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Bibliothèque François-Mitterrand / Galerie des donateurs.

 

Exposition conçue par Martine Mauvieux.

 

Présentation des organisateurs :

C’est ainsi que l’on a pris l’habitude de désigner, à la suite de Jean Fourastié, la période du« redémarrage » de la France au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. On associe cette époque prospère à des notions positives telles que « croissance économique »,« développement industriel », « accès aux biens de consommation pour tous », « société du loisir et du spectacle »,« baby-boom ». La Presse accompagne cet essor en affirmant sa liberté d’expression retrouvée pour le droit à l’information et la culture pour tous. De nombreux nouveaux titres voient le jour donnant libre cours aux différentes tendances politiques mais aussi ouvrant leurs pages à des genres plus futiles, projections de regards nouveaux sur le monde désormais insouciants et légers : la mode, le sport, le spectacle y compris la TV, l’humour, l’érotisme… Alors que cette nouvelle société « enchantée » développe en ombre portée une résistance critique (L’Internationale situationniste) qui annonce déjà les bouleversements des années 1970, de nombreux dessinateurs de presse, nés au début du XXe siècle, « accompagnent » cette nouvelle configuration sociétale, s’attachant davantage à décrire, non sans une tendre complicité, les comportements frivoles des nouveaux Français qu’à les dénoncer.
Ainsi, l’exposition qui présente conjointement deux ensembles de dessins : ceux de Tetsu (1913-2008) entrés par don en 2009 et ceux de Gus (1911-1997), entrés par don en 2013, permet de percevoir la constitution d’un monde volontairement superficiel, qui évoque par certains aspects, celui qu’a dépeint Tati dans ses films.
Voilà donc deux dessinateurs qui ont sûrement contribué à façonner et consolider la nouvelle image de la société française. Ils ont travaillé dans une soixantaine de journaux chacun, dont près d’une dizaine de titres communs (ParisMatch, La vie catholique illustrée, Clair foyer, Point-de vue-images du Monde, l’Os à moelle, Pariscope, Le Figaro Magazine, France Soir).Offrant au public, récemment acquis à la modernité émergente, un miroir plaisant - sinon complaisant - où un certain esprit de gaudriole tamisée anime de multiples saynètes, ils transcrivent l’essor d’une petite bourgeoisie sans souci majeur. Alternances de gentilles chamailleries de couples dans des intérieurs au design épuré ou dans des paysages bucoliques (la campagne, le bord de mer, évocation du plaisir de jouir de son temps libre, celui des congés payés) et de scènes plus audacieuses où se disputent absurde« surréalisant » et allusions aux actualités politiques. L’accent est mis sur plusieurs aspects phares de la modernisation: les nouveaux objets, symboles d’aisance et d’épanouissement (la voiture, la caravane, l’électroménager, la télévision) ; sur les nouvelles sorties attrayantes (les visites dans les salons de l’automobile, des Arts ménagers et les musées) ; la vie de bureau (embellie par la présence des charmantes secrétaires).C’est la peinture d’un monde heureux (curieusement sans enfants) où l’on sourit plus que l’on rit, où l’on se glisse doucement sans douleur comme dans un rêve aussi vite oublié.

 

Site François-Mitterrand

Tag(s) : #Expositions
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