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Collaborateur régulier du Midi Libre depuis plusieurs années, le dessinateur d'actualité et caricaturiste Man (voir son site) répond aux questions de Caricaturesetcaricature.com...

L’élection présidentielle constitue l’événement politique majeur en République. Majeur aussi pour le dessinateur de presse ?
Sur le principe, pas vraiment, non. Y a pas que la politique dans la vie! Enfin peut-être que si, finalement….En tous cas, il n'y a pas d'événement mineur. J'accorde autant d'importance aux sangliers empoisonnés par les algues bretonnes (c'est un exemple) qu'à la dernière petite phrase de tel ou tel candidat. La différence c'est que les sangliers font la Une pendant quelques jours alors qu'une élection présidentielle monopolise toutes les attentions pendant plusieurs mois. Au risque de lasser les lecteurs. C'est d'ailleurs sans doute là un des rôles du dessin : en se moquant des candidats ou en caricaturant leurs travers, il sert un peu de soupape…C'est comme un anti-nauséeux : un petit dessin, et hop on reprend la route!

Sarkozy par ses déclarations, ses actes et sa personnalité, a beaucoup inspiré les dessinateurs de presse. C’est votre cas ?
"Inspiré" n'est pas le terme que j'aurais choisi! Disons qu'il me fait réagir souvent tant il a cette faculté de faire croire qu'il est présent partout et tout le temps. C'est vrai que j'ai sans doute fait plus de dessins sur Sarkozy en cinq ans que sur Chirac pendant ses deux mandats. Son côté hyper - omni - président prête le flanc à la caricature. Dès sa campagne de 2007, avec ses références à Jaurès entre deux embrassades avec Lagardère et Johnny Hallyday, il a donné le ton!

 

Quels éléments avez-vous mis en avant de manière récurrente chez ce personnage depuis 5 ans ?
Au début, comme tout le monde, son côté "De Funès-Bling bling-paf!" et puis rapidement plutôt le De Funès auquel tout échappe, colérique, entêté, prêt à toutes les forfanteries pour obtenir ce qu'il veut. Dernièrement, c'était plus le petit De Funès qui s'écrase devant l'autorité, allemande en l'occurence.
Physiquement j'ai essayé de ne pas trop jouer sur sa petite taille (ça, après tout, il n'y est pour rien) même si c'est très tentant, il faut bien le reconnaître, en particulier quand il est dans un même dessin aux côtés d'Obama ou de Villepin…

La campagne qui s’ouvre semble devoir opposer Sarkozy à Hollande. Pour le dessinateur, les deux personnages se valent-ils ?
A priori, oui. Mais je pense qu'Hollande, comme Chirac ou Mitterrand, est plutôt homme à déléguer davantage, à laisser ses (éventuels) ministres se prendre les coups, et donc les coups de crayon des dessinateurs. Mais je pars du principe que les personnages politiques sont tous de grands manipulateurs, a fortiori le premier d'entre eux, quel qu'il soit.

Après des années à hypercaricaturer Sarkozy, n’y a-t-il pas un phénomène d’usure et de lassitude chez les dessinateurs et le lecteur ?
Chez le dessinateur, non, parce qu'une personnalité comme la sienne est tellement propice à la caricature, c'est un lieu commun de le dire! Je ne sais plus quel humoriste remerciait Sarkozy parce qu'il lui apportait sans droits d'auteur une idée de sketch par jour. C'est vrai pour Sarkozy comme c'était vrai pour Georges Frêche, par exemple. La matière première est riche, il n'y a pas grand chose à ajouter pour que ça bascule dans le comique. Il y a des personnalités comme ça qui sont un excellent compost à idées!
Pour ce qui est du lecteur, vu le nombre incroyable d'articles ou de bouquins parus sur Sarkozy, je crois qu'il y trouve encore un intérêt certain (tant qu'il a encore de quoi acheter des journaux ou des bouquins…)

Dans une campagne présidentielle, quels types d’événements ou de déclarations sont intéressantes le dessinateur de presse cherche-t-il à valoriser ?
La surenchère, qui conduit souvent à des outrances. Là encore, les candidats font une bonne partie du boulot.

Quel est le rôle du dessin de presse dans un quotidien tel que Midi Libre ?
Comme je le disais tout à l'heure, l'humour permet, je crois, d'éviter l'overdose. Quand on lit un quotidien il y a finalement assez peu de raisons de se marrer, à moins d'avoir l'esprit particulièrement tordu! Le dessin, c'est une fenêtre qui donne un peu d'air frais. Il y a des éditos qui font ça très bien aussi, mais un dessin percute de façon plus immédiate.

Vos dessins provoquent-ils parfois des réactions inattendues ?
La plupart des réactions de lecteurs sont positives. Souvent les gens me disent que le dessin est la première chose qu'ils regardent dans le journal. Récemment, on m'a juste reproché de m'en prendre trop systématiquement à Sarkozy et pas assez à Hollande, et le lecteur d'en conclure que j'étais de parti pris. Mais c'est pas de ma faute si c'est Sarkozy le président de la république, s'il fait tout son possible pour être sur le devant de la scène! Une autre fois, madame le maire de Montpellier a téléphoné au journal pour se plaindre d'un dessin, sous prétexte qu'il était "sexiste", alors que le fait qu'elle soit une femme ou un homme n'avait absolument aucun rapport avec le dessin.

La rédaction vous a-t-elle demandé de couvrir spécifiquement la campagne électorale ?
Oui. En temps normal mon dessin est en dernière page du journal, avec le courrier des lecteurs. Je dois d'ailleurs en principe illustrer un thème d'actualité abordé par un lecteur. Ce qui veut dire qu'il me faut attendre que le responsable de la page décortique le courrier et me dise quel sujet je dois traiter. Ici, avec cet espace "Spécial présidentielle", c'est moi qui choisi mon ou mes sujets. Même si le cadre reste l'élection présidentielle, c'est une très grande liberté de se dire le matin "Bon, qu'est-ce que je vais faire aujourd'hui ?". On peut aborder n'importe quel sujet , même si bien souvent c'est le sujet qui s'impose de lui-même : le froid, les soldes, la vente des Rafale, le dopage dans le cyclisme, la Saint-Valentin…tout peut servir de point de départ à un dessin sur la campagne présidentielle.

Les humoristes ou les émissions de divertissement satiriques sont très « visibles » à la radio ou la télé ces dernières années. Ces émissions ne relèguent-elles pas le dessin de presse à une place très secondaire ?
Je n'en sais rien et je m'en fous un peu, en fait. Il faut de la place pour tout le monde! En plus, je n'ai pas l'impression qu'on puisse opposer dessin de presse et humour radio/télé, ce sont deux approches très différentes. C'est comme comparer un maçon à un charpentier. Je serais incapable de faire un sketch tout seul sur une scène, mais je suppose que les humoristes seraient bien emmerdés si on leur demandait de faire un dessin d'actu…En revanche, avec Internet, le dessin est de plus en plus"d'actu" et de moins en moins "de presse". Dans un sens c'est assez peu réjouissant de constater que la presse papier se vend de plus en plus mal. D'un autre côté, on peut se rassurer en se disant que le dessin continuera d'exister sur Internet, comme c'est déjà le cas, d'ailleurs. Le tout c'est que les dessinateurs arrivent à en vivre, et là ça me paraît un peu plus compliqué…

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Tag(s) : #Interviews
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