Ci-dessus, le dessinateur Raemaekers attaquant Germania. Dessin de Maurice Neumont , 1916.
Journée d’études, Salon du dessin de presse et d’humour, Saint-Just-Le-Martel, 4 octobre 2013
9H30, présentation par Guillaume Doizy
9H45-12H30 : Dessinateur en guerre : combattant, justicier et… « bourreur de crâne » ?
- Ariane de Ranitz (spécialiste hollandaise) : Louis Raemaekers : quand un dessinateur de presse influence la conduite de la guerre
- Cécile Coutin (conservatrice BNF) : Forain, dessinateur de presse (1914-1918)
- Laurent Bihl (docteur en histoire) : Adolphe Willette : L’extase du massacre. Engagement, activités et frustrations entre 1914 et 1918
- Josep Pinyol Vidal (professeur à l’Ecole centrale de Nantes, membre de l’EIRIS) : La satire catalane de Apa et Picarol pendant la Grande Guerre : Un regard engagé dans une Espagne
neutre
14H30-17H : En marge de la « culture de guerre »
- Françoise Bouron (rédactrice en chef adjointe de la revue Guerres mondiales et conflits contemporains) : Les dessinateurs face à la censure pendant la 1ère Guerre mondiale
- Guillaume Doizy (auteur d'ouvrages sur la caricature) : Steinlen et la « culture de guerre »
- Michel Dixmier (collectionneur ; auteur d’ouvrages sur la caricature) : Lucien Laforge, un dessinateur en révolte contre la guerre
Pour un argumentaire plus détaillé, voir http://calenda.org/233345
A l’arrière dans la presse quotidienne ou hebdomadaire, au front dans les journaux de tranchées ou dans des caricatures brandies au visage de l’ennemi, sous forme de cartes postales publiées à des centaines de milliers d’exemplaires ou encore d’affiches, lors d’expositions, dans des monographies illustrées ou même des tracts lancés par avion, le dessin satirique accompagne la Première guerre mondiale. Chez les belligérants d’abord, mais également dans les pays neutres, le dessin satirique inonde le quotidien, tandis que le dessinateur, souvent comparé à un soldat, intègre l’imaginaire guerrier et se voit attribuer l’incroyable mission de dire la « vérité » sur l’adversaire, pour mieux éclairer le monde. Le dessinateur guerrier, casqué, militarisé, à l’arrière principalement mais parfois également au front, offre à la société des images frappantes et souvent d’une très grande violence. Il s’agit de toucher les esprits, d’aider à la mobilisation, de galvaniser l’arrière en mettant en scène l’horreur des crimes de l’adversaire, mais également l’héroïsme de son camps, et la quasi la beauté des combats.
Peut-on encore, à l’invitation de John Grand-Carteret, considérer le dessinateur de presse comme un « journaliste du crayon », un « journaliste-dessinateur », ou plutôt, selon Clément-Janin en
1919, comme un « actualiste » qui use « de toutes les armes : l’ironie, l’invective, le sarcasme et de la plus terrible de toutes : la vérité » ?
Au-delà de ces caractérisations intéressées et réductrices des dessinateurs de guerre décrits comme formant un bloc homogène, ne faut-il pas envisager la diversité des sensibilités qui traversent
la profession ? Repérer certaines stratégies d’évitement, voire de contestation plus franche du discours guerrier ? Comment qualifier la posture de ces dessinateurs face à l’événement inouï que
constitue la guerre ? Quel rapport de proximité ou de distance ces caricaturistes entretiennent-il avec la réalité et sa médiatisation filtrée par la censure puis les journalistes, idéalisée par
le patriotisme, déformée par la rumeur ? Doit-on encore considérer le dessinateur comme un observateur, un journaliste engagé dans la défense de sa patrie ou enfin comme un « bourreur de crâne »
plus ou moins conscient de son action de propagande ? En quoi l’expérience des combats ou au contraire la position de dessinateur éloigné du théâtre du conflit influent-elles sur sa vision de la
guerre ? Quelles justifications utilise le caricaturiste pour légitimer ses dessins et quel(s) regard(s) la société porte-elle sur lui ?
Pour répondre à ces questions, 7 spécialistes interviendront lors de la journée d’études du 4 octobre 2013 :
Les dessinateurs de presse pendant la Grande Guerre : observateurs critiques, journalistes engagés ou bourreurs de crânes ?