A lire cette très intéressante contribution sur HG Ibels, dessinateur de presse anarchisant et dreyfusard, co fondateur du Sifflet. Étude de Claire Dupin de Beyssat, dont l'intégralité se trouve sur le site de l’Équipe d'accueil Histoire culturelle et sociale de l'art, Paris 1 Panthéon Sorbonne.
Début de l'article :
"Témoin exemplaire du Paris de la fin du XIX e siècle, Henri-Gabriel Ibels (Paris, 1867- 1936) ne se cantonne pas aux milieux de l'avant-garde artistique, mais fréquente aussi bien Montmartre et ses caricaturistes que des groupes politiques plus ou moins organisés. Il se destine rapidement à une carrière artistique : élève à l’École des Arts Décoratifs jusqu'en 1887, il intègre ensuite l'Académie Jullian. Il y rencontre Paul Sérusier (1864-1927), ainsi que Maurice Denis (1870-1943) et Paul Ranson (1861-1909) et constituent ensemble le cercle confidentiel des nabis. Néanmoins, Ibels prend peu à peu ses distances avec ce groupe souvent décrit comme neutre, pour participer à des entreprises socialement plus engagées. Dès le début de sa carrière , il collabore avec des artistes ouvertement libertaires : il devient l'illustrateur attitré du Théâtre Libre d'André Antoine pendant la saison 1892-1893, et l'affichiste fétiche du chanteur Jules Mévisto dès 1891. A partir de 1893, il devient un collaborateur régulier de quelques revues anarchistes : Le Père Peinard et L'Escarmouche , dont il est l'un des fondateurs. Cet engagement trouve son apogée au cours de l'Affaire Dreyfus. En raison de sa connaissance personnelle de l'officier Ferdinand Estherazy, il prend rapidement position aux côtés d'Alfred Dreyfus et des intellectuels qui s'organisent peu à peu pour sa défense en un « Syndicat ». Il fonde ainsi un hebdomadaire illustré, Le Sifflet , en réponse aux divers journaux et images antidreyfusards. Au cours de cette décennie 1890, l’œuvre et la biographie d'Ibels font donc état d'un intérêt croissant pour les questions sociales et pour leurs réponses politiques. Les milieux qu'il fréquente, les techniques employées, les thématiques représentées, les supports utilisés dressent le portrait d'un artiste à la lisière entre symbolisme nabi et convictions libertaires..."