Les journalistes des États-Unis d'Amérique n'ont pas attendu janvier 2015 pour s'intéresser à la caricature française. Dans les "Journaux Historiques Américains" que la Library of Congress met en ligne, on peut glaner, de 1850 à 1922, bon nombre d'articles traitant le sujet. Ils tentent d'en dégager les traits spécifiques, font connaître les caricaturistes classiques et contemporains, courtisent Anastasie, rendent compte des événements et des expositions.
Cet article informatif est plus particulièrement destiné à ceux qui ne lisent pas l'anglais ou qui le lisent avec difficulté, mais il n'est pas exclu que chacun puisse y trouver chaussure à son pied, vin à son palais. Les opinions émises sont celles des rédacteurs, les articles et entretiens ont été traduits, adaptés, résumés ou dégraissés.

RADIOGRAPHIE

      En couverture de Puck, Théodore Roosevelt était un Janus aux deux visages: le Sauveur et le Diable (1) ; La caricature française a ce double visage : face grossière, vulgaire d'un côté, spirituelle, artistique de l'autre. Ses qualités et défauts, souvent dégagés par comparaison avec ceux de la caricature américaine ou européenne, sont tributaires de l'actualité et des choix politiques.

QUAND ONCLE SAM JUGEAIT LA CARICATURE FRANÇAISE, sélection d'articles, présentation et traduction de Daniel Dugne

En décembre 1870, la Delaware Gazette se déchaîne. Les caricatures publiées en France contre L'Impératrice Eugénie, grossièrement obscènes, atteignent les tréfonds de l'indécence, elles ne seraient pas tolérées en Turquie ou en Inde. Même dans les rues les plus licencieuses d'Espagne et d'Italie  on ne verrait pas ces images répugnantes, infâmes, violentes vendues à de joyeux acheteurs par de gaies jeunes filles de 18 ans que ce commerce ne fait pas rougir. Impossible de trouver dans la chrétienté anglo-saxonne une prostituée qui vendrait ce genre de publication sans avoir honte (2). La presse raconte que l’on peut voir cet étalage qui n'a rien d'exceptionnel tout le long des boulevards et des rues les plus fréquentées. Le meilleur monde joue des coudes avec la foule pour admirer longuement et avec plaisir ces dégoûtantes caricatures. Les livres qu'on vendait sous le comptoir sont maintenant à la portée des jeunes garçons et filles. Des statuette en plâtre sont également vendues. Les vices privés et publiques se multiplient à une vitesse effrayante. Impossible de trouver une seule qualité à ces caricatures, elles ne sont pas bien dessinées, pas amusantes, elles sont simplement sans esprit, indécentes, dégoûtantes, sales, plus c'est sale mieux ça se vend (3). Thiers est approuvé lorsqu'il condamne, au nom de l'unité nationale, les caricatures offensantes et injurieuses de l'ex-famille impériale ainsi que celles des dirigeants politiques les plus éminents ; des vœux sont exprimés pour que Thiers réussisse à maintenir cette République de compromis (4).

Après la mort de Napoléon, les caricatures françaises, presque toutes anonymes, sont vulgaires et dénuées de tout art, aucun artiste de talent n'a sali son pinceau ou son crayon contre le tyran. Il faut aller en Angleterre pour trouver de très bonnes caricatures, celles de Gillray, de Rowlandson, de George Cruikshank, sans oublier les caricatures allemandes, italiennes ou russes. Ces appréciations sont  suivies d'une signature française, celle d'Armand Dayot (5). Elles sont en harmonies avec les américaines. Selon The Evening Times, les parisiens ont un goût étrange pour les caricatures grossières et repoussantes (6). La caricature offense, insulte, se comporte indignement (7). Les français ont de l'esprit mais peuvent descendre dans les abîmes de l'ignominie. Il y a toujours un élément indélicat qui nuit à l'intelligence et à la finesse de la caricature, presque toujours vulgaire et ignoble lorsqu'elle croque les hommes politiques français ou étrangers (8). Il est immonde au delà de toute expression de voir la reine Victoria à genoux devant Kruger (9). Les français s'enorgueillissent de leur impureté artistique, ils visitent les loges de concierge, les boudoirs, pas de jeunes filles dans leurs dessins mais des cocottes ; Punch peut être vu par toute la famille, lui. Si Le Charivari n'est que rarement répréhensible, les journaux des années 1880, eux, le sont toujours ; seule consolation, ils ne peuvent que s'améliorer.
Le journal La Vie Parisienne est perçue comme la vitrine du vice élégant, seule la haute société sait être indécente avec goût ; on attend à chaque numéro, de voir comment des dessinateurs funambules vont franchir le gouffre de la corruption sur le fil de l'esprit (10). La chaleur des convictions, caractéristique française, l'intolérance des partis, la vie intime et familiale exposées, la violence non contrôlée, offrent un spectacle vulgaire et révoltant (11). La réalisation des gauloiseries est grossière, le cynisme mordant (12).

Le Journal Amusant et Le Rire sont dénoncés particulièrement méchants (13). L'Assiette au Beurre, " cet infâme journal qui fait blanchir les cheveux aux ministres " (14 ) est une  publication inconvenante, grossière (15). Le côté honteux des journaux satiriques fait perdre beaucoup de prestige à l'esprit français si apprécié au dix-huitième siècle et au début du dix-neuvième. Les boulevardiers parisiens tirent leur inspiration de l'absinthe, des boudoirs du demi-monde, des restaurants de nuit, ils ont perdu tout sens des convenances. Ils ignorent les bonnes mœurs car ils n'ont sans doute jamais franchi le seuil d'une maison respectable. Ces journaux ne circulent que sur les Grands Boulevards, dans les brasseries et restaurants de bas étage. 

Pour le New York Tribun, la caricature d'Edouard VII dans Le Rire dégoûte, révolte et soulève la colère des britanniques. Cette publication n'est jamais lue dans les clubs ou les maisons respectables. Lors du voyage de l'empereur Guillaume en Terre Sainte, sa représentation en christ était blasphématoire. Les insultes scandaleuses véhiculées par l'image dont est victime  la reine Victoria ne représentent pas les sentiments de la majorité des français ; les grandes villes de France, les campagnes, ont un grand sens des convenances et de la respectabilité. L'indécence a tué l'esprit et l'originalité (16).
Mais après la douche glacée, un bain de louanges réparateur.
La plupart des dessinateurs du Rire montrent non seulement que la caricature de 1909 est digne de la splendide tradition française mais qu'elle est artistiquement brillante, énergique, piquante, d'une ironie mordante (17), elle fait preuve d'un humour léger et badin qui suscite la joie (18).
 La caricature prospère à Paris parce qu'il y a des artistes encouragés par le public à se lâcher (19). On admire un beau travail, une belle liberté. Un ensemble de lignes traduit chaque émotion. Par conviction profonde, les artistes donnent libre cours à la pitié, l'horreur, la peur, la fureur, la colère froide, le mépris, l'amusement, l'amour, l'étonnement dans une publication qui est entièrement à leur service, qui rend justice à leur travail. Impossible d'infliger à l'Angleterre un périodique de ce tonneau là; pourtant les dessinateurs satiriques anglais gagneraient à être véritablement satiriques, à ne pas simplement amuser mais également blesser. Il est possible de jeter un pont entre la barbarie française et la molle gentillesse, ce que réussissent les américains dont le travail parvient à être très amusant et fin sans tomber dans les abysses de L'Assiette au Beurre. Nast par exemple a réussi  à mordre jusqu'à l'os sans être outrancier ; sans doute certains caricaturés regimbent mais celui qui jugerait la caricature coupable, serait un commentateur  manquant singulièrement d'humour (20). En Europe, un dessin de presse met en page soit un événement  politique soit un ou deux personnages.

