Renaud Dély et Aurel, Sarkozy et les riches, Drugstore, 96 p., 15 euros.
Même en retrait dans les sondages, le président de la République inspire les éditeurs, qui ne craignent pas de multiplier les bandes dessinées « politiques », à l’approche de l’élection présidentielle de 2012. Drugstore apporte son lot à la mode de ces recueils portant sur "l'actualité", avec ce portrait au vitriol de Sarkozy. Véritable « président des riches », voilà ses relations incestueuses avec le monde de l’argent sinon dévoilées, du moins prises pour cibles par le duo Dély/Aurel.
Contrairement à la BD « J’aurais voulu faire président », le recueil des deux compères ne vise pas avant tout à faire rire, mais plutôt à dépeindre de manière didactique et dénonciatrice les conflits d’intérêts qui résultent des relations entre quelques grands noms de la finance ou de l’industrie et l’ancien maire de Neuilly.
Chaque chapitre évoque une de ces riches amitiés, montrant comment Sarkozy a profité des largesses de ces hommes du pouvoir économique et médiatique, en leur renvoyant à l’occasion l’ascenseur. Entre anecdote et événements de première importance, les auteurs tressent à chaque fois les portraits croisés du neuilléen et d’une de ses luxueuse relation.
Dans ce recueil, Aurel ne manque pas de verve pour accabler l’ancien ministre de l’Intérieur dont il aiguise systématiquement la dentition carnassière. Le dessinateur insiste sur la petite taille de Sarkozy, l’affuble d’expressions faciales particulièrement agressives, le présente comme vulgaire, cupide, boulimique et fourbe.
Une BD qui rappelle sans ambages et avec une certaine virtuosité graphique combien, en élisant le personnel politique, la démocratie parlementaire ne contrôle en rien ceux qui détiennent le vrai pouvoir : celui de l’argent !
Guillaume Doizy, décembre 2011