La série "L’Arc en ciel", par Vincent Demarcke

Vincent Demarcke, L’Arc en ciel, éditions Du Lérot, 2015, 312 p., 40 euros.

La Belle époque donne à la carte postale ses lettres de noblesses, le genre connaissant entre 1900 et 1920 son âge d’or. Si l’industrie domine nettement cet ensemble, une industrie du paysage, de la « carte vue », des poissons d’avril, des fêtes en tous genre et autres fantaisies propres à illustrer le quotidien des relations humaines, une petite ( !) fraction de l’ensemble relève du genre caricatural et polémique. C’est vers ce type d’image que se tourne l’historien aujourd’hui, faussant nettement notre regard sur une production foisonnante, mais finalement propice au genre satirique. N’empêche, dès l’Affaire Dreyfus, la carte postale est enrôlée dans la grande machine à polémique de cette fin du XIXe siècle, gourmande en querelles politiques et grande consommatrice d’images satiriques. Les grandes enseignes ne manquent pas d’alimenter cette soif d’en découdre, avec des cartes illustrées pour certaines par de grands noms de la caricature. Un certain nombre de dessinateurs émergent et se spécialisent dans une production aux tirages plus restreint, visant les collectionneurs, et dans laquelle prédomine la notion d’original avec des tirages numérotés et parfois une mise en couleur à la main.

Pour satisfaire sa clientèle, le dessinateur imagine des séries publiées jour après jour, semaine après semaine, la périodicité et la focalisation sur l’actualité politique renvoyant bien sûr à la grande ou à la petite presse.

C’est dans cette famille de cartes qu’il faut classer la série « L’Arc en ciel » imaginée par le dessinateur Mille, Félix-Antoine Marmonnier, né en 1874. Sans proposer une analyse globale, Vincent Demarcke à qui l’on doit cet ouvrage, préfère éclairer chaque image en puisant aux sources de la grande presse. Longues citations à l’appui, l’auteur contextualise des compositions devenues largement obscures pour le lecteur d’aujourd’hui. La plongée dans cette séquence fortement marquée par les tensions internationales, vaut le détour. Un regret néanmoins, les cartes postales de la série auraient mérité d'être reproduites dans un format supérieur à celui qui a été retenu.

Guillaume Doizy

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