C'est une sinécure pense Joseph Keppler, dont par ailleurs on vante dans ses dessins une liberté d'expression quelque peu française (21). Les américains eux doivent raconter une histoire avec toute une série de personnages, chacun ayant un lien direct avec le récit, un seul grand dessin ne suffit pas, c'est pourquoi on complète en marge avec des plus petits.
Le public américain veut connaître également les conséquences d'un événement, ce qui oblige le caricaturiste à les intégrer dans les dessins et donc à un effort supplémentaire d'imagination. La course à la présidence est un moment particulièrement éprouvant  pour le dessinateur car le public attend un nombre inhabituellement important d'excellents dessins gorgés d'idées brillantes, plus originales les unes que les autres (22).
Les français ont le génie pour rire de tout. La guerre 14-18  fait passer du rire à l'horrible, d'une façon grandiose avec la peinture des atrocités allemandes, ce qui n'est pas sans influencer le style des dessinateurs, à l'exception de Forain et de son " pourvu qu'ils tiennent ". Les caricatures anglaises font preuve d'un meilleur esprit mais les dessins sont mauvais dans l'ensemble. Les teutons sont rouges et gras, le ton bon enfant, le style identique, seul le choix des incidents humoristiques varie (23).

Les enseignes artistiques que les boutiquiers de Paris accrochent à leur façade sont très appréciées. Il est déploré que les commerçants américains n'utilisent pas ce moyen aussi frappant qu'original  pour attirer l'oeil du chaland sur leur vitrine plutôt que d'accrocher une forêt de panneaux dont les lettres ne cessent de s'agrandir (24).
Les américains pensent qu'ils sont les champions de la publicité mais les rédacteurs français  sont bien meilleurs, en effet ils savent ne pas heurter le lecteur, ils le flattent même parfois alors que les américains commettent sans le vouloir la gaffe de lui faire sentir qu'on le prend pour un imbécile. Lorsqu'elle utilise la caricature, la publicité française est sans rival. Les personnages célèbres sont la proie des  artistes qui se font ainsi facilement de l'argent. Le public, d'une fidélité enfantine, rit d'autant plus qu'il peut ainsi se dispenser d'acheter un journal humoristique. La caricature publicitaire n'est pas encore très courante dans les journaux satiriques mais elle a été constamment employée dans les affiches et pancartes collées au coin des rues les plus fréquentées de Paris, elle gagne maintenant la province.

 

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A noter que les maisons commerciales qui utilisent ce type de réclame sont parmi les plus innovantes dans le domaine de la publicité publiée dans la presse. On ne peut pas dire qu'il y ait concurrence, au contraire la popularité de la caricature publicitaire la fait adopter de plus en plus par les journaux. Le dessinateur Moloch a été l'un des précurseurs. Le goût du français pour ridiculiser ses voisins et les personnages publics est ici gratifié. Le mot "publimage", un jumelage des mots public et image, a été enfanté par Guérin puis généralement adopté. Bordeaux, Marseille, Lyon et même des villes plus petites ont été envahies par ce goût du publimage, les collectionneurs en redemandent. Le fond de commerce de ces caricaturistes est de puiser dans les faiblesses et  malheurs des célébrités ; ils les traitent avec une plus grande audace et cette audace de l'esprit français n'est nulle part plus frappante. Les caricatures des écrivains, Anatole France, Maeterlinck, Edmond Rostand, d'Annunzio, sont affichées au coin des rues , ainsi que celles des hommes politiques  français tels que Fallières, Clemenceau, Briand, Poincaré mais aussi étrangers : Le Président Roosevelt, les rois d'Espagne et d'Italie, les sultants de Turquie et du Maroc, les empereurs d'Allemagne et d'Autriche-Hongrie sans parler des ministres comme Lloyd George ou William Jenning Bryan. Même si  Taft, le président Wilson ou Alphonse XIII  déclenchent moins le rire, le public curieux exige de les voir. Tous les événements avec lesquels on  amuse la foule sont utilisés : les allemands qui échouent à entraîner militairement les turcs, les victoires et défaites du boxeur Charpentier, la visite de Gabriel Hanoteaux en Amérique, la guerre des suffragettes en Angleterre, la famille royale britannique à Berlin pour le mariage de la fille de Guillaume II, la gaffe du commandant de la garnison de Strasbourg qui a préparé  la visite du Kaiser alors que celui-ci n'a jamais eu l'intention de venir ; ici finit notre catalogue (25).

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LES HOMMES ET FEMMES DE L'ART

Les habitants de San-Francisco, de Cincinnati ou de Pittsburgh, s'ils lisent leur journal local, n'ignorent pas les noms des caricaturistes français ; on leur consacre des articles, on transcrit des entretiens, ou bien on étiquette leur talent de quelques mots, à la manière de nos chroniqueurs d'art qui expédient en quelques adjectifs Manet ou  Matisse encore méconnus.
Suivez le guide pour une petite visite organisée au musée de " l'histoire très touffue de notre gaieté plastique " 6).
Pour le New York Daily Tribune, Cham est le plus grand caricaturiste de Paris, l'ensemble de ses dessins est d'une grande valeur pour l'historien des mœurs aussi bien que pour celui qui aime rire (27). Si son humour peut être parfois un peu  simpliste, L'Assemblée nationale Comique est  un livre historiquement important, il aide, de nos jours, à comprendre le coup d'état (cf. 1848). Gavarni lui est un artiste jusqu'au bout des doigts (28), Abel Faivre un fantaisiste plein d'ironie mordante (29) dont le trait rappelle le crayon de Rembrandt (30). Robida a un pouvoir d'imagination et une créativité débordantes. Eugène Cadet est un dessinateur habile, un peintre délicieux. Bruneleschi satisfait les amateurs en évoquant gracieusement le dix-huitième siècle de façon décorative. Vallet s'amuse de la mode militaire (31), Léonce Petit des paysans (28). Les groupes de Max Aghion, dessinés dans un style qui lui est bien particulier, sont comiques et originaux (31). Léandre, est remarqué pour ses "gargouilles oratoires ", (médiévales) (32), Marie Vassilieff pour ses poupées-caricatures (33). Horace Vernet a un goût pour le satirique, il ne peut pas être comparé à Daumier ou Gavarvi. son importance est restreinte mais il sait être délicat, mordant, spirituel (34).
Malgré leur titre, Le Petit Journal Pour Rire et  Le Journal Amusant  sont lugubres (28). Grévin  semble s'ennuyer, se dégoûter de son travail ; on ne trouve aucune générosité, aucune vérité dans la vie de bohème comme il la voit. La déchéance physique  qui précède de quelques années sa mort  peut être directement attribuée au travail exténuant que fournit le caricaturiste.

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Selon le dessinateur américain Bernhard Gillam la caricature et le dessin de presse sont plus dévoreurs d'énergie que n'importe quel autre travail ; il cite l'exemple de Grant Hamilton qui se sentait en pleine forme après avoir martelé 9 heures par jour dans la fonderie de son père mais se voyait obligé en revanche d'aller prendre l'air pour se détendre de la tension nerveuse due à son travail devant la planche à dessin. Keppler ressent le même besoin, il lui faut pétrir la cire pour atténuer sa fatigue nerveuse (35).
André Gill est le caricaturiste politique " par excellence ". Rarement vulgaire, c'est un républicain, devenu fou parce qu'il avait " la folie des grandeurs " (28). Sa folie est causée par l'adhérence du cerveau à la membrane qui l'enveloppe, une maladie qui se répand d'une façon alarmante dans Paris (36). Willette, l'un des dessinateurs les plus habiles, séduit les artistes comme les commerçants avec ses enseignes en bois accrochées aux façades (37).

