On pardonnera à Emilie Aubry de beaux contresens, comme le fait de penser que Cartooning for Peace a été créée pour éviter que des dessinateurs soient tués pour leurs dessins et que l’association comprend les « Charb et Cabu » de tous les pays du monde… Charb était aux antipodes des idées prônées par Plantu, notamment sur la question du blasphème...
Présentation de l'émission :
Jean Plantureux, alias Plantu, est l'invité de cette Masterclasse animée par Emilie Aubry. Plantu dessine la une du journal Le Monde depuis déjà quelques décennies. Celui qui arrive à croquer les grands de ce monde et à souligner en un seul dessin ce que plusieurs éditos ne parviennent pas toujours à dire, a créé l'association "Cartooning for Peace" en 2006, réseau international qui défend la liberté d'expression du dessin de presse, surtout celle des dessinateurs venant de pays dans lesquels la liberté d'expression n'est pas garantie.
L'histoire de Plantu avec le dessin commence tôt : il devient un élève médiocre car il dessine trop sur ses heures de travail scolaire, un élève plus à l'aise avec les crayons, qu'avec les cahiers et les stylos. Plantu connaît un parcours compliqué à l'école, jusqu'au jour où il se fait virer après deux années de médecine. Il part alors étudier le dessin à Bruxelles à l'école Saint-Luc, fondée par Hergé. Les débuts sont difficiles, il frappe à la porte d'un certain nombre de rédaction jusqu'au jour où il arrive au Monde, et obtient une pleine page dans l'Express.
Les premiers traits
Je me suis rendu compte que l'école n'était pas faite pour moi. Pour mes premiers pas, mon père m'a donné un crayon, et j'ai eu le sentiment de m'appuyer sur quelque chose. [...] Au bout d'un certain temps, j'ai compris que le dessin, l'art pouvait être une possibilité de m'en sortir. Je me suis lancé dans le dessin et évidemment, ça n'a pas marché du jour au lendemain. C'est pour ça que j'ai créé la fondation Plantu pour mettre ensemble des jeunes que j'appelle des "oubliés de la république" avec des professionnels de la cuisine et du sport. Il faut qu'il y ait des mains tendues.
L'arrivée au Monde
En 1972, Plantu rentre au Journal Le Monde avec un premier dessin sur la Guerre au Vietnam. Un journal que Plantu n'a jamais quitté. En 1985, on lui donne chaque jour une place en une. À partir de ce moment-là, Plantu acquiert une certaine renommée dans le dessin de presse en France.
J'ai commencé dans les journaux étudiants à Bruxelles, ensuite je suis revenu à Paris, et puis j'ai vendu des meubles aux Galeries Lafayette. [...] Je me suis rendu compte que pour entrer dans un journal, il faut savoir vendre ses dessins. Ça m'a beaucoup été utile quand j'avais la pause de 11 heures aux Galeries Lafayette. Je téléphonais, parce que la nuit j'avais déposé un dessin au "Monde" qui était un journal que j'aimais et que j'aime toujours. C'était un dessin de 4 centimètres et demi dans une petite colonne en page 3, et c'était pour moi comme un diplôme. J'étais très fier, mais j'ai travaillé très longtemps dans un couloir. Je travaillais avec des armoires éventrées, dans lesquelles les gens venaient piquer mes dessins.
Dessinateur journaliste
Molière nous a raconté dans Monsieur Jourdain qu'il ne savait s'il faisait de la prose ou des vers. Moi je ne savais pas que je faisais un métier qui s'appelle dessinateur de presse, caricaturiste. Même artiste je n'arrivais pas à l'imaginer. Le dessinateur de Presse a quelque chose du gars qui pète les carreaux de l'école. Le dessinateur de presse est comme le baromètre de la démocratie.