Une exposition sur la caricature antisémite fin 2016 au Mémorial de Caen...

Lu sur le site de Ouest-France, un article de Jean-Christophe LALAY :

À l'automne 2016, le Mémorial de Caen présentera une expo sur la caricature antisémite. Un projet monté avec un collectionneur bruxellois, fils de juifs déportés à Auschwitz.

Reportage

Stéphane Grimaldi et Guillaume Doizy ont enlevé leurs chaussures. Des dizaines d'affiches sont posées sur le parquet. Le directeur du Mémorial de Caen et l'historien spécialiste de la caricature évoluent au milieu d'un bazar maîtrisé. La scène se déroule dans une belle maison d'Uccle, un quartier huppé de Bruxelles. Arthur Langerman, propriétaire des lieux, regarde avec une bienveillance amusée les deux spécialistes faire leur choix dans son immense collection.

« 7 000 dessins ou affiches »

« Guillaume est déjà venu deux fois pour une première sélection dans mes 7 000 dessins ou affiches », explique le collectionneur. Ce trésor sera la matière première de la grande exposition du Mémorial à partir d'octobre 2016.

En mars 1944, Arthur Langerman a 2 ans. Ses parents, des juifs d'Anvers, sont déportés à Auschwitz. Son père n'en reviendra pas, contrairement à sa mère. Leur bébé, comme près de 500 autres enfants belges, est sauvé de la déportation. Grâce à l'action, notamment, de la reine mère.

Après guerre, Arthur prend conscience de l'horreur de la Shoah, à partir du procès Eichmann, en 1961. Un déclic. Devenu un important diamantaire, il débute sa collection de dessins et caricatures antisémites. « Une collection devenue obsessionnelle. »

À 73 ans aujourd'hui, il veut partager. L'occasion lui est donnée grâce à la rencontre avec le Mémorial de Caen. À un an du vernissage, ses concepteurs entrent dans le concret. Un premier échange sur la philosophie de l'exposition et l'historien, animateur du site caricaturesetcaricature.com propose un titre : « Le monstre antisémite et ses caricatures : un rescapé face à ses bourreaux ». Il l'explicite : « Dans toutes ces images, le juif est absent. Elles ne parlent que de la monstruosité de l'antisémitisme. » Le directeur du Mémorial acquiesce.

La collection partout dans la maison

Rapidement, le parcours de l'exposition se dessine sur quelques feuilles blanches. « Nous devons attaquer sur l'affaire Dreyfus et l'expression de l'antisémitisme en France à la fin du XIXe siècle, décrit Guillaume Doizy. Il y a là comme un laboratoire français. »

L'entre-deux-guerres, le nazisme et le paroxysme de la Shoah, les grandes séquences sont choisies. « Arthur, as-tu des affiches allemandes des années 20 ? » interroge Stéphane Grimaldi. Le collectionneur, l'historien et le directeur du musée montent dans les étages. La collection est partout.

Dans le bureau du diamantaire, Guillaume Doizy fouille dans un tiroir. Stéphane Grimaldi ouvre de grands yeux. « Cette carte postale, il nous la faut ! Cette image, aussi... » Le directeur du Mémorial a remis sa casquette de dénicheur émerveillé. Un peu comme en 2007 lorsqu'il courait dans les immenses hangars du musée de l'État de New York pour choisir les objets de son expo sur le 11-Septembre.

Autre sujet, mais même besoin de comprendre : « Cette exposition sera le moyen de parler d'une étape essentielle qui précède l'Holocauste : le conditionnement, la lente préparation au meurtre. La caricature a été l'un des outils de cette démarche. L'expo sera aussi l'occasion de rappeler que l'antisémitisme a sévi partout en Europe, notamment en France, où il a entraîné la déportation de 75 000 juifs. »

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