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Il partage l'article du The Morning Call avec Forain et lui est comparé. Les dessins de Willette sont plus gracieux mais il n'a pas le merveilleux pouvoir d'observation de Forain. Des détails sont donnés sur sa vie à l'Isle Adam, ses 15 chats angoras, sur Lim-Lim son singe japonais. Il aurait pu être un grand peintre mais a préféré être caricaturiste et illustrateur. Malgré ses défauts, sa haine de la reine Victoria et des juifs, il reste l'un des artistes les plus délicats et les plus originaux (38).
Le critique du Times proclame que Forain est le plus grand dessinateur  de presse de la guerre, des juges compétents estiment qu'il est sans rival dans son domaine. Ses dessins ont un intérêt qui survit à l'événement. Raemaekers a peut-être plus d'influence que lui, tous deux sont des pamphlétaires de l'image mais Forain est, sans comparaison, le plus grand des deux (39). Des détails biographiques et psychologiques sont fournis. Forain  travaille sans cesse, il dessine dans tous les endroits, théâtres, rues, sur tous les supports : cartes de visite, marges des journaux etc... Il ne se moque jamais des humbles ni des sentiments nobles mais attaque les hypocrites, les " as-tu vu mon gros porte-feuille ". Ses légendes prouvent qu'il est un écrivain de premier plan. Richepin l'a comparé à Hokusai. Gill l'a beaucoup influencé ainsi que Daumier, Goya et Carpeaux. Il a souhaité avoir un journal à lui, a fondé Le Fifre, Aurélien Scholl en fut le parrain (38).

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- Sem n'est pas tendre, il est mordant dans ses " bouffonneries parisiennes " (29). Il a échappé de justesse à un coup de couteau pour avoir caricaturé des personnalités marseillaises. La prochaine fois, le couteau ne manquerait pas sa cible, lui fut-il assuré. Sem préféra monter à Paris pour devenir célèbre (40). Il dessine peut-être ses meilleures œuvres en montrant la fine fleur de la société internationale venue danser le tango à Deauville (41).

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Daumier est incomparable (42). C'est un penseur (28). Ses œuvres sont remarquables par la perfection de l'art lithographique et les splendides émotions qu'elles inspirent ; les lumières et les ombres y sont admirablement distribuées. Ses fresques font de lui le Michel-Ange de la caricature, ce que pensait déjà Balzac. Il frise parfois la cruauté et de citer longuement l'article de Baudelaire. Plusieurs lithographies sont décrites. Henri Monnier, son précurseur d'une certaine façon comme peintre des mœurs contemporaines, caricature à peine le bourgeois alors que les exagérations sublimes de Daumier hissent la vie de la classe moyenne au niveau de l'épopée. Ses qualités de peintre sont soulignées et analysées (43). Il est le géniteur artistique des Caran d'Ache, Forain, Willette, Degas et Toulouse-Lautrec. Le conservateur de la bibliothèque de Lenox, Massachusetts, organise une exposition de 700 lithographies contenues dans 19 porto-folios légués par feu Monsieur Lawrence. L'article qui rend compte de l'événement loue le génie polyvalent de Daumier ; il est presque, avec les peintres et écrivains de 1830 le dernier des géants. Hommage est rendu à ses talents de peintre là aussi; Goya et Rembrantd lui sont comparés. Comme Goya et Courbet, il appartient à la tribu des hommes aux pouvoirs exubérants. Anarchiste né, il ne supporte aucun joug. Ce génial artiste pamphlétaire châtie les arnaques politiques, révèle les scandales. Bon nombre de détails biographiques et psychologiques sont fournis ; une anecdote illustre sa modestie : un riche acheteur américain souhaite acquérir un de ses tableaux, Daumier, ne sachant pas quel prix fixer, demande conseil à  Daubigny qui suggère pas moins de 5000 francs (44a). marché conclu. Dans l'atelier, le marchand souhaite acheter une autre œuvre, Daumier, sans l'aide de Daubigny ne sait quel prix demander pour ce tableau bien meilleur que le premier. Modestement, il propose 500 francs ; marché non conclu, ce connaisseur n'achète que des tableaux chers, ce qui fait rire Daubigny aux éclats lorsqu'il apprend la nouvelle (44). Trois ans plus tard The Sun reprend grosso modo les mêmes commentaires et invite ses lecteurs à lire son biographe Henri Frantz (45). L'article s'étend plus longuement sur les grandes étapes de sa vie, de son oeuvre ; Peu soucieux d'effets décoratifs, Daumier est mille fois plus grand que Monnier et ses contemporains ; sa grandiloquence balzacienne l'élève bien au dessus de Gavarni ; ce dernier est sans doute bien plus charmant, plus gracieux mais il n'a pas le sens de la vie ni ce dessin puissant qui vous frappe dans le moindre croquis de Daumier. Si Gavarni est le Raphaël de la caricature, Daumier en est le Michel-Ange. Avec Monnier et malgré toutes les différences de talent et de tempérament ce sont tous les trois de vrais artistes (43).

