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Thomas Legrand et Philippe Bercovici, J’aurais voulu faire président, 12 bis édition, 54 p.

 

Depuis quelques années, les bandes dessinées sur l’actualité politique nationale ou internationale rencontrent un beau succès. Présentées comme des « enquêtes » graphiques censées porter leur lot de révélations, ces récits dessinés évoquent en général les hautes sphères de la société, dirigeants politiques, directeurs de grandes entreprises ou bourgeois de haut vol La personnalité quelque peu outrancière de celui qui a le plus marqué la scène politique française ces dernières années a sans aucun doute favorisé le succès de cette forme de narration graphique souvent ludique et satirique. Sans Nicolas Sarkozy, dessinateurs et scénaristes auraient probablement eu la partie moins facile.

Ce recueil signé Thomas Legrand et Philippe Bercovici (voir son blog), édité par 12bis, prend pour point de départ la question de la « représidentialisation » de Nicolas Sarkozy, au plus bas dans les sondages dans le courant de l’année 2011. Ses conseillers lui demandent alors de se montrer plus discret, d’abandonner le bling-bling et les déclarations à l’emporte pièce au moindre emballement médiatique. Il s’agit de « faire » enfin le président de la République plutôt que de trahir systématiquement la fonction en se montrant trop opportuniste, vénal, affairiste, égocentrique et omniprésent. La bande dessinée, découpée en séquences autonomes de deux ou trois pages, joue sur deux tableaux : montrer à quel point la communication politique dicte chaque geste et chaque parole de l’Elysée, tout en donnant au lecteur matière à rire.

Opération plus que réussie, avec ce travail hilarant du début jusqu’à la fin. Après avoir dépassé une petite réticence liée au style graphique du dessinateur, à la petite taille des vignettes et à la présence de bulles très bavardes, le lecteur se laisse gagner par le comique des situations, la pertinence des jeux de mots, l’expressivité des personnages et des ambiances visuelles, sans oublier les réparties décalées qui caractérisent on ne peut mieux le président de la République et son entourage de conseillers, concurrents et autres courtisans.

Legrand et Bercovici dépeignent un univers coloré de cynisme, d’opportunisme, et surtout de bêtise, ressorts que l’on retrouve dans le dessin de presse traditionnel et dans les satires des humoristes visant Nicolas Sarkozy. Même si cette bande dessinée ne s’intéresse qu’à un aspect marginal de la politique actuelle (la communication de l’Elysée), en focalisant sur les proches conseillers du président, le résultat ne manque pas d’intérêt ni de sel, bien au contraire !

 

Guillaume Doizy, décembre 2011

 

 

Tag(s) : #Comptes-rendus recueils
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