Le dessinateur Patrick Bonjour publie "Du grand n'importe quoi" (aux éditions La route de la soie), une petite histoire de l'art plutôt décalée qui se demande si Michel Ange a bien peint les grottes de Lascaux... 50 artistes des deux sexes (écrivain.e.s, poètes, peintres, sculpteurs.trices, compositrices.teurs) sont passés à la moulinette. Ces 50 portraits seront exposés en septembre prochain au Salon international du dessin de presse de St just le Martel (près de Limoges).

Votre livre "Du grand n'importe quoi" aux éditions La route de la soie, propose une série de 50 artistes passés à la moulinette de l'anachronisme et de l'humour. Comment vous est venue cette idée ?
Pour "Du grand n'importe quoi" l'idée m'est venue d'abord sous forme de textes pendant le 1er confinement. En marchant j'ai écrit dans ma tête : "Un dîner de Gala/où Dali dégueula/la Vénus de Milo". C'était absurde mais l'idée de tercets de six pieds avec de l'humour et de la musicalité était là ! J'étais confiné, j'avais du temps, j'ai écrit 50 mini portraits et je les ai illustrés. "Du grand n'importe quoi" est une série de portraits loufoques mais j'avais réalisé avant "Grands maîtres" (chez Jacques Flament Éditions) qui était beaucoup plus sérieux (150 peintures et sculptures reproduites au stylo bille sur de vieux agendas), ainsi qu'une histoire pour enfants "Le bonhomme aux grands pieds" (aux Éditions Ludia) inspirée de Mondrian, Matisse, Miro et Picasso.

Comment en êtes vous arrivé au dessin d'humour ?
Je crois que le dessin d'humour a toujours fait partie de ma vie. Je me suis lancé dans le dessin de presse en 1987 après quatre ans de Droit qui restent une énigme dans ma vie... J'ai été beaucoup influencé au début par Wolinski et Cardon que j'ai rencontrés plusieurs fois à Paris. Mais c'est le travail du dessinateur Tim qui m'a fait comprendre qu'on pouvait utiliser l'histoire de l'art dans le dessin de presse.

Votre style est caractérisé par la simplification en aplats propre à la gravure sur bois. Pourquoi ce choix formel radical qui tourne le dos à toute forme de réalisme.
La simplification en aplats propre à la gravure sur bois me vient de diverses influences : Picasso et ses linogravures, Paul Klee, Miro, Matisse et ses découpages, Raoul Dufy pour les couleurs décalées du trait. J'essaie de changer de technique selon les livres, pour ne pas tourner en rond, pour garder l'excitation, pour envisager chaque livre comme une sorte d'aventure jamais gagnée d'avance...

Votre autre livre, "Le Virus est toujours là!" chez le même éditeur, détourne cette fois nombre d’œuvres connues avec une même et unique obsession : la pandémie actuelle. Quelle est la vocation de ces images souvent très drôles ?
"Le virus est toujours là" est en quelque sorte le tome deux de "Qu'Ovide dise 9" (Éditions La route de la soie), petit journal de bord de la pandémie écrit et illustré pendant le 1er confinement. Le "Virus est toujours là" détourne 50 œuvres, sculptures ou peintures, sous l'angle des gestes barrières liés au Covid 19. Avec chaque fois un médecin masqué qui donne des consignes, qui fait un peu la morale et qui au bout du compte infantilise. Ces détournements m'ont permis de surmonter mon ras le bol et de mettre de la poésie et de l'humour dans un monde et une époque qui en manquent cruellement... Un grand merci à Sonia Bressler, mon éditrice de La route de la soie qui me publie régulièrement et qui me permet d'être un témoin privilégié de notre époque.

Propos de Patrick Bonjour recueillis par Guillaume Doizy

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