Dessinateur de presse, fondateur de journaux, journaliste, photographe, auteur de livres, chansonnier, Alfred Le Petit (1841-1909) a eu la bonne idée de conserver et transmettre à ses descendants des milliers de lettres envoyées (copies) ou reçues. Lettres familiales (à ses parents, se femme ou son fils Alfred-Marie, très instructives), courriers professionnels bien sûr, qui reflètent ses activités pendant une bonne quarantaine d’années. Nous publions dans les semaines qui viennent quelques unes de ces missives inédites, en expliquant leur contenu.
La question de la diffusion de la presse satirique en province au 19e siècle est rarement évoquée. La correspondance d’Alfred Le Petit comprend de nombreux échanges avec des dépositaires ou des colporteurs des départements. Qu’il s’agisse des journaux satiriques qu’il fonde à Paris, comme La Caricature, Le Pétard ou Le Sans-Culotte (entre autres), ou encore de placards mêlant texte de chanson et caricature, Alfred Le Petit, en plus de dessiner, rédiger des textes, s’occuper des questions d’impression, entretient toute une correspondance avec des revendeurs locaux qui lui commandent des ballots de journaux ou de placards. Dans cette lettre en provenance de Bézier, le correspondant interroge Alfred Le Petit sur les « conditions » faites aux revendeurs, après avoir découvert l’existence d’un concurrent dans la ville. Au-delà des questions d’argent, la lettre révèle également qu’Alfred Le Petit, en dessinateur mais aussi en photographe, adressait à ses revendeurs des photographies de députés, en plus de ses journaux satiriques, une diversification de l’activité qui semble alors assez logique, les photo-cartes de célébrité connaissant un indéniable succès depuis les années 1860.
Guillaume Doizy