Cabu, Cardon, Delambre, Kerleroux, Pancho, Wozniak , Sarkozy, tu nous manques déjà !, JC Lattès, 15 euros.
Sous ce titre ironique et un brin provocateur, JC Lattès publie un recueil « fin de règne » en « hommage appuyé à notre Génial Président ». Cabu, Cardon, Delambre, Kerleroux, Pancho, Wozniak, la crème des dessinateurs du Canard enchaîné, s’en donnent à cœur joie, avec des dessins en général inédits et pour la plupart en couleur.
Objet d’une forte détestation, Sarkozy aura suscité tout au long de son « règne », pléthore de publications. Quelques semaines avant le scrutin électoral, le président continue d’inspirer les caricaturistes, contrairement à son rival de gauche, sans épaisseur et sans bilan à attaquer. Entre le candidat « normal » et le président qui se réclame dorénavant « du peuple » après avoir si bien servi les riches, les dessinateurs aujourd’hui majoritairement hostiles à la droite, trouvent chez l’hôte de l’Elysée pléthore à rire.
Un recueil de plus sur le quinquennat de Sarkozy dira-t-on ? Pas tout à fait. Pour deux raisons essentielles. Les dessins sélectionnés, en général inédits, relèvent d’un ton nettement plus trivial et agressif que ceux publiés habituellement dans le Canard. Le lecteur découvre une autre facette de ses artistes favoris, dans ce que l’on peut qualifier de recueil de dessins « refusés », car pas tout à fait conformes à l’esprit du journal. Ici, les dessinateurs taillent plus encore la mine de leur crayon contre ce mégalomane ridicule, et se complaisent pour certains (Cabu notamment), à étriller le chef de l’Etat au travers de métaphores sexuelles dans lesquelles DSK se sentirait sans doute tout à fait à l’aise !
Enfin, l’ouvrage est truffé de charges étonnantes, co-signées par Cabu et Wozniak. Un jeu à « quatre mains » (très belle mise en couleur de Wozniak) qui se répète depuis vingt ans lors du bouclage du Canard, où les deux artistes se retrouvent chaque semaine. Assemblage de deux styles très différents, dans une quête d’un humour en binôme plutôt rare dans l’univers plutôt « individualiste » du dessin de presse.
GD, mars 2012