Parution du numéro 28 de Ridiculosa
Caricature et épidémies, textes réunis par Alain Deligne et Jean-Claude Gardes
SOMMAIRE
Avant-propos 7
Introduction (Alain DELIGNE & Jean-Claude GARDES) 9
Partie historique
Alain DELIGNE 17
Covid & Co et leur événementalisation
Brigitte FRIANT-KESSLER 27
Épidémies monstres : imaginaires scientifiques et tératographies satiriques,
du choléra au covid (19e-21e siècles)
Lucie LACHENAL 47
L’épidémie de choléra morbus de 1832 sous le crayon des caricaturistes
européens
Agnès SANDRAS 65
« Grêlés » et vaccination anti-variolique vus par la presse satirique
entre 1840 et 1907
Maria Virgílio CAMBRAIA LOPES 85
« Être utile même en jouant »
Caricature et mesures sanitaires à Lisbonne au XIXe siècle
Jean-Claude GARDES 105
La réaction des revues satiriques allemandes Titanic et Eulenspiegel face aux
épidémies de SRAS (2002-2004) et d’Ebola (2014-2015)
La pandémie actuelle
Ludivine THOUVEREZ 123
Juan Kalvellido : de la grippe aviaire à la crise du covid
Yue YUE 139
Quand la caricature rencontre la souffrance collective face au covid-19 :
le cas de la Chine
Michèle TROUVÉ-SILVA 155
La caricature du coronavirus au Chili.
Entre crise sanitaire et crise politique
Thérèse WILLER 169
Coronavirus illustré - ou non
Margarethe POTOCKI 183
Le masque dans tous ses états
À propos d’un objet aux nombreuses facettes
Angelika SCHOBER 205
Regina von haller-beckmann : corona à Potsdam
Témoignages de caricaturistes
Dorthe LANDSCHULZ 223
Le rire au temps du coronavirus
Benoît QUINQUIS 231
Témoignage :
comment mes crayons ont (presque) déclaré forfait face au virus
Vladimir KAZANEVSKY 247
Coronacartoons pandemic
Rainer HACHFELD 253
Gefährlich und gemein - Zum Zeichnen der Corona-Cartoons
Dieter HANITZSCH 269
Es ist nicht immer zum Lachen
Il n’y a pas toujours de quoi rire
Résumé des articles
Résumé des articles en français, allemand, anglais 279
EIRIS Equipe Interdisciplinaire de Recherche sur l'Image Satirique - Caricature et épidémies
EIRIS Equipe Interdisciplinaire de Recherche sur l Image Satirique
275
RÉSUMÉS DES ARTICLES
Alain DELIGNE
Covid & Co et leur ‹ événementalisation ›
Le battement d’ailes d’une chauve-souris à Wuhan nous a fait passer d’un micro-événement
à un macro-événement, au sens de fait anthropocène total. Pour désigner cet
événement qui nourrit depuis deux ans l’imaginaire des caricaturistes s’est imposée à
nous une notion encore peu connue hors des pays germanophones, celle d’Ereignis-
Karikatur (« caricature-événement »). En effet, ce macro-événement actuel rejoint
d’autres événements qui, par le passé, ont marqué l’histoire de l’humanité, à l’instar
d’autres pandémies, mais aussi des cataclysmes naturels ou des catastrophes produites
par l’homme comme les guerres. C’est principalement un dessin de l’Argentin Sergio
Aquindo qui illustre notre propos : alors que la crise du Covid est loin d’être terminée,
elle est déjà historicisée.
Covid & Co als Ereignis-Karikatur
Der Flügelschlag einer Fledermaus in Wuhan hat uns von einem Mikro-Ereignis zu
einem Makro-Ereignis im Sinne einer « gesamtgesellschaftlichen Tatsache » geführt.
Um ein solches Ereignis zu bezeichnen, das seit zwei Jahren die Phantasie der
Karikaturisten beflügelt, hat sich uns ein noch wenig außerhalb des deutschsprachigen
Raums bekannter Begriff, aufgedrängt: Der der Ereignis-Karikatur. Tatsächlich
schließt sich dieses aktuelle Makro-Ereignis anderen Ereignissen an, die in der
Vergangenheit die Geschichte der Menschheit geprägt haben, Pandemien wie der
schwarze Tod, Naturkatastrophen oder auch von Menschen verursachte Kataklysmen
(wie Kriege). Unsere These wird vor allem von einer Zeichnung des argentinischen
Zeichners Sergio Aquindo illustriert: Die Covid-Krise ist zwar noch lange nicht
vorbei, aber bereits historisiert.
