Le IIIe congrès de la SERD (Société des études romantiques et dix-neuviémistes) a porté sur « La Vie parisienne, une langue, un mythe, un style » et s'est tenu à Paris du 7 au 9 juin 2007. Dans les actes, édités par Aude Déruelle et José-Luis Diaz, on peut lire notamment une étude de Bertrand Tiller intitulée "ANDRÉ GILL, LA CARICATURE ET L’ESPRIT DE PARIS" et consultable en ligne, sous format pdf.
Début de l'article :
« André Gill fut une curieuse figure et une triste victime de Paris. C’est la vie parisienne qui écrasa sa cervelle, comme il le dit plus tard lui-même1. » Ces quelques mots, qui ouvrent la nécrologie que le journaliste Mermeix consacre au plus fameux caricaturiste du Paris des décennies 1860 et 1870 – il vient de disparaître en mai 1885, après quatre années d’internement à l’asile d’aliénés de Charenton –, sont très éclairants, tant ils lient les rapports de Gill avec la vie parisienne, tant ils consacrent aussi la caricature comme un vecteur de l’esprit de Paris. En fait, l’internement de Gill, qui avait stupéfié le Tout-Paris de 1881, et sa mort, ayant ravivé le souvenir de la défaillance mentale de cet esprit brillant, ont suscité nombre d’articles, de chroniques et d’hommages, principalement dans la presse parisienne, dont Gill avait été un animateur frénétique. Cette masse d’écrits2 constitue un observatoire privilégié pour examiner, au filtre de la folie, la réception critique ambivalente de la caricature considérée comme l’expression d’un combat politique et d’un engagement du dessinateur ou, au contraire, confondue avec la vie parisienne et l’esprit de Paris aux qualités festives, ludiques et superficielles – une confusion dont Gill fut en partie la victime, tout autant que le promoteur.