Dès la naissance du dessin de presse, la parodie d'œuvre d'art est invoquée comme support de métaphores politiques. La célèbre sculpture antique de Laocoon, le Radeau de la Méduse ou encore le Serment des Horaces inspirent dès les années 1830-50 les dessinateurs. Ces caricaturistes, pétris de culture classique et gagnés par la mode des salons caricaturaux (milieu du 19e siècle) se focalisent sur les œuvres les plus connues, qui ont pour certaines fait scandale. L’exposition Munch au Musée d’Orsay est pour nous l’occasion d’établir une petite galerie des usages parodiques du célèbre tableau « Le Cri » dans le dessin de presse. Selon notre corpus (établi par l’ami Daniel Dugne), cet usage parodique est relativement récent. Ces parodies de Munch à partir des années 1980 ( ?) traduit sans doute l’accroissement de la notoriété de l’œuvre ces dernières décennies. C’est bien sûr l’effroi qui intéresse les dessinateurs, mais aussi la surdité ou le fait de se protéger des sons, des bruits (les mains sur les oreilles) ou encore des paroles proférées par un tiers. Le personnage principal peut être caractérisé et donc identifié, ou au contraire repris à l’identique tandis que l’environnement (le « décors ») est lui-même modifié et devient alors signifiant.