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A la mort de Gustave Doré, on peut voir son portrait dessiné par Keppler (46) à la une du journal satirique The Wasp avec en fond de toile des esquisses rappelant son œuvre illustrée, La Bible et  Don Quichotte entre autres (47). En 1880, le Cincinnati Daily Star reprend la quasi totalité des renseignements du New York Tribune publiés une semaine plus tôt. On y signale sa précocité, Les Travaux d'Hercules dessinés à 13 ans publiés en 1847, ses contributions à des journaux allemands, russes et polonais. Il publiait 3 ou 4 dessins par jour vendus 5 francs chacun (48). En 1885, The Sun rend compte de la biographie Life and Reminescences of Gustave Doré que Blanche Roosevelt signe de son nom de jeune fille (49). Nous ne résumerons pas le résumé du livre, nous nous contenterons d'évoquer La Grosse Galette.  Aucun autre artiste dans sa profession n'a gagné autant d'argent que lui ; après son Rabelais et son Dante, ses blocs valaient cent fois leur poids en or, dit- on. " J'ai vu Gustave gagner 10000 francs en une seule matinée" raconte Gobelein, ami et collègue de Doré, à sa biographe. Il avait de 15 à 20 blocs devant lui et passait de l'un à l'autre avec une rapidité et une sûreté de touche étonnantes. Un matin, à midi, il finissait son vingtième dessin". Ses gains imposants sont peut-être dus à sa grande productivité et non au prix important payé pour chaque œuvre . Miss Roosevelt pense que de 1850 à 1870 Doré aurait gagné 7,000,000 francs.
Quant à sa peinture, les avis sont plus partagés tant en France qu'en Angleterre. 30,000 dollars pour son Jésus Christ mais 5000 pour ses Martyres (49a). Pour ses peintures de la Doré Gallery, Fairless et Beeforth lui ont versé 300,000 dollars (50).  Et puisque Keppler  a croqué Doré, parlons de ses gains à lui: il commence par toucher 100 dollars par semaine, puis avec le succès de Puck gagne beaucoup d'argent et va devenir riche. Beaucoup de grands caricaturistes américains sont sous contrat, mais ceux qui préfèrent être indépendants  risquent de voir leurs idées piratées (51).  N'allons pas penser que les américains sont  les seuls à s'intéresser à la valeur marchande des oeuvres. Valmy-Baysse donne les chiffres du contrat de Doré père avec Philipon : Gustave est encore mineur (52). En 1880 le New York Tribune publie des renseignements bibliographiques ainsi qu'un entretien. Il rit quand la journaliste lui apprend qu'un admirateur américain souhaite rassembler tous ses dessins, lui- même n'a pas tout gardé: " Pendant mes onze premières années, j'ai publié des milliers de dessins dans des revues éphémères, parfois non payés, souvent non signés ". Il rit de nouveau lorsqu'elle lui parle d'une grande exposition. " Mes œuvres mises les unes à côté des autres iraient jusqu'à Vincennes. Il me faudrait louer le palais de l'industrie. J'ai en ma possession des cartons entiers de dessins aboutis non publiés, jamais montrés. Je n'ai plus qu'un exemplaire en mauvais état de l'Histoire de la Russie devenue rare. J'ai été trop paresseux pour me marier et maintenant je suis trop vieux. J'ai 40 ans. De plus, j'ai été si heureux au sein de ma famille que je n'ai jamais eu envie de me marier. Je me rendrai  peut-être aux USA dans un proche avenir, j'illustrerai la vie américaine, les chutes du Niagara, le parc de Yellow Stone " (53).
En 1898, The San Francisco Call consacre à Caran d'Ache un long article avec entretien :
 " Mon grand-père était l'un des officiers de confiance qui ont accompagné Napoléon  en Russie. Blessé, emprisonné dans une forteresse, il tombe amoureux de celle qui deviendra sa femme (54). Après avoir vu des dessins de Détaille, je lui ai rendu visite dès mon arrivée à Paris. Il m'a encouragé et ne m'a jamais perdu de vue pendant tout mon service militaire. Ma première grande chance fut la production de mon épopée napoléonienne au Chat Noir ; Mon succès fut européen alors que je n'étais connu que de quelques bohèmes montmartrois. Un ami m'avait demandé d'illustrer la couverture d'une chanson comique, j'eus alors l'idée de recourir à la vieille méthode des silhouettes. Je m'aperçus que cette idée était capable de développements sans fin et après des centaines d'essais, je mis finalement au point le grand drame napoléonien en 30 tableaux, composés de quatre mille personnages et chevaux, d'abord dessinés puis découpés et collés sur une feuille de zinc et resilhouettés. J'ai travaillé tout seul du début à la fin, y compris pour les représentations sur écran. Il m'a fallu beaucoup de tentatives avant d'être en partie satisfait ; le tableau qui a eu le plus de succès fut la retraite de Russie. La longue et lente traversée des plaines enneigées par les files d'hommes, de  chevaux, et de chariots créa une forte impression. Le Tsar, toute sa vie un de mes plus fidèles mécènes, me demanda  tous les dessins. J'eus également comme mécènes Meissonier, le Prince de Galles, le Général Boulanger, le Président de la République. Je travaille très lentement et jusqu'à maintenant j'ai préféré dessiner des traits. Un artiste devrait être capable de dessiner n'importe quoi mais, pardonnez mon rire, je suis incapable de  peindre un portrait, quand j'ai accepté de le faire, mes amis ont rarement été satisfaits du résultat. Quand je produits des personnages avec une précision que j'estime quasi photographique, on me dit que j'ai rarement fait une meilleure caricature. Ce sont mes dessins qui photographient les gens. Mes sujets ? oh, je les trouve partout, mariage, enterrement, en haut d'un omnibus, à vélo, les impressions se gravent dans ma mémoire, mais je ne lui fait pas toujours confiance, je prends des notes dans un calepin et si j'entends une phrase amusante ou originale qui me suggère une idée de composition, je jette sur le papier une sorte de sténographie artistique que je défie quiconque de comprendre ; les traits sont dessinés très rapidement, ils se chevauchent. Chaque trait donne inconsciemment sens et forme à mon esquisse...mais quand j'arrive au dessin final... (long arrêt, profond soupir) c'est très différent, je ne m'épargne aucune peine, et même quand j'étais pauvre, je n'ai jamais cédé à la facilité. Certains pensent que mes dessins sont exécutés rapidement. Je m'incline devant ceux qui travaillent vite, j'en suis incapable. J'attache beaucoup d'importance aux habits : dites moi ce qu'un homme porte et je vous dirai qui il est. Chaque semaine j'envoie une demi-page de dessins politiques au Figaro mais j'ai un grand projet qui probablement prendra forme pour la grande exposition de 1900 ; ça s'appellera " la rue de cents ans ", Ce sera un genre de panorama qui représentera la vie, le mouvement la poésie d'une grande artère  parisienne pendant les 100  dernières années avec entre autres, les nombreuses modifications de la circulation, de la chaise de poste à l'automobile. Je parle bien sûr de la Révolution de 89, le Premier et le Second Empire ont eu leur mot à dire, il y eut aussi le sinistre Siège de Paris. J'évite tout effet mélodramatique mais les incidents pittoresques sont les bienvenus ;  un des grand centres d'intérêt sera la reconstruction de la revue historique passée par Napoléon place du carrousel. Contrairement à beaucoup de mes talentueux camarades, je ne me sers pas de modèles en chair et en os : ils ne peuvent pas rendre véritablement la vie et le mouvement mais un animal fait ça très bien. Il n'y a pas meilleur modèle qu'un chien bien disposé. Les animaux sont aussi intéressants que les humains, j'adore passer une heure au jardin d'acclimatation, les chevaux sont mes animaux favoris mais  beaucoup d'autres  se prêtent bien au crayon, l'éléphant par exemple est pittoresque. Si je travaille à la plume ou au crayon ? plume et encre pour la plupart de mes dessins, en ce moment, mais d'une certaine façon je préfère travailler avec un fin pinceau. Je garde des milliers d'études et comme souvent je modifie ma conception originale, elles me sont très utiles. Quand mon dessin approche de son stade final, je l'accroche à une grande plaque de verre ce qui me permet de changer ou d'ajouter des détails si je le juge nécessaire. Quant aux reproductions, je préfère bien sûr la bonne vieille gravure sur bois mais mes rédacteurs en chef ne sont pas du même avis. En fait, je n'ai jamais consenti à travailler aux ordres, je tiens à être absolument libre de choisir mes propres sujets " (55).

Après sa mort en février 1909, un article du Sun rappelle qu'il sculpta des animaux en bois qui eurent un  immense succès à Paris et Londres, les joueurs de bridge s'en servaient comme mascotte, certains étaient articulés et bougeaient. Le Los Angeles Herald  avait signalé dès 1907 qu'il fabriquait des jouets satiriques en bois (56). C'est lui qui a  introduit en France " les histoires sans parole ". Son trait humoristique était juste, précis, ses caricatures, satiriques parfois jusqu'à la brutalité, ont eu une influence importante sur la pensée politique de son temps. Ses dessins dans Le Rire furent largement copiés à l'étranger (57). Au salon des humoristes de 1909, dans la rotonde, on peut voir 200 pièces originales : dessins, statuettes, " épopée de Napoléon " prêtées par des collectionneurs qui s'appellent Jeanne Granier, Edouard Détaille, le Prince de la Moscowa, le prince Victor Napoléon , Clémenceau, Edouard VII (58).

