Siné, L'Oeil graphique, La Martinière, 2016, 235 p., 29,90 euros.

On se régalera de parcourir ce très beau livre sur l’œuvre dessinée du grand qu’a été Siné. Parcours initiatique dans un univers graphique pétillant, fondé sur l’accouplement détonnant de la candeur et de la provocation. Candeur dans les expressions, dans les physionomies atemporelles, et surtout dans le trait marqué par la poésie désuète et enfantine de l’époque où la plume sergent major était reine. Provocation, comme il se doit, car chez Siné le rapport au monde est fait de rage, nourri de colère et ponctué de coups de gueule. Siné affectionnait les oxymores, les contrastes violents, une certaine brutalité (dans le sens de l’art brut), mais une rudesse enveloppée de poésie, comme ce livre le montre si bien. Des premiers dessins « bizarres » aux réclames, des illustrations pour affiches ou couvertures de romans, des « unes » de journaux aux chats-mots-valises, Siné a dessiné un monde en apparence désincarné (peu de détails sur la nature des espaces, des tenues vestimentaires ou même des corps et des visages), visant une grande simplification, pour une plus grande efficacité visuelle. C’est évidemment ce processus schématique innervé d’une volontaire maladresse, qui nous plaît tant aujourd’hui.

Au fil de ces pages qui permettent de voir au-delà des habituels dessins reproduits de Siné, le lecteur reste pantois devant la profusion du travail de Siné. La présence de photographies rappelant son travail pour le pétrole algérien dans le domaine du design graphique, enrichit ce très beau recueil d’images accompagné d’une belle introduction biographique de François Forcadell.

A ne pas manquer !

Guillaume Doizy

 

Tag(s) : #Comptes-rendus recueils, #News
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