Charles-Marie de Sarcus dit Quillenbois (1821-1867), un Caricaturiste discret
Article à retrouver sur le blog de Bernard Mamy
Second fils du Comte Jean-Baptiste de Sarcus, après des études en Province, Charles-Marie entre à l'Ecole des Beaux-Arts à Paris en 1839. Il est élève de Paul Delaroche qui avait épousé la fille
d'Horace Vernet qui était un ami de longue date du Comte de Sarcus. Ce qui explique le choix du père pour son fils.
L'atelier était établi en rez-de-chaussée avec une entrée principale Rue Mazarine. Plus de cent élèves le fréquentaient à cette époque. Gérome, Edmond Hédouin, Alfred Arago et de Noë dit Cham,
parmi d'autres, faisaient partie du groupe de condisciples de notre jeune baron. La bande était joyeuse, se livrant à de multiples blagues, pas toujours innocentes. Cham était un leader, en la
matière. Certains étudiants ayant dépassé les bornes, Paul Delaroche, décida brutalement de fermer son atelier.
Son ami Cham, ayant rencontré Charles Philipon, le roi de la presse satyrique, celui-ci l'encourage à dessiner quelques albums dans le goût de Topffer, puis dès 1841 le fait participer pleinement
à la rédaction et à l'illustration du Musée Philipon. Charles-Marie, un peu timide ou un peu en retrait ne participe pas à cette oeuvre magistrale. Conjointement l'éditeur Aubert,
beau-frère de Philipon, commence à publier une série de petites plaquettes in-24° intitulées "les Miroirs Comiques. La plupart de ces albums de poche sont dus à Cham mais plusieurs sont
signés Quillenbois, pseudonyme transparent de de Sarcus qui marchait avec des béquilles. Cham n'est pas avare de conseils et d'encouragements, il pousse Charles-Marie à la besogne, lui fait
fréquenter les cercles décisionnaires, en un mot lui met le pied à l'étrier. Mais celui-ci, était-ce son infirmité (?), n'avait pas le dynamisme et l'entregent de son mentor.
Couverture papier jaune |
|
On sait que de Sarcus a fait autour de 1844, un voyage à Rome. De ce séjour il exposa au Salon de 1846 et à celui de 1848 des toiles figurant des scènes de la vie campagnarde.
Mais avant cela, il publie en 1845, chez Aubert ( certaines fiches donnent de Vresse, comme éditeur....) un album grand In-4° de 12 planches couleurs lithographiques : "Le Conservatoire de la
danse moderne". Des caricatures sur les amateurs de Polka et autres ritournelles.
Planche N° 1 |
Toujours en 1845, toujours chez Aubert, une Revue de l'Année en 12 planches couleurs au format oblong 23,7x16,2., la planche de titre comptant pour la N°1. Je vous les répertorie.
Planche 1 : Napoléon chevauchant un crayon.
Planche 2 : Le goût, la grâce et l'élégance de cette année. Une famille avec la domestique.
Planche 3 : La Jeunesse dorée( non argentée) de nos boulevards. Quatre pochards.
Planche 4 ; Feuilletons, romans, drames. Alexandre Dumas plantant des fléchettes dans du papier....
Planche 5 : Les Oje-be-ways au Bal Mabille. Danseurs costumés.
Planche 6 : Couronnement de la Rosière de Nanterre..... la rosière et trois personnages virevoltants.
Planche 7 : Le pas du mouchoir de poche. Sauteuse Mauresque. Danseurs et singes-jockey.
Planche 8 : Les danseuses Viennoises à l'Opéra. Envolée de petits rats.
Planche 9 : L'Opéra Comique faisant fausse route. Joueur de Flûte et critique du Répertoire.
Planche 10 : Le Salon. Meissonier, de dos, condamné à l'exposition publique.
Planche 11: Cultivateur rentrant les pommes de terre malades. Paysan, brouette et clystère...
Planche 12 : Prodiges de l'Industrie, inventions utiles et agréables. Gamins moqueurs....
Planche N°3 |
Planche N°4 |
Planche N°5 |
Planche N° 8 |
Planche N° 7 |
Planche N° 9 |
J'ai dans mes cartons six planches au même format, dans le même esprit, éditées également par Aubert, et dont la date de parution est je pense 1846. Elles ne sont pas numérotées. Inconnues,
jamais référencées. En voici les légendes :
*Les Arabes se civilisant au galop.
*Le Juif errant Sue dix volumes. Marche forcée.
*Ni,ni,c'est fini, dieu Merci! ...du géant Eleicegui. Mr Ancelot et Tom-Pouce sont partis....
*Ex Millionnaires, victimes du lansquenet et des spéculations de bourse.
*Petits journaux de la force d'un seul homme, Journaux à 15 centimes le kilomètre carré.
* Modes de l'an prochain : Chapeau sans bords, habit sans basques. Bouquets de bal au ........
Ni, ni, c'est fini...... |
Le juif errant SUE dix volumes. Marche forcée. |
Petits journaux...... |
Les Arabes se civilisant au galop |
Le 25 Décembre 1845, première parution dans le Charivari, N° 261.
Une Lithographie à six figures en deux lignes dont l'une reprend intégralement la planche 7 décrite ci-dessus : Le pas du mouchoir de poche, Sauteuse mauresque et Les meilleurs écuyers de
l'Hippodrome et l'autre comporte trois figures : Théâtre Français, Tour de Babel et L'Hippodrome.