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Rabajoi (59) qui se refuse à rendre public son vrai nom, est l'un des plus remarqués, des plus typiques caricaturistes de la capitale française. Il est  à New York et se propose de caricaturer la haute société locale, tout comme Sem croque le gratin parisien.
" Nous avons habitué les célébrités de Paris, les hommes comme les femmes, à aimer être caricaturés, à être ridicules avec humour. Si vos grands hommes n'aiment pas être caricaturés, votre civilisation est imparfaite. La société comme l'individu tirent bénéfice de la caricature.
Ne caricaturez pas un grand homme, et son ego se met à gonfler, il peut devenir fou,  meurtrier ou oppresseur de la race humaine. Quand vous lui montrez ce qui le rend ridicule, quand vous lui apprenez à regarder ses caricatures avec humour, vous lui dégonflez son ego, vous le rendez moins dangereux. Une caricature est une opération chirurgicale, elle enlève le mal. Les princes et princesses, les millionnaires, les hommes politiques prennent plaisir à être caricaturés et me versent souvent de jolies sommes pour accrocher leur portrait au mur. J'exagère leurs défauts et m'efforce d'utiliser aussi peu de traits que possible ; un sourcil, une bouche suffisent souvent à faire une excellente caricature, la simplicité rend une caricature efficace, je n'ai pas besoin d'un oeil ou d'un nez pour faire ressemblant. Lorsque je choisis un sujet, j'ai l'habitude de faire en quelques minutes une douzaine de petits dessins au crayon, je laisse refroidir un jour ou une semaine puis choisis le meilleur. Je préfère travailler entre deux et quatre heures du matin, mon esprit est alors étonnamment clair surtout si j'ai avalé ma boisson préférée. Les Américains n'ont pas été assez entraînés à aimer la caricature. Vous avez beaucoup de dessins qui expriment des idées mais peu de caricatures puissantes vraiment originales, peut-être que vos grands hommes, contrairement aux nôtres  ne supporteraient pas . On m'a dit qu'en Pennsylvanie caricaturer des hommes publiques était un délit et que plusieurs états avaient essayé d'adopter une loi similaire. Le politicien qui suggère une telle législation devrait être caricaturé à mort, c'est ce que nous ferions à Paris. L'homme qui pense que sa personne est trop sacrée pour être caricaturée est bon pour l'asile de fous (59 bis) : il appartient à la race des Néron et des Ivan Le Terrible, il a le cerveau d'un enfant ou d'un égoïste forcené. Les hommes publics américains sont peu connus des lecteurs mal formés à la caricature, la preuve ? le nom de la personne est toujours écrite sur le dessin (60a). Mieux connaître par la caricature, c'est favoriser le développement de la démocratie. A Paris, certains américains ont appris  à être caricaturés et si Mrs. Phyl Lydig est une personnalité connue, elle le doit à l'habile caricature de Sem. " Noblesse oblige " . Si les Rockefeller et les Carnegie refusent de payer leur tribut à la caricature, ils sont dangereux, ils ne comprennent pas qu'ils encadrent la structure sociale de la société dont les caricaturistes et les artistes, avec leur joie de vivre, sont l'ornement ".
Rabajoi donne ensuite une petite leçon d'histoire de la caricature française qui commence à La Révolution de 1789 pour se terminer avec Napoléon III. Il affirme qu'aucun individu ou gouvernement n'a essayé d'interdire la caricature depuis lors. Il termine par un tableau de la vie parisienne avant la première guerre mondiale (60). Rabajoi ne semble pas bien connaître la caricature aux États-Unis, pour ne rien dire de la censure en France. La satire politique a une place proéminente dans la campagne présidentielle américaine de 1884 (61). Contrairement à ce qu'il pense, des hommes politiques américains supportent très bien la caricature et même la défendent. Le sénateur Guy affirme qu'un homme ne peut partir à la guerre sans s'attendre à ce qu'on lui tire dessus (62). Le ministre Hay collectionne ses caricatures, les dessinateurs lui envoient parfois leurs œuvres originales (63).

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Mc Kinley et Rossevelt adorent être caricaturés (64). En 1917, le député Baer dessine des caricatures pour le Times et les journaux  du groupe (65).

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A BAS LA CARICATURE

Pourquoi des élus essaieraient-ils d'interdire la caricature si elle n'était pas dangereuse à leurs yeux ? Bien avant 1914 et l'article sur Rabajoi, des projets de loi ont été déposés contre la caricature : dans le Delaware, Frederick T.Pusey a proposé une loi interdisant qu'un être humain soit représenté en oiseau, poisson, insecte ou tout autre animal. Il en coûterait 1000 dollars d'amende ou la prison ou les deux (66). Le gouverneur Pennypacker a été dessiné en perroquet à lunettes, le gouverneur Stone en pachyderme, le senateur Quay en vieille chouette. Certains journaux se sont bien amusés de ce projet de loi (66a).
En 1901, la Californie a voté des lois contre la caricature (67).
Le Sénat demande à la chambre des représentants d'adopter  l'amendement qui remplace la section 2 de la loi AB 400 anti-caricature : consentement obligatoire, interdiction de toute caricature atteignant l'honneur, l'intégrité, la vertu, la nature humaine, la réputation, les ambitions politiques ou commerciales de tout individu ou l'exposant à la haine ou au mépris du public. 53 voix pour 3 voix contre (68). Le lendemain le journal précise  les peines encourues :100 à 500 dollars d'amende, de 1 à 6 mois d'emprisonnement. Il ajoute que cet amendement n'apporte pas grand chose à la loi anti-diffamation.

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Le sénateur Works dépose lui aussi une loi mais ne se fait pas d'illusion sur son adoption car tout le monde va crier qu'on muselle la presse, qu'on la censure mais il aura au moins attiré l'attention sur un des maux les plus puissants, les plus corrupteurs, les plus influents de notre époque (69).  Le sénateur Timothy Ellsworth est déterminé à interdire dans l'état de New York  toute caricature qui n'aurait pas l'assentiment écrit du caricaturé (70). Le sénateur Malby vient appuyer se demande en soulignant que même si des hommes politiques se soucient peu d'être caricaturés, leur famille, ceux qui les aiment peuvent être profondément affectés.
On trouve les mêmes réactions en France ; Monsieur Gervais, député, ne se plaint pas que lui ou ses collègues soient caricaturés mais que le président de la République soit déformé grossièrement avec des intentions malveillantes pour le rendre ridicule ou méprisable est condamnable. Les dessinateurs anglais s'efforcent eux à une ressemblance loyale et respectueuse. La loi française interdit de telles caricatures mais elle n'est pas appliquée : pourquoi ? seule explication envisagée, la crainte du ridicule ou la peur de passer pour puritain. Tout cela produit un mauvais effet sur les étrangers qui peuvent en conclure à un manque de respect des français pour leurs dirigeants. Il est difficile de régler ses problèmes par la législation et par l'action de la police, mieux vaut faire appel à la dignité et au bon goût du public (71). Un article très semblable, où les mêmes mots sont utilisés, est publié antérieurement dans le New York Tribune du 1908-07-27. Les clowns dans les cirques sont grimés comme le Président de la République, ces caricatures offensantes provoquent délibérément la dérision. La publicité n'hésite pas à utiliser l'image du Président d'une façon indigne et insultante, ce qui titille le rire enthousiaste de la populace. Le bon goût du public est ici oublié. Nous ne sommes plus entre gens de bonne société.