276
Covid & Co and their ‘event’
The beating of a bat’s wings in Wuhan has taken us from a micro-event to a macroevent,
in the de facto total Anthropocentric sense. To classify this event, which
has fuelled the imaginations of cartoonists for two years, a useful notion is that of
Ereignis-Karikatur (‘caricature-event’): a concept that is still little known outside
German-speaking countries, but one that has somewhat imposed itself on us. Indeed,
this current macro-event joins other events which, in the past, marked the history of
humanity, like other pandemics, but also natural cataclysms or catastrophes produced
by mankind (i.e. wars). It is mainly a drawing by Argentinian Sergio Aquindo that
illustrates this point: while the Covid crisis is far from over, it is already historicized.
Brigitte FRIANT-KESSLER
Épidémies monstres :
imaginaires scientifiques et tératographies satiriques,
du choléra au Covid (19e-21e siècles)
Alors que la pandémie du Covid19 fait rage sur la planète depuis presque 2 ans, le
regard porté par les caricaturistes, dans la presse ou en ligne, n’est pas sans rappeler
que d’autres épidémies du passé avaient suscité des peurs et des réactions similaires.
En partant des images satiriques des grandes épidémies du choléra du 19e siècle,
notamment en Grande-Bretagne, France ou aux Etats Unis, cet article propose une
réflexion critique sur le rôle des symptômes, la xénophobie et les violences faites au
corps, qu’il soit politique ou physiologique. Du choléra au Covid, les procédés de
transformations formelles et les jeux d’échelles reflètent autant les imaginaires scientifiques
autour des représentations d’agents pathogènes, que des peurs et des espoirs,
ainsi que les limites éthiques et les échecs des politiques. Observer les épidémies au
prisme de la tératographie, propre à chaque artiste, permet d’appréhender à la fois des
effets réels des épidémies et la portée des discours satiriques qu’elles engendrent, hier
et d’aujourd’hui.
Monster-Epidemien :
Die Vorstellungen von Wissenschaftlern und die Horror-Kreaturen
von Satirikern, von der Cholera bis Covid (19. – 21. Jahrhundert)
Seit fast zwei Jahren beherrscht die Covid-19-Pandemie unseren Planeten und wir
stellen fest, dass der Blick der heutigen Karikaturisten in Printmedien wie im Web
durchaus an die früheren Ängste und sonstige Reaktionen auf Epidemien erinnert.
277
Der vorliegende Artikel befasst sich mit den satirischen Darstellungen der Cholera-
Epidemien im 19. Jahrhundert, insbesondere in Großbritannien, Frankreich und den
USA. Er versteht sich als kritische Reflexion auf die Rolle von Symptomen wie
Fremdenfeindlichkeit und körperliche Gewalt politischer wie physiologischer Natur.
Von der Cholera bis Covid beobachten wir Verfahren der Veränderung von Formen wie
Maßstäben, die ihrerseits auf wissenschaftliche Vorstellungen von Krankheitserregern,
von Ängsten wie von Hoffnungen verweisen, auf ethische Grenzen und politisches
Versagen. Die Betrachtung von Epidemien mithilfe der Darstellungen von je nach
Künstler unterschiedlichen monströsen Kreaturen gestattet es zum einen, die
tatsächlichen Folgen der Epidemien zu erfassen, und zum anderen die satirischen
Diskurse, die sie gestern wie in unserer Gegenwart hervorgebracht haben.
Monstrous epidemics :
visions of science and teratographic satire,
from cholera to Covid (19th-20th centuries)
As the current pandemic has had a global impact for nearly two years, this essay
examines how anxieties percolate and reverberate, both in the press and online,
in Covid19-related satirical images from Britain and the United States. By taking
as starting point satirical prints and illustrations connected to cholera outbreaks in
19th-century Britain, France and the United States, it addresses the semiotics of
symptoms, xenophobia and how the body is violated in this iconography. I argue
that cartoonists and graphic artists, from cholera to Covid, rely on various forms of
transformative power in their art, which I define as teratographic, and which is central
to understanding perceptions of otherness and the metaphorical discourse on fears and
hopes. While such images also disseminate more or less fantasised visions of medical
and scientific knowledge alongside actual repercussions of the disease, the article
shows how effectively artists demonstrate brilliance when they use scale shifts and
how their individual take on monstrosity enables them to expose ethical failings as
well as political shortcomings, then and now.
Lucie LACHENAL
L’épidémie de choléra morbus de 1832
sous le crayon des caricaturistes européens
Le xixe siècle a été marqué par plusieurs épidémies de choléra. Cette maladie se
manifeste pour la première fois en Europe dans les années 1830, cheminant depuis
l’Inde jusqu’en Amérique du nord suivant le trajet des bateaux de commerce et des
278
militaires. Son introduction en Europe suscita autant d’interrogations que de fantasmes.
