Affiche dessinée par Charb publiée dans Charlie Hebdo du 4 janvier 2012.
Dans la pure tradition scatologique de la caricature depuis le XVIe siècle, Charlie s'en prend à Marine Le Pen, candidate à la prochaine présidentielle. L'affiche qui lui est
dédiée représente un étron fumant en gros plan sur un fond tricolore. Depuis Luther et Lucas Cranach (voir ci-dessous), on conchie son adversaire, on se torche avec ses symboles ou des documents
qui le représentent, ou encore on l'associe à de la merde à moins qu'on ne le présente en train de déféquer lui-même, pour mieux le dénigrer, le salir, le souiller. A la fin du XIXe siècle, le
pot de chambre devient même omniprésent dans la caricature. De l’extrême gauche anticléricale à l’extrême droite antisémite, toutes les sensibilités satiriques utilisent le procédé, même si la
droite se montre en général plus pudique dans la mise en scène des excréments...
A propos de la réaction de Marine Le Pen, nous lisons sur le blog de Charlie Hebdo la déclaration suivante :
Charlie Hebdo a pris connaissance de la lettre de M. Bilde, directeur de la communication de Mme Le Pen, suite à la diffusion dans l’émission de Laurent Ruquier du supplément “affiches
électorales” de Charlie Hebdo, notamment de l’affiche “représentant” Marine Le Pen.
Nous souhaitons apporter notre soutien amical à Laurent Ruquier, dont l’émission est une des rares à présenter régulièrement des dessins de presse, de Charlie Hebdo et d’autres journaux. Un
soutien nécessaire dans la période troublée que traverse le droit à la satire, dont Charlie Hebdo a récemment été le flambant révélateur.
Que Madame Le Pen ne partage ni les idées ni l’humour de Charlie Hebdo, qu’elle les trouve “vulgaires”, “nauséabonds” et “orduriers” et qu’elle le fasse savoir, c’est son droit. Nous
souhaitons l’assurer que c’est tout-à-fait réciproque.