Lettre ouverte à une Nagleria fowleri plus communément appelée Delfeil de Ton.

Cher camar... cher Monsieur,

Pour commencer cette bafouille, il me semble important de te préciser que dans la présente qui, je l’espère tout au moins, te provoquera une nouvelle poussée aigüe d’ego ou un ulcère, je ne parle ni au nom d’une rédaction, ni au nom d’un quelconque groupe, parti, lobby, club, clan, gang, ni sur les incitations ou ordres de qui que ce soit et que je signe ces mots en mon seul nom.

Je n’ai pas lu ta prose en entier, je n’en ai vu que des bribes qui m’ont très largement suffis à me foutre la gerbe pour le restant de la semaine et à presque, presque, espérer qu’une loi autorise enfin l’euthanasie même sans le consentement de la personne concernée.

Charb aurait donc “entrainé l’équipe (de Charlie-Hebdo) dans la surenchère”.

Bon, bon, bon...

Tu cites notamment Wolinski qui t’aurais dis un jour “que”.

Moi aussi Wolinski m’a dit un jour “que” (ben tiens hé, va prouver “que”, si t’es cap, mon con!).

Si je te comprends bien, tu veux dire que Cabu et Wolinski, puisque tu ne cites nommément que ces deux là oubliant au passage tous les autres alors qu’auparavant tu parlais de “l’équipe” de Charlie, auraient obéis docilement contre leur gré au méchant chef tyrannique qu’est Charb (car Charb désormais “est” et sera toujours, un peu d’ailleurs grâce à des gens comme toi, adeptes du “oui mais”), que Cabu et Wolinski n’avaient pas leur mot à dire, que par exemple la Une de Charlie “c’est dur d’être aimé par des cons” avait été soufflée par Charb et son mégaphone dans l’oreille d’un Cabu tremblant ou d’un Wolinski vaincu ?!

Ou alors veux-tu nous faire comprendre que Charb était un despote autoritaire borné qui flagellait ceux qui osaient contester sa ligne et que, dans une grande boucherie sacrificielle, il finit par offrir ces pauvres ères en pâture au bourreau histoire de se sentir moins seul face à la mort ?

Pauvre imbécile...!

Mais bon, c’est vrai que pour toi, comme tu le baves si bien, “Charb était une tête de lard” dont pourtant tu appréciais “la franchise”.

Je ne sais pas ce que peut signifier pour toi “une tête de lard” mais dans mon esprit en tous cas, ça ne correspond en rien au Stéphane Charbonnier que j’ai connu. Charb aimait discuter, savait écouter, analyser, prendre en compte l’avis de chacun... cependant, c’est vrai, quand il jugeait qu’il voyait un trop gros étron sortir de ta bouche, jamais il ne manquait de t’en faire la remarque (je pense que tu as du vivre maintes fois cette expérience puisque tu la nommes “franchise” alors que, dans les faits, il ne s’agit que du comportement normal d’un mec bien et je peux comprendre que tu aies du mal à piger ce concept, je peux comprendre).

Je crois que ce que tu reproches à Charb, en fait, c’est d’avoir des convictions et que, tu vois, pauvre protozoaire s’agitant tout seul dans son bocal oublié sur l’étagère, quand on a des convictions on les défend, on ne transige pas, on va jusqu’au bout, histoire de ne pas se trahir et de se faire honte à soi-même, non que l’on soit obtus ou fermé à d’autres, mais comme un navire qui connait le calme, les alizés ou la tempête, sans jamais pour autant changer de cap.

“Charb préférait mourir et Wolin lui préférait vivre.”

Mais qui es-tu pour oser proférait des saloperies pareilles mon ami ?

De qui, de quand connaissais-tu Charb ? Connaissais-tu son passé, ce qu’il vivait, à quel point les attaques répétées de putes (avec tout le respect du à cette profession) dans ton genre lui rongeaient la tronche un peu plus chaque jour ? Connaissais-tu simplement sa vie ? Connaissais-tu ses projets ? Les connaissais-tu toi qui oses affirmer, alors que le cadavre déchiqueté de mon pote n’est pas encore tout à fait froid et que les larmes de sa famille n’ont pas fini de se tarir, que Charb préférait la mort ?

Car oui, pauvre con, ignoble raclure de chiottes de gare, mange bidet, Charb avait des projets, des rêves et des espoirs, des envies, un futur même. Un futur que toi, du haut de ton verbiage croassant, tu ne peut absolument pas imaginer à quel point il le voulait meilleur, plus beau, plus chouette, plus bandant, plus poilant, plus tolérant, plus démocratique, plus égalitaire et pas seulement pour lui mais, que ça te plaise ou non, pour toi aussi ! Et si jamais Charb avait réussi à nous emmener dans ce futur, cet idéal là, alors là, comme une indécrottable virgule accrochée sur la porcelaine des chiottes, je suis certain que tu aurais encore trouvé matière à vomir sur son nom et, plus que ça même, sur son Honneur (encore un terme qu’il va te falloir comprendre en achetant de suite le dernier Larousse en 253 volumes).

Je te souhaite de continuer à prêcher pour la Liberté d’Expression-pour les-gens-tous-d’accord et pour la Provocation-qui-ne-dérange-personne, même pas moi, honnêtement, mon pépère, tu ne me déranges pas, un simple laxatif suffira amplement à me faire oublier jusqu’à ton existence.

En attendant, tu m’as fait mal au bide et je n’aime pas qu’on m’emmerde quand je digère.

Il y a pas mal d’années, Charb avait réalisé une affiche où était inscrit “je suis communiste et je t’emmerde!”. J’ai bien failli un instant me demander si ce message ne t’était pas adressé mais, sincèrement, tu vois, je crois que Charb avait bien trop de classe pour causer à ses groles quand il marchait dans la merde.

Babouse , le 19 janvier 2015.

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