La réédition de dessins de Copi ne peut laisser indifférent. Dans le milieu des années 1960, Copi est révélé par ses planches publiées par le Nouvel Observateur. Dans la foulée, il alimente divers journaux dont les fameux Charlie mensuel, Hara-Kiri et… Gai pied. Homosexuel « militant », mort du sida en 1987, Copi est aussi et peut-être surtout l’auteur de romans et de pièces de théâtre encore jouées aujourd’hui. Sa silhouette enfin, a marqué la publicité (le fameux « Perrier, c’est fou).
Les éditions Olivius se lancent donc dans la réédition de dessins de Copi et Delfeil de Ton, qui signe la préface, annonce déjà la préparation d’un second volume. Le présent opus réuni des œuvres publiées à l’origine dans Charlie, Hara-Kiri et Le Nouvel Obs entre 1964 et 1979, la « grande » époque de ce créateur multiforme et atypique, surtout passionné de théâtre. Du point de vue du dessin, l’artiste né en 1939 en Argentine, ne brille pas par une créativité débordante, et s’est réfugié au contraire dans un univers graphique d’une simplicité extrême, qui lui permet de pousser très loin l’absurde et le paradoxe. Copi n’est pas un dessinateur d’actualité, il ne parle pas directement des affres du monde. C’est l’humour qui le fascine, mais un humour existentiel et dépouillé, presque hors du temps. Un humour propre à semer le doute dans nos esprits cartésiens. Chez Copi qui semble largement inspiré de Bosc, deux personnages se font face, mais toujours de profil. Ils ne nous regardent pas, ils ne nous voient pas, ils évoluent dans un monde parallèle, celui du non sens. Copi confronte le plus souvent une mère avec sa fille, avec un canard, avec son mari… Un univers clos et statique, madame restant le plus souvent assise sur sa chaise (le fondement du monde), heurtée par les interrogations des quelques personnages qui dialoguent avec elle. Dialogues surréalistes, décalés, dans des jeux de mondes inversés qui évoquent largement la révolution sexuelle : la fille déstabilise la mère par ses remarques d’adulte et subit en retour plus d’une fois la punition suprême : une claque. Comique des mots (on sent l’homme de théâtre) plus que des postures ou des expressions. Incongruité des situations, Copi s’ingénie à réduire les frontières ontologiques en anéantissant l’espace entre le monde animal et humain, source de comique et de réflexions inépuisables.
Fabuleux Copi !