En 1848 Quillenbois collabore à la Revue Comique. Apparemment, peu de vignettes de lui dans la première partie de l'ouvrage, quelques unes dans la seconde. Sa collaboration figure dans
le titre, mais le réel est difficile à déterminer, aucune planche dans tout l'ouvrage ne portant sa signature.
J'ai une certitude pour la planche "Arlequinades"p.275, six vignettes et je pense dans la deuxième partie que celles des pages 103, 104, 105, voire 107 sont de lui.
Il en de même pour l'illustration de la p.118. Il doit y en avoir d'autres.
Il en de même pour l'illustration de la p.118. Il doit y en avoir d'autres.
Arlequinades p. 275. |
p.118 |
On sait que dans cet ouvrage, Nadar a fourni énormément d'illustrations, dont la fameuse " Bande dessinée" de Monsieur Réac. qui s'étale tout au long du premier volume et finit dans la deuxième partie à la p. 66. A partir de là il fallait trouver une nouvelle série du même genre pour compléter les bas de pages. Il apparait donc à partir de la p. 93 une nouvelle "Bande dessinée" intitulée : Les Aventures divertissantes et non politiques de Maître Lapp et de son apprenti Pipps. Certains éléments de sa facture me font penser que l'on pourrait attribuer cette oeuvre originale à Quillenbois, sans aucune certitude.
Le rythme de parution est le suivant :
* Série de 9 vignettes p. 93-94
* Série de 9 Vignettes p. 108
* Série de 9 vignettes p.124.
* Série de 10 vignettes p. 137
* Série de 9 vignettes p. 165
et pour finir le récit 3 vignettes p.184.
A partir de 1849 Quillenbois fournit des dessins à La Mode, à l'Illustration et devient le dessinateur permanent du journal Le Caricaturiste, Revue Drôlatique du Dimanche qui parût du 3 Juin 1849 au 30 juin 1850, soit en tout 37 numéros, suivant la notice de Hatin, p.508. Le rédacteur de la publication était Balathier de Bragelonne. Je n'ai pas trouvé trace d'un seul exemplaire à la BNF, ni nulle part ailleurs, seule l'Université de Kanawaga au Japon possèderait les 26 premiers numéros, ce qui ne facilite pas la recherche....
Victor Hugo. la Mode. 1850. |
Le renard et la cigogne. |
Couverture Prophéthies Charivariques |
Utopies abracadabrantesques. Quillenbois n'est certes pas le visionnaire que fût Robida, quarante ans après.
En 1850, il est l'illustrateur d'une estampe volante satyrique qui a beaucoup circulé avec succès :
La République dans les Carrosses du Roi, légendée d'une ritournelle le coup de fouet, signé du Bonhomme Tirel.
Couverture La vie de Chateau. |
De cette période autour de 1850, on peut trouver des oeuvres éparses, peu nombreuses dans divers albums comme la planche N° 9 Le premier uniforme parue dans Les
Comicalités, deux cartonnages Aubert de 36 pl. quasiment illustrée en totalité par Cham.
Comicalitès. pl. 9 |
Il faut noter également la pleine page de dessins parue dans l'Illustration du 21 juillet 1855 qui raille une quantité d'oeuvres de Courbet. Sur cette publication particulière, pour en
comprendre tout l'intérêt, il faut lire le long paragraphe que lui consacre Bertrand Tillier dans l'ouvrage : Courbet face à la caricature, le chahut par l'image, (Paris,
2007).
L'Illustration. 21/07/1855. |
Aucune production connue de Quillenbois après 1855. Il se marie en 1856 et se retire en Mayenne.
Décès soudain à Paris le 28 février 1867.
Reliure de Kieffer sur les dessins originaux |
A une date indéterminée entre 1840 et 1850, à Paris, l'éditeur d'estampes H.Gachet publie une série de trois volumes de 30 lithographes chacun, avec une numérotation constante.
Tout d'abord, La Chicane de l'Amour par Lafil, H.Meilhac et Damourette. Ensuite Les Annonces Comiques suivies des vertus domestiques par Quillenbois, Randon et
Damourette. Enfin, Voulez vous rire par Damourette et Charles de Sarcus.
Dans la deuxième série les dix planches de Quillenbois sont intitulées Messieurs les domestiques, elles sont numérotées du N°46 au N° 55 inclus. Je possède un album relié par René
Kieffer qui les contient, avec, cerise sur le gâteau, les dix dessins au crayon originaux.
Planche N° 53 |
Crayon original |
Couverture de Messieurs les Domestiques |
De la troisième série, jamais vue, je sais seulement que les planches de Charles de Sarcus sont au nombre de dix, Damourette ayant exécuté les vingt autres.
Planche N° 50 |
Crayon original |
Pour ajouter a la difficulté d'établir une bibliographie bien précise, j'ai relevé dans Monod, que la Librairie Mathias offrait en 1913, du même éditeur, un album composé de dix
planches de Quillenbois titrées Drôleries Champêtres et de vingt planches de Damourette titrées Les Gueux. ??? sans compter une fiche OCLC qui cite un ouvrage
Comment on a restauré L'empire ???
La Mode. 1850 |
Comparé aux Lions du crayon que furent Doré, Cham et tous les grands caricaturistes de l'équipe Philipon, Charles de Sarcus était un homme discret. Son oeuvre l'est tout autant, difficile à analyser, difficile à réunir. Une aide de tous mes lecteurs serait appréciée.
Bonsoir,
A bientôt.