Léon Lebègue, projet de titre pour La Plume
Autour de « La Plume »
Par Jacky Houdré
En ce moment et jusqu’au 14 avril 2007 se tient une exposition intitulée « La Plume, une revue pour l’Art » à l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA) dans la Galerie Colbert , 2 rue Vivienne, Paris (2ème arrondissement).
L’exposition consacrée à la revue littéraire et artistique créée par Léon Deschamps en 1889 couvre la période de 10 années pendant lesquelles il la dirigea. Les années de parution de « La Plume » sous la direction de Karl Boès (1899-1914) ne sont pas traitées.
Les oeuvres et documents présentés proviennent du fonds de l’INHA, de la collection Jacques Doucet en particulier.
Portrait de Jossot par Léon Lebègue, La Plume, 1/2/1894
Parmi les nombreuses revues de l’époque (le « Mercure de France », la « Revue Blanche », "l’Ermitage" étant les plus connues) « La Plume » affiche, dès son premier numéro, la volonté de promouvoir tous les talents artistiques sans distinction de chapelle, avec une devise : « Pour l’Art ».
La revue qui publie Jules Laforgue, Léon Bloy, Paul Verlaine, Jean Moréas, Stéphane Mallarmé et beaucoup d’autres connaît un rapide succès.
Dès ses débuts, elle va utiliser l’illustration avec un portrait hors texte, puis de plus en plus de productions graphiques : culs de lampes, lettrines (par Jossot), fleurons, vignettes, ornements typographiques ( par E. Grasset) dessins par une pléiade d’artistes (Willette, Steinlein, Ibels, Luce, Chéret, Forain mais aussi Toulouse-Lautrec, Maurice Denis, Gauguin, Pissaro, Signac, Seurat, Redon …).
Frédéric-Auguste Cazals, Affiche du Salon des Cent, 1894.
La revue publie aussi des chroniques sur les salons d’art, des articles analytiques et théoriques sur les nouvelles idées artistiques, les nouveaux courants.
Pour briser la monotonie de la formule, Deschamps crée des numéros spéciaux sur des thèmes ou des artistes (numéro consacré au « Chat Noir » confié à Rodolphe Salis, au symbolisme de Moréas, à Alfons Mucha ou encore à l’occultisme).
Il va également mettre en place un certain nombre d’activités parallèles pour faire se rencontrer et diffuser les productions d’artistes soutenus par la revue.
Citons : - des soirées littéraires et artistiques bi-mensuelles
- des banquets autour de personnalités comme Verlaine, Leconte de Lisle, Zola, Rodin…
- une maison d’édition : Bibliothèque Littéraire et Artistique avec un catalogue des ouvrages, de dessins, d’estampes et d’affiches.
- pour encourager la création la revue organise des concours de poésie, de dessin.
- et surtout il crée, dans les locaux de la revue, le fameux Salon des Cent qui connaîtra de 1894 à 1900 57 expositions durant chacune deux mois. En principe ils regroupaient cent artistes mais il y aura aussi des salons monographiques pour Mucha ou Grasset. Les jeunes artistes y côtoyaient les artistes confirmés.
On y montrait des dessins, de la peinture mais aussi des sculptures, de la céramique, des verreries, des éventails, des menus illustrés…
Jossot, Salon des Cent, 1894
Pour ces expositions, il y aura les fameuses affiches du Salon des Cent. Prenant en compte "l’affichomanie" de cette fin de siècle, Deschamps fera imprimer en plus de celles qui seront placardées, des exemplaires supplémentaires pour les collectionneurs dont des exemplaires de luxe, avant la lettre, qui vont constituer de véritables œuvres originales pour les artistes.
On peut voir dans l’exposition de la Galerie Colbert celles de Grasset, de Ibels, de Mucha, Jossot, Lebègue, Boutet, F.A. Cazals et même une œuvre de James Ensor dont ce sera la seule affiche.
Aller voir ces chefs d’œuvre vous permettra de mieux connaître une revue ouverte à toutes les formes d’art, présentant une multiplicité d’approches avec l’éclectisme comme idéal.
Jacky Houdré
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