Aurélien Cantou, Tobor (extrait), 2012. Techniques numériques, imprimé en sérigraphie, 12 x 20 cm. Tobor, Aurélien Cantou, 3 fois par jour, Strasbourg, 2012.
La Séquence du regardeur / Histoires, formes et fonctions de l’illustration, Colloque les 7 et 8 mars 2013
La variété insoupçonnable du livre à images, des combinaisons techniques, logiques, spatiales, chronologiques ou conceptuelles qu’il propose ouvrent autant de pistes sur l'illustration qu’elles
retranchent d’idées reçues pour peu qu'on accepte d'y apposer un regard curieux. Une des approches possibles pourrait consister à envisager l’illustration au prisme de sa séquentialité. Ainsi, au
cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle un intérêt inédit pour l’idée de simultanéité doublé parfois d’une sorte de défiance pour celle de succession apparait. Le philosophe hollandais
François Hemsterhuis affirme, par exemple dans ses Dialogues, que l’« âme juge le plus beau ce dont elle peut se faire une idée dans le minimum de temps possible ». En 1766, dans son fameux essai
sur le Laocoon, Lessing avait d’ailleurs argumenté en faveur de la théorie du « premier coup d’œil », cet effet immédiat qu’une œuvre susciterait sur le spectateur. Paradoxalement, c’est aussi à
partir de cette date que se développe une attention croissante pour l’action progressive et successive.
Or il nous semble que ces tensions entre simultanéité et succession reflètent les tentatives qui s’ébauchent alors de dépasser le vieux clivage entre, d’un côté, les arts qui déploient leurs
représentations dans l’espace, et, de l’autre, ceux qui en déroulent les différentes actions dans le temps. Une opposition traditionnelle, dont on a peu à peu compris, au cours des périodes
suivantes, avec la possibilité technique de capter les images successives du mouvement, grâce à la photographie instantanée et à la chronophotographie, qu’elle peut en partie se résoudre dans
certaines formes d’expression séquentielles dessinées.
Dans ce dispositif la séquence proposée au regardeur (que ce soit une suite d’images, d’actions, d’épisodes, de volumes…) semble primordiale pour dépasser les cadres restreints dans lesquels
l’illustration est souvent reléguée faute d’outils d’analyse pertinents. Car la suite, en constituant des séries séquencées d’épisodes distincts génère à la fois des enchaînements d'images
engendrant une narration et des pratiques de lecture spécifiques qui se recomposent dans la continuité. C’est à partir de cette approche séquentielle que nous souhaitons envisager l’illustration
dans le cadre de ces nouvelles rencontres interdisciplinaires.
Le colloque La Séquence du regardeur marque la deuxième édition de nos rendez-vous strasbourgeois et fait suite au colloque De Traits et d’esprit qui s’est tenu en 2011. Il propose d'explorer à
nouveau l’illustration dans ses histoires, ses formes, ses usages et dans une acception étendue à la bande dessinée (mais pas uniquement). Plutôt centré sur l'illustration dessinée ou gravée et
en lien ontologique avec l’atelier d’illustration de la Hear, le colloque s'insère dans un projet de recherche de plusieurs années soutenu par le Ministère de la culture et piloté par le
laboratoire De Traits et d’esprit.
L’amplitude chronologique de ce nouveau colloque court du XVIIIe au XXIe siècle avec un accent particulier porté sur la contemporanéité. Les propositions de communication, d’environ 2000 signes
et précisant le thème et la méthode adoptée, sont à envoyer avant le 30 octobre 2012 aux adresses suivantes :
odeloignon[arobase]club.fr ; guillaumedege[arobase]gmail.com ; guedron[arobase]unistra.fr
Elles seront examinées par le comité scientifique afin de déterminer le découpage en sessions le plus favorable à des échanges interdisciplinaires.
Guillaume Dégé,
Olivier Deloignon,
Martial Guédron.