QUAND ONCLE SAM JUGEAIT LA CARICATURE FRANÇAISE, sélection d'articles, présentation et traduction de Daniel Dugne
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" Arrêtez de vous moquer de nous ou quittez Paris ". Le président de la république, le premier  ministre, les députés sont indignés. La belle France est caricaturée ; la guillotine et Le Louvre avec le vol de la Joconde sont ridiculisés dans d'horribles dessins tout comme les chemins de fer avec leurs retards, leurs pertes de bagages et leurs accidents. La coupable ? la danseuse et caricaturiste Yetta Rienza ; Si encore la satire était française, on resterait en famille, mais une étrangère... qu'elle se contente de danser ou qu'elle parte (72) .
Pour des raisons diplomatiques, peu ou prou sincères, les caricatures de souverains étrangers sont condamnées. Le député d'Estournelles de Constant, ministre plénipotentiaire chargé d'affaires à Londres (73) estime que non seulement elles blessent les sentiments patriotiques des étrangers mais elles nuisent aussi au commerce (74). Waldeck-Rousseau avertit les marchands de journaux qu'ils pourront être poursuivis s'ils vendent des caricatures françaises ou allemandes offensantes pour la reine d'Angleterre (75). Le 10 novembre 1899, The Morning Astorian reproduit un article publié la veille dans The Tribune ; son correspondant à Paris écrit que l'épidémie d'anglophobie se répand comme la peste. La presse nationaliste, chasseuse de juifs, la presse cléricale, les antidreyfusards, s'efforcent par tous les moyens de pousser l'opinion publique à accepter une guerre avec l'Angleterre. En lisant La Patrie et La Croix, on pourrait même croire que la guerre est déjà déclarée. Des caricatures insultantes de la reine Victoria accompagnées de légendes indécentes et diffamatoires sont publiées dans la presse de boulevard. Quand Le Petit Journal et La Croix partent en croisade contre l'Angleterre pour soutenir les Boers, Monsieur Yves Guiot "a le courage" de remarquer qu'il y a du pour et du contre dans l'affaire du Transval et qu'il ne faut pas oublier que John Bull est le meilleur client de la France (76).
Les Anglais estiment que la longue vie de pureté de Victoria aurait dû empêcher que sa personnalité soit violée par des agressions grivoises étrangères. Sans aucun doute, les insultes des journaux français on été stimulées par le souvenir rancunier du traitement de l'affaire Dreyfus par les Britanniques, mais la Grande Bretagne, horrifiée par cette infamie ne faisait que traduire le dégoût réprobateur des autres nations. Si la revanche est la seule motivation du Rire et de ses collaborateurs calomniateurs, Albion se réjouit en se souvenant que cette publication soutenait une des plus odieuses persécutions des temps modernes. Il se trouve de vrais journaux républicains qui condamnent avec une tristesse éloquente ces abus, auxquels les anglais accordent peut-être trop d'importance. Cela fait cent ans qu'il n'y a plus de guerre entre les deux pays, et si un conflit armé devait se produire, il faut espérer que les causes seraient plus sérieuses que la grossièreté gratuite d'un quarteron de pamphlétaires professionnels (77). Le Figaro demande à ce que les caricatures dégoûtantes soient enlevées des kiosques avant la venue d’Édouard VII à Paris. Des propriétaires de kiosque obéissent mais ceux qui résistent voient leur stock de journaux détruit par des étudiants (78).
Quelques bémols à cet hallali.
Chamberlain qui proteste de son amitié avec l'Allemagne a oublié que les caricatures allemandes sont au moins aussi offensantes pour les britanniques et que Kladderadatsch est plus virulent que Le Rire notamment quand Guillaume II a rendu visite à sa grand-mère Victoria et qu'aucune mesure ne fut prise pour censurer une odieuse caricature alors que la presse allemande est beaucoup plus contrôlée que la française. Le correspondant du Times ajoute que des cartes postales véhiculent fréquemment des images insultantes pour la Reine et que rien n'est fait pour les arrêter (79). Waldeck-Rousseau condamne les caricatures offensantes  mais la loi doit être respectée, l'offensé doit porter plainte, sinon pas d'infraction. Millevoye rappelle la façon dont l'armée française a été caricaturée par les dessinateurs anglais. Oeil pour oeil...(80).
Les hommes politiques qui détestent être caricaturés sont en bonne compagnie ; d'après le New York Tribune, les femmes n'aiment pas trop être caricaturées (81).

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Cécil Sorel au salon des humoristes essaie de détruire la caricature qui la ridiculise, casse la vitre. Bib, son auteur, demande 10,000 francs (82). Il obtient 1000 dollars dont il fait don aux pauvres (82 a). L'acheteur de la caricature l'avait payé 30 dollars (83).

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La veuve de Catulle-Mendes proteste contre sa caricature par Rouveyre : " Je ne connaissais pas monsieur Rouveyre lorsqu'il s'est autorisé à écrire mon nom sous cette chose infecte. Depuis, on me l'a présenté. Je luis ai dit, sans sévérité mais clairement, mon opinion et mon souhait que mon nom et cette soi-disant caricature soient supprimés du volume. Depuis mes lettres ont confirmé mes paroles et puisque les femmes, comme dit une vieille chanson ne portent pas d'épées, il y a encore en France des juges pour faire respecter leurs droits. C'est à eux que je m'adresse non seulement pour moi mais pour tout le monde ". Cet incident a apporté un peu plus de notoriété à Rouveyre qui a déclaré : " Certains de ces portraits font venir les larmes aux yeux de ceux qui sont supposés être représentés. Cela ne devrait pas être, ils ne devraient pas non plus susciter le rire mais la réflexion ".
Tout Paris se demande combien de dommages le tribunal accordera à cette femme qui se donne un mal infini pour préserver sa beauté (84).

