Comme nous l'avions déjà signalé sur ce site, présenter Jossot comme un "anticlérical, anticonformiste et anti-autorité de toutes sortes" (voir ci-dessous) nous semble quelque peu abusif, même si on regardera avec intérêt ce documentaire. Trop rares en effet sont les films consacrés à des dessinateurs de presse et nous nous réjouissons de cet événement. Jossot réalise à partir de 1902 quelques dizaines de dessins anticléricaux au moment même où les radicaux au pouvoir (le président du Conseil Émile Combes, soutenu par Jaurès notamment) mènent une guerre politique contre l’Église catholique qui aboutira en 1905 à la loi de Séparation. Jossot fait alors preuve d'un anticonformisme... plus que conforme aux désidératas des élites ! Jossot n'a pas été un précurseur. Il a produit des images anticléricales, anticolonialistes et antimilitaristes en nombre restreint et à un moment où de nombreux dessinateurs s'étaient déjà engagés dans cette voie et avec des productions bien plus conséquentes. Prend-il la défense de Dreyfus contre l'Armée, comme Ibels et Couturier ? Prend-il la défense des ouvriers comme Steinlen, Grandjouan ou Delannoy ? L'hostilité aux institutions (mais finalement pas au principal pouvoir, celui de l'argent) a été chez Jossot de courte durée et pas vraiment à contre courant de son époque. Jossot est autant anticlérical que misogyne, autant antimilitariste qu'anti-ouvrier... Le dessinateur était d'abord et avant tout un individualiste, un esthète, un mystique chez qui l'anticléricalisme ou l'antimilitarisme peuvent être considérés comme des accidents. Ce qui n'empêche pas Jossot d'avoir produit de superbes images sur ces thèmes, des images qui restent aujourd'hui parfaitement fascinantes parce qu'elles ont été réalisées dans un souci esthétique évident et "moderne". Quant à l'anticonformisme, Jossot adoptait certes parfois des positions décalées par rapport à son milieu social, en Tunisie notamment (même si d'autres européens avant lui s'étaient convertis à l'Islam), mais dans une optique souvent réactionnaire, comme en témoignent ses écrits et finalement sa quête picturale "orientalisante", aux antipodes des avant-gardes artistiques de son temps.
GD, mai 2014
Présentation des organisateurs :
Jossot, de Gustave à Abdul Karim
Avant-première le 27 mai à 18h au Conseil régional de Bourgogne et diffusion sur France 3 Bourgogne le 31 mai à 15h20.
Jossot, de Gustave à Abdul Karim
Un documentaire écrit et réalisé par Marc Faye
Une coproduction Girelle Production / Novanima Productions / France 3 Bourgogne
Avec le soutien de la Région Bourgogne
Nous sommes en France à la veille de la promulgation de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat. Gustave Jossot, caricaturiste et affichiste de talent, anticlérical, anticonformiste et anti-autorité de toutes sortes, réalise l'une des premières affiches politiques illustrées en France : "A bas les calottes !". Quand, en 1911, il s'installera définitivement en Tunisie et se convertira à l'Islam en 1913, il agira encore à rebours des idées de son temps. Ce film explore l'univers de l'artiste entre Occident et Orient.
Le film sera projeté en avant-première le mardi 27 mai à 18h au Conseil régional de Bourgogne - 17 boulevard Trémouille à Dijon. La projection sera suivie du vernissage de l'exposition "Gustave Jossot, un artiste révolté" et d'un pot amical.
Réservation obligatoire auprès de France 3 Bourgogne :
audrey.lachat[at]francetv.fr - 03 80 77 36 07
noelle.nowicki[at]francetv.fr - 03 80 77 35 36
Diffusion TV sur France 3 Bourgogne le samedi 31 mai à 15h25.