Coïncidant avec le développement de la caricature dans la presse périodique,
le choléra devint, sous le crayon des caricaturistes, le support de critiques politiques,
sociales mais aussi le moyen de se moquer des moeurs d’alors. Défiant les frontières
instituées entre pays et entre classes sociales, le choléra se retrouve dans les dessins
humoristiques et caricatures politiques des pays traversés, autant comme sujet que
comme agent de la critique. Cet article propose, à travers quelques exemples pris dans
la production française, anglaise et allemande, de comparer ces satires graphiques des
points de vue thématique et formel.
Die Choleraepidemie von 1832,
gezeichnet von europäischen Karikaturisten
Das 19. Jahrhundert war von mehreren Choleraepidemien gekennzeichnet. In Europa
erscheint diese Krankheit zum ersten Mal in den 1830er Jahren. Ausgehend von
Indien verbreitet sie sich bis Nordamerika entlang der Routen der Handels- und
Kriegsschiffe. Ihre Ankunft in Europa ruft viele Fragen und Phantasmen hervor, sie
geschieht gleichzeitig mit der Entwicklung der Karikatur in der Presse. Durch die
spitze Feder der Karikaturisten wird die Cholera Träger politischer und sozialer Kritik,
sie verspottet auch die damaligen Sitten. Da sie keine Grenzen zwischen Ländern und
sozialen Klassen respektiert, erscheint sie in den humoristischen Zeichnungen und
politischen Karikaturen jener Länder, in denen sie wütet, als Mittel und Gegenstand
der Kritik. Anhand französischer, englischer und deutscher Beispiele vergleichen wir
diese Bildsatiren thematisch und formal miteinander.
The cholera morbus epidemic of 1832
through the pencil of European cartoonists
The 19th century was marked by several cholera epidemics. The disease first appeared
in Europe in the 1830s, traveling from India to North America following the route of
merchant ships and soldiers. Its introduction to Europe raised as many questions as it
did fantasies. Coinciding with the development of caricature in the periodical press,
cholera became - through the pencil of cartoonists - the basis for political and social
criticisms but also the means of making fun of the customs of the time. Defying the
borders established between countries and boundaries between social classes, cholera
is found in the caricatures and political cartoons of the countries it crossed, both as a
subject, and as an agent, of criticism. This article proposes - through a few examples
taken from French, English and German origin - to compare these graphic satires from
a thematic as well as a formal point of view.
279
Agnès SANDRAS
« Grêlés » et vaccination anti-variolique vus par la presse satirique
entre 1840 et 1907
Le rire français autour de la vaccination anti-variolique au XIXe siècle participe de la
mise à distance de la maladie et de ses conséquences qu’inspirent plus généralement
les épidémies (choléra, grippe…) à la presse satirique. Erotisation des séances de
vaccination, sacralisation humoristique des génisses vaccinifères, ironie sur les candidats
au vaccin, etc., sont autant de façons de rendre le geste vaccinal plus familier
que risqué aux lecteurs. Personnages non ou mal vaccinés, les « grêlés » par la variole
peuvent jouer dans tous les sens du terme le rôle du repoussoir.
Pockennarbige und Pockenimpfung als Gegenstände der satirischen Presse
zwischen 1840 und 1907
Das französische Lachen über die Pockenimpfung im 19. Jahrhundert ist eine der
Methoden der satirischen Presse, die Krankheit und ihre Folgen, darüber hinaus die
Epidemien im Allgemeinen (Cholera, Grippe usw.), auf Distanz zu halten. Dabei
werden die Impfszenen erotisiert, die den Impfstoff liefernden Färsen auf komische
Weise sakralisiert, die angehenden Impflinge mit Ironie betrachtet usw. All das trägt
dazu bei, den Vorgang des Impfens zu banalisieren, ihn als ungefährlich darzustellen.
Die nicht oder fehlerhaft geimpften Pockennarbigen dienen dagegen als abschreckende
Gegenbeispiele.
“The Pockmarked” and smallpox vaccination seen by the satirical press
between 1840 and 1907
French laughter around the anti-smallpox vaccination in the nineteenth century
participates in the distancing of the disease and its consequences that inspire the
satirical press more generally in terms of epidemics (cholera, flu ...). Erotization
of vaccination sessions, humorous sacralization of vaccinating heifers, irony about
vaccine candidates, etc., are all ways to make the vaccine gesture more familiar than
risky to readers. As characters, whether not or poorly vaccinated, the “pockmarked»
by smallpox can play in every sense of the word the role of the repoussoir, the
revealing, drawn-back curtain.
