement à une échelle différente, et les médias online deviendront sûrement la forme dominante.”


(merci à Tjeerd Royaards pour sa contribution.)

Tag(s) : #Web
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :