Invoqué plusieurs centaines de fois par de Gaulle, le délit d'outrage au président de la République sert peu sous Pompidou. En 1974, Giscard, élu, annonce renoncer pour lui même à cet aspect de la loi. Pour autant, deux ans plus tard, un libraire de Nancy, Marc Ways, édite un jeu de carte satirique visant le chef de l'État. Le Giscarte sort simultanément en France, en Belgique, en Suisse et en Italie.
Le « Giscarte » devient rapidement fameux car le chef de cabinet du président, informé par l'éditeur de la parution prochaine de ce jeu, demande à son auteur de renoncer à son projet. Illustré de caricatures réalisées par un enseignant local (Eddy Numérol), le jeu est interdit de commercialisation en référé quelques jours à peine après sa mise en vente. Recourant à la parodie historique, le dessinateur y fait jouer à Giscard les rôles des grandes figures qui ont marqué l’histoire de France, depuis l'homme préhistorique jusqu'à de Gaulle. Surpris par l'assignation en justice, Marc Ways déclare à l'époque : "Je n'en reviens pas, et le livre du président sort cette semaine, il s'appelle Démocratie. Même en 1968, à l'époque du général de Gaulle, un jeu de cartes illustré par Siné a été édité caricaturant les membres du gouvernement, et représentant le général dans le rôle des rois..." L’éditeur est condamné, interdiction de vendre le Giscarte ! Pour ne pas se dédire, Giscard a trouvé une parade : au lieu d'invoquer l'outrage au chef de l'État, il dénonce l'utilisation commerciale illicite de son image. Sarkozy utilisera plus tard également ce subterfuge juridique.
Mauvais joueur, Giscard d'Estaing !
Voir les quelques documents ci-dessous. Édifiant...