280
Maria Virgílio CAMBRIA LOPES
« Être utile même en jouant »
Caricature et mesures sanitaires à Lisbonne au XIXe siècle
En 1879, le caricaturiste Rafael Bordalo Pinheiro est revenu à Lisbonne après avoir
travaillé pendant quatre ans à Rio de Janeiro. À cause des épidémies de fièvre jaune
qui décimaient des milliers de personnes au Brésil, il fut empêché d’entrer dans la
capitale portugaise et il fut confiné dans le Lazareto. Une fois libre, le caricaturiste
publia un livre de caricatures avec le récit satirique de cette expérience (les conditions
de vie dans le Lazareto : le logement, la pénurie alimentaire, les prix exorbitants, les
rêves de ceux qui sont en isolement prophylactique …) et il continua aussi à publier
des satires qui montraient l’incapacité du gouvernement et l’administration sanitaire
à bien gérer les situations épidémiques. Conçues en lien étroit avec les expériences
vécues au fil des ans, les images analysées sont d’une actualité remarquable. Elles
sont aussi un document expressif de la façon dont à Lisbonne, à cette époque-là, on
faisait face aux épidémies.
« Sogar spielend nützlich sein »
Karikatur und gesundheitspolitische Maßnahmen in Lissabon
während des XIX. Jahrhunderts
Im Jahre 1879 kehrte der Karikaturist Rafael Bordalo Pinheiro nach Lissabon
zurück, nachdem er vier Jahre in Rio de Janeiro gearbeitet hatte. Wegen der
Gelbfieberepidemien, die tausende von Menschen in Brasilien dahinrafften, wurde er
daran gehindert, sich in die portugiesische Hauptstadt zu begeben, und in das Lazareto
gesperrt. Wieder frei, veröffentlichte der Künstler ein Buch mit Karikaturen und dem
satirischen Bericht über diese Erfahrung (die Lebensbedingungen im Lazareto: die
Unterbringung, die mangelhafte Ernährung, die überhöhten Preise, die Träume derer,
die sich in prophylaktischer Isolierung befanden … ) und er veröffentlichte auch
weiterhin Satiren, die die Unfähigkeit der Regierung und der Gesundheitsbehörden
zeigten, die Situation zu bewältigen. In direktem Zusammenhang mit den Ereignissen
dieser Jahre erweisen sich die analysierten Bilder von bemerkenswerter Aktualität.
Sie sind ebenfalls ein ausdrucksvolles Dokument der Art und Weise, wie man in
Lissabon zur damaligen Zeit auf die Epidemien reagierte.
“Being useful even while playing”
Caricature and Sanitary Measures in 19th Century Lisbon
In 1879, the cartoonist Rafael Bordalo Pinheiro returned to Lisbon after having worked
for four years in Rio de Janeiro. Because of the yellow fever epidemics that decimated
281
thousands of people in Brazil, he was prevented from entering the Portuguese capital
and confined to Lazareto. Once free, the cartoonist published a book of cartoons with
the satirical account of this experience (accommodations, food shortages, outrageous
prices, the dreams of those who were in prophylactic isolation…) and he also
continued to publish satires which showed the inability of the government and the
health administration to cope with epidemic situations. Conceived in close connection
with his experiences over a number of years, the images analysed are remarkably
topical. They are also an expressive document of how Lisbon dealt with epidemics
at that time.
Jean-Claude GARDES
La réaction des revues satiriques allemandes Titanic et Eulenspiegel
face aux épidémies de SRAS (2002-2004) et d’Ebola (2014-2015)
Illustrer par la satire des crises sanitaires s’avère être une entreprise extrêmement
difficile, d’autant plus lorsque la crise ne touche pas directement le lectorat visé. Les
épidémies du SRAS et d’Ebola n’ont donc retenu l’attention des satiristes et caricaturistes
allemands de Titanic et Eulenspiegel que pendant un laps de temps très court. En
raison de l’éloignement des foyers de crise, les artistes ont de plus eu des difficultés
à trouver des angles d’attaque vraiment satiriques ; ils se sont donc contentés le plus
souvent d’évoquer, dans des scènes ou représentations essentiellement loufoques,
destinées à susciter le rire, les craintes de leurs concitoyens et les principaux moyens
pratiques mis en oeuvre pour combattre le virus (masque, thermomètre…).
Die Reaktion der deutschen Satire-Zeitschriften Titanic und Eulenspiegel
auf die Epidemien SARS (2002-2004) und Ebola (2014-2015)
Sanitäre Krisen satirisch darzustellen, erweist sich als ein äuβerst schwieriges
Unterfangen, zumal die Leserschaft nicht unmittelbar betroffen ist. Aus diesem
Grund haben die Epidemien SARS und Ebola die Aufmerksamkeit der deutschen
Karikaturisten von Titanic und Eulenspiegel nur kurze Zeit auf sich gezogen. Infolge
der Entfernung der Krisenherde fiel es den Cartoonisten darüber hinaus schwer,
wahrhaft satirische Angriffspunkte aufzuspüren. Sie gaben sich daher zumeist damit
zufrieden, in vorwiegend verrückten Einzel- oder Abfolge-Karikaturen die Ängste
ihrer Mitbürger oder die wichtigsten praktischen Mittel zur Bekämpfung des Virus
(Maske, Thermometer…) zu veralbern, um damit einen Lacheffekt zu erzielen.