ACTUALITÉS

Les journaux américains consacrent également des articles à la politique intérieure et aux affaires étrangères françaises, ainsi qu'aux diverses expositions et salons caricaturaux.
Dans le conflit avec l'Empire Austro-Hongrois, les soldats et officiers autrichiens sont férocement caricaturés notamment Ferenc Gyulai le général en chef responsable de la défaite de Magenta. Il est représenté avec de longues moustaches, et si vous retournez le dessin, c'est la tête d'un âne que vous voyez. D'autres caricatures sont détaillées (85). Marianne, Rochefort, Jules Ferry illustrent la politique menée au Tonkin dans une caricature pleine page publiée par The Wasp (86). L'empereur d'Haïti Soulouque coiffé du chapeau bonapartiste est destiné à jeter le ridicule sur les projets du futur Napoléon III, ce qui n'échappe pas  à l'oeil des français (87). Dans aucun autre pays, la caricature  ne joue un plus grand rôle politique. Le rédacteur est convaincu que la caricature a eu sa part de responsabilité dans le renversement de Louis Philippe. Grévy, s'il n'avait pas été si ridiculisé par les caricatures, aurait pu échapper à l'ouragan du scandale des décorations (88). Lors des élections de 1850, trois caricatures décrites dans l'article satirisent l'idéologie d'Eugène Sue, élu grâce à sa célébrité ; Cham le montre porté à  l'Assemblée Nationale par le juif errant et suivi par les personnages de ses romans ; les socialistes répliquent par des charges, également décrites, contre Thiers et le future Napoléon III (89). Casimir-Périer, dés les premières semaines de sa présidence a voulu se servir des peintres sculpteurs et photographes pour faire connaître son image à des millions de français. Revers de la médaille, il devenu inévitablement la proie des caricaturistes. S'il se souvient de La Ménagerie Impériale, il ne doit pas trop se plaindre de se retrouver en Casimir-Terrier, chien de garde de la constitution, ce qui finalement sert sa popularité. Thiers n'est pas loin de partager cet avis; à la foire aux  pains d'épice, en voyant les gâteaux à son effigie, il s'est exclamé avec un sourire de satisfaction :  " Maintenant je vois que je suis vraiment devenu populaire ". (90).
 Les chroniqueurs mentionnent les expositions de caricatures et de journaux satiriques. Le Docteur Véron organise chez lui une grande fête pour le jubilé du Charivari, l'occasion pour le journaliste d'écrire une brève histoire du journal, de rappeler son importance et sa popularité tant en France qu'à l'étranger. Les habitants de Nouvelle Calédonie et de Cochinchine sont prêts à attendre plusieurs mois leur numéro. Il rappelle que le titre de Punch  est suivi du sous-titre or the London Charivari. Le Charivari a engendré Punch qui a engendré Le Triboulet. Ce dernier mène une politique étroite pour le trône et l'autel. La seule variante est l'allongement du nez de Jules Ferry (91).
Le peintre Edouard Détaille a fondé une association pour le développement des enseignes artistiques ; le maire de Paris, favorable à ce projet, organise un concours d'enseignes auquel participent non seulement des peintres mais aussi des  dessinateurs. Au potier d'étain est
d'une originalité exceptionnelle, orné de figures grotesques, c'est l'oeuvre de Robida. Rue Chateaudun, Paul Helleu a  dessiné une femme qui examine une gravure mais c'est Willette qui a réalisé les enseignes les plus remarquables, plusieurs sont décrites (92).
En 1894 The Sun rend compte des salons caricaturaux ; Le Journal Amusant, l'Illustration et des douzaines de journaux entrent en compétition pour savoir qui réussira les plus belles parodies. Tous les ans, les caricaturistes parisiens se livrent à  un joyeux jeu de massacre avec les tableaux des artistes qui rient aussi fort que les philistins les plus indécrottables devant les déformations subies par leurs œuvres. Ne pas être caricaturé, c'est se voir refuser la célébrité (93). En 1909 The New York Tribune recommande la visite de la plus parisienne des expositions, celle des humoristes français qui a lieu au Palais des Glaces. Ce salon de l'esprit et de l'humour montre environ 2000 pièces sans compter l'exposition rétrospective de portraits caricaturés. Les artistes exposés dont les dessins s'étalent de 1815 à 1900 sont nombreux (94). Un trait frappant de ce salon est l'augmentation de statuettes comiques en plâtre, bois ou terre cuite. On peut admirer les caricatures cocasses du président Taft, de Guillaume II, d'Edouard VII et d'Alphonse XIII entre autres personnalités publiques. Certains dessins de couleurs vives et harmonieuses semblent sortis de la palette de Goya, d'autres ont la sérénité de Puvis de Chavannes. Ce troisième salon organisé par Le Rire est certainement la plus intéressante et le plus joyeuse des expositions d'art (95).
En 1910 les caricatures d'aviateurs célèbres font fureur dans le "gay Paree". En bois et en plâtre, elle se vendent par milliers. Wilbur Wright et Santos-Dumont sont les plus demandés (96). En 1910 se tient également l'exposition des peintres caricaturistes qui combattent sous le drapeau de La Comédie Humaine. Le crû de cette année est honorable et amusant ; les us et coutumes du Paris contemporain sont dessinés avec un réalisme impitoyable. Les historiens à venir trouveront là une documentation précieuse. Véber montre Briand, à la tribune de la Chambre des Députés, menacé de mort par un groupe de socialistes, Devambez  croque les pickpockets et les apaches, Guillaume les distractions de la bonne société ; Taquoy, Steinlen Sem et Faivre sont également cités. La caricature française se maintient à un haut niveau ; on veut pour preuve de l'intérêt qu'elle suscite, une vente à l'Hôtel Drouot où une aquarelle de Daumier s'est vendue 5000 dollars et  un dessin d'un caricaturiste contemporain 1000 dollars (97 et 97a). Les artistes humoristes français ont deux salons annuels, celui de la société mère et celui des dissidents rue de la Boétie ; ces derniers ayant déjà fait l'objet d'un article, le journaliste se consacre aux œuvres exposées au Palais des Glaces qui a troqué ses sportifs patinés contre des amateurs de caricatures cocasses, de gauloiseries au cynisme mordant déclinées sur toutes sortes de support. Les caricaturistes de la vieille école disparaissent peu à peu et sont remplacés par des humoristes dans le vent. Les premiers difformaient, les seconds dévoilent l'envers comique des choses en procédant par sous-entendus subtils livrés à votre imagination ; les caricatures grotesques cèdent graduellement la place à des dessins plus élaborés (98).
Le génie français pour rire de tout est tombé au champ d'honneur : en 1915 une exposition des humoristes est organisée, les bénéfices seront distribués aux blessés de guerre et partagés avec les veuves et orphelins des artistes tués au front. L'ennemi n'est plus comique, il commet des atrocités horribles. Les caricatures sculptées sont de piètre qualité comme c'est souvent le cas, les meilleures sont des bouteilles de champagne représentant des soldats allemands ivres. Diverses actes d'héroïsme sont sculptés comme les zouaves prisonniers qui disent à leur camarades de tirer alors que les allemands avancent en se servant d'eux comme bouclier. Les dessins des soldats sont intéressants pour ce qu'ils révèlent de leur vie quotidienne dans les tranchées ; le thème des horloges volées est développé d'une façon plus amusante et le mauvais goût des femmes allemandes pour s'habiller est bien vu. (99). Une exposition des dessins de guerre à Londres fournit l'occasion de comparer la caricature française aux autres caricatures européennes, de dégager leurs qualités et spécificité. Les dessinateurs sont pour la plupart follement optimistes. Quelque soit l'événement, ils fêtent la victoire. Combien de fois les allemands ont fait mourir leurs ennemis de faim, combien de fois coulé la flotte britannique, combien de fois le Kaiser s'est avoué vaincu dans les dessins des alliés. Le critique du Times trouve étonnant que la guerre n'ait pas suscité une seule caricature de grande qualité. Il critique les distorsions puériles qui ridiculisent le Kaiser et le Kronprinz comme il déplore  les infamies attribuées à John Bull ou Lord Grey. Il s'attriste que trop peu de caricaturistes anglais soient capables d'utiliser ces armes redoutables que sont les caricatures ; Les plus féroces ont été produites par des allemands, elle sont  dans l'ensemble bien meilleures et plus amusantes que les anglaises. Peut-être faut-il se réjouir pour nos mœurs modernes que la caricature soit moribonde ; Punch et sa conception de la controverse graphique en est largement responsable, il s'est rarement essayé à la caricature au vrai sens du terme, il a mis en place une formule bien polie. La caricature semble morte en Angleterre ; Punch est l'un de ses fossoyeurs (100).

EN GUISE DE CONCLUSION

Comme on vient de le voir, la caricature française n'a pas été la seule à occuper les colonnes des journaux historiques américains : ils ont fait voyager leurs lecteurs dans l'espace et le temps en liant politique, histoire et caricature (101).
Les caricatures russe (102), cubaine (103), japonaise (104) et chinoise (105) ont été mentionnées. La caricature antique égyptienne, grecque et romaine a eu l'honneur des gazettes  (106) ainsi que la caricature européenne( 107) et ses journaux satiriques (108).
Pourvu qu'il fasse l'achat d' un journal et qu'il le lise, le banquier de New York comme le fermier du Dakota n'est pas excusable s'il ignore tout du sujet.