282
The reaction of the German satirical journals Titanic and Eulenspiegel
to the SARS (2002-2004) and Ebola (2014-2015) epidemics
Satirizing health crises through visual means is proving to be an extremely difficult
undertaking; especially when the particular crisis does not directly affect the target
readership. The SARS and Ebola epidemics therefore captured the attention of
German satirists and cartoonists from Titanic and Eulenspiegel for only a very short
period of time. Due to the remoteness of the hotbeds of the crises, artists have had
difficulty finding truly satirical angles of attack. They were therefore - more often than
not - satisfied with evoking, in imagined scenes or essentially wacky performances
(intended to arouse laughter), the fears of their fellow citizens and the main practical
means implemented to fight the virus (masks, thermometers, etc.).
Ludivine THOUVEREZ
Juan Kalvellido : de la grippe espagnole à la crise COVID
À partir d’une série d’images satiriques publiées entre 2008 et 2020, cette contribution
se propose d’appréhender le traitement esthétique et éthique des épidémies et des
pandémies dans l’oeuvre du dessinateur espagnol Juan Kalvellido. Après avoir présenté
le parcours atypique de l’artiste, nous nous intéressons à ses représentations de
la crise de la vache folle et de la grippe aviaire dans les années 2000, de la famine de
2011 en Somalie, puis de la récente crise du COVID qu’il vécut de l’intérieur puisque
sa compagne fut mobilisée pour soigner les patients infectés par le virus. Nous verrons
que l’oeuvre de Kalvellido s’illustre par son engagement politique et une remise en
question permanente des modèles de production capitalistes, qu’il considère responsables
des multiples catastrophes qui ont secoué le monde au cours des vingt dernières
années.
Juan Kalvellido : Von der spanischen Grippe bis zur Corona-Krise
Ausgehend von einer Reihe satirischer Bilder, die zwischen 2008 und 2020 erschienen
sind, untersucht dieser Beitrag die ästhetische und ethische Verarbeitung von Epidemien
und Pandemien im Werk des spanischen Zeichners Juan Kalvellido. Zuerst wird die
atypische Laufbahn des Künstlers vorgestellt, dann seine Darstellungen der Krisen des
Rinderwahns und der Vogelgrippe in den 2000er Jahren sowie der Hungerkatastrophe
2011 in Somalia. Danach wird die aktuelle Corona-Krise beleuchtet, die der Zeichner
von innen her erlebte, da seine Lebensgefährtin mobilisiert wurde, um Patienten
283
zu behandeln, die mit dem Virus infiziert waren. Wir sehen, dass sich Kalvellidos
Werk durch politisches Engagement und ständige Infragestellung der kapitalistischen
Produktionsweisen auszeichnet, die er für die vielen Katastrophen verantwortlich
macht, welche die Welt in den letzten zwanzig Jahren erschütterten.
From the Spanish flu to the Covid crisis
Based on a series of satirical images published between 2008 and 2020, this
contribution aims to understand the aesthetic and ethical treatment of epidemics and
pandemics in the work of the Spanish cartoonist Juan Kalvellido. After presenting
the atypical career of the artist, we will focus on his representations of the mad cow
and the avian influenza crises in the 2000s, the 2011 famine in Somalia, and the
recent COVID pandemic, which he experienced from the inside as his partner was
mobilised to treat patients infected by the virus. We will see that Kalvellido’s work
is characterised by a political commitment and a permanent questioning of capitalist
production models, which he considers responsible for the multiple disasters that have
undermined the world over the last twenty years.
Yue YUE
Quand la caricature rencontre la souffrance collective face au covid -19 :
le cas de la Chine
Face à la situation chaotique créée par la catastrophe sanitaire depuis début 2020,
les caricaturistes chinois ont réagi de diverses façons : si en Chine les artistes officiels
publiés dans les médias font oeuvre de propagande, les artistes chinois en exil
dénoncent les mensonges gouvernementaux.
Die Karikatur und das kollektive Leiden durch Covid 19 –
am Beispiel Chinas
Auf die chaotische Lage, die Anfang 2020 durch die Gesundheitskatastrophe
entstanden ist, haben die chinesischen Karikaturisten sehr unterschiedlich reagiert:
während die offiziell anerkannten Künstler in China, die dort von den Medien
veröffentlicht werden, Propagandazeichnungen vorlegen, üben die chinesischen
Künstler im Exil Kritik an den Lügen der Regierung.
284
When caricature meets collective suffering in the face of covid-19 :
the case of China
Faced with the chaotic situation created by the health disaster since the beginning of
2020, Chinese cartoonists have reacted in various ways: if in China official artists
published in the media are propaganda work, Chinese artists in exile denounce
government lies.
Michèle TROUVÉ-SILVA
La caricature du coronavirus au Chili.
Entre crise sanitaire et politique
C’est dans un climat de forte tension sociale que le Chili s’est confronté comme le
reste du monde à la crise sanitaire liée au coronavirus. A la précédente baisse de
popularité du gouvernement s’ajoute alors une politique sanitaire fortement contestée.
C’est cette convergence de crises que le dessinateur chilien Malaimagen couche sur
papier, dans un des journaux les plus contestataires du pays, une série de caricatures
satiriques qui donnent à voir aussi bien l’improvisation politique que le discrédit progressif
des gouvernants.
L’article repose sur ses travaux les plus récents liés à la répercussion du Covid19. Plus
précisément, il en propose une lecture qui relie contingence politique, crise sanitaire
et usage politique de l’art.
Die Karikatur der Coronakrise in Chile
Zwischen sanitärer und politischer Krise
In einem Klima starker sozialer Spannung hat sich Chile, wie die restliche Welt, der
Coronakrise gestellt. In Verbindung mit dem Verlust an Popularität der Regierung
wurde nun auch deren Gesundheitspolitik stark angefochten. Diese Krisenkonvergenz
greift der chilenische Karikaturist Malaimagen in einer der kritischsten Zeitungen des
Landes auf, und zwar in einer Serie satirischer Karikaturen, die sowohl die politische
Improvisation als auch die fortschreitende Diskreditierung der Regierenden zeigen.
Genauer gesagt, er schlägt eine Lesart vor, die politische Umstände, gesundheitliche
Krise und regimekritischen Gebrauch der Kunst verbindet.
285
Chiliean Coronavirus Caricatures.
Amid the Health Crisis and Political Crisis
Chile, like the rest of the world, was confronted with the health crisis linked to the
coronavirus in a climate of strong social tension. In addition to the government’s
previous decline in popularity, its health policy was also strongly contested. It was
this convergence of crises that Chilean cartoonist Malaimagen put down on paper, in
one of the country’s most controversial newspapers, a series of satirical cartoons that
show both the government’s political improvisation and the progressive discrediting
of political leaders.
The article is based on his most recent work on the repercussions of Covid19. More
specifically, it proposes a reading that links political contingences, the health crisis
and the political use of art.
Thérèse WILLER
« Coronavirus illustré – ou non »
A partir d’un corpus de dessins envoyés par des artistes de différents horizons au
Musée Tomi Ungerer-Centre international de l’Illustration lors du premier confinement
en France, entre mi-mars et mi-mai 2020, a émergé l’idée de réfléchir sur la
pratique artistique et les thématiques abordées. Le processus de création avait-il été
marqué par ces circonstances exceptionnelles, et de quelle manière avait-il évolué ?
Deux axes principaux se sont en effet dégagés à l’analyse. Blutch, Christian Antonelli
et R. E. Waydelich ont pour ainsi dire opéré une rétrospective mentale de leur propre
oeuvre, et ont renouvelé celui-ci à l’aide de nouveaux procédés graphiques. D’autres
comme Franziska Becker, Boll, Cambon, Peter Gaymann, Michel Kichka, René Noël,
Jiri Sliva, Jean Remlinger, Fabio Sironi, se sont attaché avec l’humour et la dérision
qui les avaient caractérisés jusqu’alors, à illustrer la pandémie du coronavirus.
Au moyen de créations très diversifiées, tous ces artistes ont tenté d’exorciser à leur
manière l’une des grandes peurs séculaires de l’humanité.
Corona illustrieren – oder nicht?
Der vorliegende Beitrag unternimmt es, ausgehend von einem Corpus, das Künstler
unterschiedlichster Art dem Tomi-Ungerer Museum – Internationales Zentrum für
Illustration während des ersten Lockdowns in Frankreich (Mitte März bis Mitte Mai
286
2020) zugesandt haben, über künstlerische Praktiken und Thematiken nachzudenken.