Propos et traductions de Daniel Dugne

NOTES

1- Puck 1910-11-09.
2- l'auteur de l'article n'a pas du lire toute la gamme de la littérature victorienne, n'a pas feuilleté par exemple "My life and Loves" de Frank Harris.
3-Delaware Gazette 1870-12-30.
4- The New York Herald 1872-10-26.
5- The Salt Lake Herald 1895-06-16.
6- The Evening Times 1900-01-09.
7-Evening Star 1908-08-18.
8- New York Tribune 1899-12-03. Article signé ex-attaché.
9-The Seatle Post Intelligence 1900-01-28.
10-New York Tribune 1883-05-27.
11-New York Tribune 1910-09-18.
12-New York Tribune 1912-05-12.
13-The Evening Times 1900-01-09.
14-appréciation d'un secrétaire général de ministre sur des journaux comme Le Corsaire dans             Balzac, Les Illusion Perdues Livre de Poche 1962 page 430.
15- New York Tribune 1910-09-18.
16-New York Tribune 1899-12-03 Article signé ex-attaché.
17-New York Tribune 1909-05-16.
18-New York Tribune 1912-05-12.
19- Mr W.S. Jackson dans son essai " On recherche un Gillray ".
20-New YorkTribune 1910-09-18.
21- WEITENKAMPF American graphic humor page 234.
22-article de H.D.Jones . Pittsburg Dispatch 1892-06-19.
23- Iowa State Bystander 1915-07-16 + The Clovis News 1915-08-06.
24-New York Times 1905-01-15.
25-The Sun 1913-06-13.
26-Gustave Kahn rend compte de " la bonne étude de Francis Carco Les Humoristes " en concluant par cette expression dans le Mercure du 15-05-1921 page 240.
27-New York Daily Tribune 1850-05-15.
28-New York Tribune 1883-05-27).
29-New York Tribune 1912-05-12).
30-New York Tribune 1909-05-16)
31-New York Tribune 1912-05-12).
32-New York Tribune 1909-05-16).
33-(New York Tribune 1922-04-02
34-New York Tribune 1897-11-21. Emprunté à Henri Bouchot  dans La Gazette des Beaux Arts.
35-article de H.D.Jones . Pittsburg Dispatch 1892-06-19.
36-National Republican 1881-11-10.
37-New York Times 1905-01-15.
38-The Morning Call 1890-10-02. Article signée Baroness Althea Salvador.
39-New York Tribune 1916-11-08.
40- Europe Evening Star 1922-12-25.
41-The Times Dispatch 1913-09-28. Les dessins qui illustrent l'article ont été publiés dans le numéro de L'Illustration du 16-08-1913, eux-mêmes tirés de l'album Tangoville.
42- NewYork Tribune 1916-11-08
43-The Sun 1911-07-16. L'article s'appuie sur le livre d'Arsène Alexandre.
44-The Sun 1908-07-23.
44a-un franc 1850 équivaudrait à 3 euros 2018 selon le site Histoire et généalogie
45-Daumier and Gavarni  bureau du Studio 1904 Paris. Le livre figurait dans le bibliothèque d'Eisenstein.
46-connaissait-il le visage de Doré ?
47-The Wasp 1883-02-17.
48-The Cincinnati Daily Star 1880-05 18 + New York Tribune du 1880-05-09.
49-" Life an Reminescences of Gustave Doré material compiled by Doré's relations and friends and from personal recollection ". Cassell and Company limited  Broadway 1885.
49a-30,000dollars 1850 équivaudraient à 881,035 dollars 2018 d'après Inflation Calculator
50-The Sun 1885-10-04.
51- The Ioma Register 1882-09-22.
52-Gustave Doré par J.Valmy-Baysse éditions Marcel Seheur 1930 page 58.
53-New York Tribune 1880-05-09.
54-Stendhal aurait pu écrire La Chartreuse de Moscou.
55-The San Francisco Call  1898-03-13.
56- Los Angeles Herald 1907-09-15.
57-The Sun 1909-02-27.
58-New York Tribune 1909-05-16.

59-Rabajoi de son vrai nom Jean Joubert, ingénieur et mathématicien, fut professeur à l’École polytechnique, chargé de cours sur la résistance des matériaux. Il est mort dans son village natal de Cherves-de-Cognac. Le Gill Blas du 1914-01-26 le compare à Sem. Son album fait scandale à Deauville.Tristan Bernard, Forain, Abel Faivre, Helleu font son éloge (Gill Blas 1913-08- 12 et 24). L'éditeur Gaston Neumans publie ses dessin du Front (L'Intransigeant 1917-05-15). Le rédacteur de Paris-Soir estime qu'il " avait rénové les arts décoratifs, de la caricature et de l'affiche avec autant de hardiesse que de goût. Si sa carrière ne fut pas aussi éclatante qu'elle aurait dû l'être, c'est que Rabajoi était d'une indépendance totale et farouche et qu'il préférait ses fêtes de Saint-Tropez ou ses méditations dans la Charente à la vie fiévreuse de la capitale (Paris Soir 1934-05-09). Lors de son voyage à New York, Hearst voulut lui acheter des dessins pour le Harper's Magazine mais trouva  excessifs les 500 francs demandés. Rabajoi, pourtant fort démuni, déchira les dessins devant lui (Comédia 1935-03-12). A l'entrée du 31° Salon des Humoristes, une rétrospective de ses dessins est organisée par Paul Poiret ; les portraits de ses contemporains sont les plus fins, les plus originaux et les plus mordants (Le Petit Parisien 1938-03-02).

59 bis- repose en paix, Lamartine.
60-The Times Dispatch 1914-03-29 .
60a-Rabajoi oublie ou ignore que les caricaturistes français, entre autres, ont utilisé ce procédé ; un exemple, si besoin est, Gilbert-Martin dans le Don Quichotte (1879-02-14)
écrit les noms de Grévy et Ferry pour ne citer que les noms des hommes politiques les plus connus.
61-The Daily Morning Astorian 1884-09-19.
62-The Sun 1897-03-05.
63-The Rising Sun 1905-02-24.
64-Evening Star 1903-01-16.
65-The Tacama  Times 1917-09-01.
66-1000 dollars 1903 équivaudraient à 25 111 dollars 2018,
66a-Pike County Press 1903-02-13.
67-The Evening Times 1901-12-31. D'autres journaux relaient cette information en donnant des détails.
68-The Record Union 1899-02-24
69-The Times Dispatch 1913-04-19.
70-Alma Record 1897-07-02.
71-Evening Star 1908-08-18.
72-The Times Dispatch 1913-03-09.
73-prix Nobel de la paix en 1909. Cambon le mettait en garde contre " le mimétisme  qui oblige tant de diplomates à épouser les susceptibilité et jusqu'aux phobies du peuple auprès duquel ils sont accrédités ". Mauriac-journal-mémoires politiques-bouquins 2009- page 323.
74-The San-Francisco Call  1901-12-25.
 75-New York Tribune 1899-12-10 + The Seatle Post Intelligencer 1899-12-10.
76-The Morning Astorian 1899-11-10.
77-The Seatle Post Intelligence 1900-01-28. Article signé par Edward Fawcett dans le Collier's Weekly.
78-Deming Graphis 1903-07-15.
79-New York Times 1899-12-10.
80-The San-Francisco Call  1901-12-25.
81-NewYork Tribune 1922-04-02. Aujourd'hui, le rédacteur ajouterait sans doute les noms de  celles qui ont traîné Charlie Hebdo devant les tribunaux : Madame Pompidou, Madame Giscard d'Estaing, Brigitte Bardot, Chantal Goya, Dalida, Denise Fabre.
82-Albuquerque Morning Journal 1921-05-03.
82a-10000 francs en 1921 équivaudraient à 1,096,363 euros 2016 d'après l'Insee et 1000 dollars 1921 à 13780.39 dollars 2018 selon Inflation Calculator.
83-The Rock Island Argus Daily Union 1921-06-17.
84-The Sun 1913-06-29.
85-The Daily Exchange 1859-07-15.
86-.The Wasp 1882-12-17.
87-New York Daily Tribune 1850-05-15.
88- New York Tribune 1894-09-02.
89-New York Daily Tribune 1850-05-15.
90-New York Tribune 1894-09-02)
91-New York Tribune 1883-05-27.
92-New York Times 1905-01-15.
93-The Sun 1894-05-27.
94-Isabey, Daumier, André Gillée (sic), Gavarni, Prosper d'Epinay, Carpeaux, Chevillard, Nadar, Monnier, Rowlandson, Abel Faivre, Métivet, Grün, Wély, Léandre, Véber, Morin, Hermann-Paul, Bac, Guillaume, Devambez, Fabiano, Gir, Lourdey, Rivière, Capiello, Mars, Bernard, Boutet de Monvel, Gerbault, Sem, Vallet, Willette.
95-New York Tribune 1909-05-16.
96-Wenatchee Daily World  1910-01-14.
97-New York Tribune 1910-12-25.
97a-1000 dollars 1910 équivaudraient à 25,111 dollars 2018 selon Inflation Calculator.
98-New York Tribune. Article daté du 23-04, publié le 12-05-1912.
99-Iowa State Bystander 1915-07-16).
100-New York Tribune 1916-11-08.
101- les articles sont trop nombreux pour être tous cités ici.
102-Anadarko Daily Democrat 1902-05-06.
103-Evening Star 1901-05-17
104-The Pacific Commercial Adviser 1894-09-07 + Perrysburg Journal 1895-09-14.
105-The San Francisco Call  1895-08-05 + Perrysburg Journal 1895-09-14
106-Perrysburg Journal 1895-09-14.
107-The New York Herald 1875-12-30  + Europe Evening Star 1922-12-25.
108-Sacramento Daily Record Union 1889-08-19.

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