Inwiefern wurde der schöpferische Prozess von diesen außergewöhnlichen Umständen
beeinflusst und wie hat er sich entwickelt? Dabei haben sich zwei Hauptachsen
herauskristallisiert. Blutch, Antonelli und Waydelich haben gewissermaßen ihr
eigenes Werk einer geistigen Rückschau unterzogen und es mithilfe neuer graphischer
Verfahren erneuert. Andere wie Franziska Becker, Boll, Cambon, Peter Gaymann,
Michel Kichka, René Noël, Jiri Sliva, Jean Remlinger und Fabio Sironi haben es
mit ihrem bereits vertrauten Sinn für Humor und Lächerliches unternommen, die
Covid-Pandemie zu illustrieren. Mithilfe höchst verschiedenartiger Inszenierungen
haben all diese Künstler versucht, auf ihre Art mit einer neuen Form der großen
Menschheitsängste fertigzuwerden.
Coronavirus illustrated - or not
The idea for this essay emerged from a body of drawings sent by artists from different
backgrounds to the Musée Tomi Ungerer-Centre international de l’Illustration during
the first lockdown in France, between mid-March and mid-May 2020. Had the
creative process been marked by these exceptional circumstances, and how had it
evolved? Two main axes emerged from the analysis: Blutch, Christian Antonelli, and
R. E. Waydelich have practically performed a mental retrospective of their own work;
and have renewed it with new graphic methods. Others, like Franziska Becker, Boll,
Cambon, Peter Gaymann, Michel Kichka, René Noël, Jiri Sliva, Jean Remlinger, and
Fabio Sironi, have illustrated the coronavirus pandemic by maintaining the previous
styles of humour and the derision which had characterized their work until then. By
means of very diverse works, all these artists have tried - in their own ways - to
exorcise one of the great secular fears of humanity.
Margarethe POTOCKI
Le Masque dans tous ses états - À propos d’un objet aux nombreuses facettes
L’objet le plus vendu dans le monde actuellement est certainement le masque sanitaire
qui accompagne tout un chacun dès qu’il quitte son logement. C’est donc un accessoire
important qui ne manque pas d’inspirer les dessinateurs de presse. Ce masque
– fréquemment dessiné – est pourtant rarement l’objet principal du dessin, celui qui
exprime l’idée de l’artiste ; il est plutôt un accessoire inévitable.
L’analyse des caricatures révèle trois axes dans la problématique : a) perte de l’identité
b) dissimulation des sentiments c) difficultés de la communication et de l’apprentissage
des langues.
287
Des dessins portant sur cette thématique sont plutôt rares dans les médias imprimés,
mais témoignent de toute l’ingéniosité des dessinateurs en se moquant de nos travers
dans l’utilisation de ce petit bout de tissu.
Die verrückte Maske - Über einen Gegenstand mit vielen Facetten
Der heute in der Welt wohl am häufigsten verkaufte Gegenstand ist sicherlich die
Corona-Schutzmaske, die einen jeden von uns begleitet, sobald er die sicheren
Mauern seiner Wohnung verlässt. Sie ist demnach ein wichtiges Accessoire, das
auch die Pressezeichner inspiriert hat. Dieses oft gestaltete Objekt ist jedoch selten
das Hauptmotiv der Karikatur, welches die Absicht des Zeichners ausdrückt; es ist
vielmehr eine unvermeidliche Requisite.
Im Umgang mit den Masken zeichnen sich bei den behandelten Karikaturen drei
Problemfelder ab: a) Verlust der Identität b) Kaschieren / Verbergen von Gefühlen c)
Schwierigkeiten in der Kommunikation bzw. beim Sprachenlernen.
Zeichnungen zu dieser Thematik tauchen in den Printmedien eher selten auf, sie
zeugen aber von der Findigkeit der Zeichner, über unsere Verkehrtheiten in der
Benutzung dieses kleinen Stücks Stoff zu spotten.
The Mask in all its states - About a multifaceted object
The best-selling item in the world today is certainly the sanitary mask that accompanies
everyone as soon as they leave their home. It is therefore an important accessory that
does not fail to inspire press cartoonists. This mask – frequently drawn – is however
rarely the main object of the drawing, the one that expresses the idea of the artist;
rather, it is an inevitable accessory.
Our analysis of the cartoons reveals three axes in the problem: a) loss of identity b)
concealment of feelings c) difficulties in communication and language learning.
Although drawings on this theme are rather rare in print media, all testify to the sheer
ingenuity of cartoonists who mock our shortcomings through the use of this small
piece of fabric.
Angelika SCHOBER
Regina von Haller-Beckmann : COVID 19 à Potsdam
Dans son Carnet de Croquis Covid-19, Regina von Haller-Beckmann, pasteure luthérienne
diplômée des Beaux-Arts, commente ce qui s’est passé à Potsdam entre mars
et décembre 2020 et reflète le vécu des Allemands en général. Comment s’occuper
288
pendant la pandémie ? Comment se protéger contre le virus ? Quelles retombées sur
l’économie et la vie sociale ? Les enfants et les aînés s’expriment, les artistes et les
animaux aussi, Panoramix est au rendez-vous. Le texte joue un rôle important, un
dialogue entre deux ou plusieurs personnes est souvent la base pour la construction
du dessin. Si les situations croquées sont comiques en elles-mêmes, dans certains
cas les faits sont exagérés par l’imagination et paraissent surréalistes. Quelques
titres : « Papier toilette », « Vacances à la montagne », « Vêtements de protection »,
« Masques chinois », « Terrain miné », « Le retour du flot de la consommation »,
« Qui va sauver la nature et les artistes ? ». Mieux vaut commenter les restrictions
sanitaires et sociales avec un crayon pointu et des feutres multicolores que se lamenter
et sombrer dans la dépression.
Regina von Haller-Beckmann: Corona in Potsdam
In ihrem Corona Skizzen Buch kommentiert Regina von Haller-Beckmann, Pfarrerin
mit 1. Staatsexamen für Kunsterziehung, was zwischen März und Dezember 2020
in Potsdam geschah und das Leben der Deutschen im Allgemeinen spiegelt. Wie
beschäftigt man sich während der Pandemie? Wie kann man sich vor dem Virus
schützen? Welche Konsequenzen gibt es für die Wirtschaft und das soziale Leben?
Kinder und alte Menschen kommen zu Wort, Künstler und Tiere ebenfalls; auch
Miraculix, der Druide von Astérix, ist dabei. Der Text spielt eine wichtige Rolle, ein
Dialog zwischen zwei oder mehreren Personen bildet häufig die Grundlage für die
Konstruktion des Bildes. Oft sind die gezeichneten Situationen schon an sich komisch,
manchmal werden sie noch übertrieben und erscheinen surrealistisch. Einige Titel der
Zeichnungen: „Klopapier“, „Skiurlaub“, „Schutzkleidung“, „Chinesische Masken“,
„Unsicheres Terrain“, „Die Konsumflut kehrt zurück“, „Wer rettet die Natur und die
Künstler?“ Besser mit Humor, spitzer Feder und bunten Filzstiften der sanitären und
sozialen Krise die Stirn zu bieten, als depressiv zu werden.
Regina von Haller-Beckamnn: Corona in Potsdam
When Prussian king Friedrich II invited French philosophers D’Alembert and Voltaire
to stay at his castle (Château de SansSouci), he couldn’t have imagined that, in the
21st century, Potsdam would play host to a very disagreeable “crown head”: Corona,
the invisible presence that brought the town and the castle to heel. In her Covid 19
Sketchbook, Lutheran pastor and Beaux-Arts graduate Regina von Haller-Beckmann
comments on what happened in Potsdam from March to December 2020, often
mirroring the experiences of Germans in general. Different aspects are examined:
how to pass the time during the pandemic? How can people protect themselves from
the virus? What effects will it have on the economy and on social life? Reactions from
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different people and groups are taken into account; children and elders, animals and
artists all have their say. Even Panoramix, Astérix’s famous druid, is present.
In RvHB’s caricatures, text plays a central role. Drawings are often constructed around
dialogues between two or more people. Better to take a sharp pencil and multicolored
markers tot he sanitary restrictions than to moan and sink into depression. If the
situations found in these drawings are often funny, sometimes facts are exaggerated in
the artist’s imagination to the point of seeming surrealistic. Drawings include: “Toilet
Paper”, “Mountain Vacation”, “Protective Clothing”, “Chinese Mask”, “Minefield”,
“The Return of Consumer Flow”, “Who Will Save the Artists and Nature?”
t undertaking; especially when the particular crisis does not directly affect the target
readership. The SARS and Ebola epidemics therefore captured the attention of
German satirists and cartoonists from Titanic and Eulenspiegel for only a very short
period of time. Due to the remoteness of the hotbeds of the crises, artists have had
difficulty finding truly satirical angles of attack. They were therefore - more often than
not - satisfied with evoking, in imagined scenes or essentially wacky performances
(intended to arouse laughter), the fears of their fellow citizens and the main practical
means implemented to fight the virus (masks, thermometers, etc.).
Benoît QUINQUIS
Témoignage : comment mes crayons ont
(presque) déclaré forfait face au virus
Quand on a commencé à parler de ce qu’on n’appelait pas encore le covid-19, je n’y
ai prêté aucune attention, étant habitué à ce que les médias accordent une importance
excessive aux épidémies. Ce n’est qu’à partir du mois de mars 2020 que j’ai
consacré quelques premiers dessins à ce que j’envisageais alors comme une psychose
disproportionnée. Le confinement fut pour moi une immense surprise doublée d’une
catastrophe aussi bien morale que financière. Mais même avec ça, la présence de
la pandémie dans mes dessins a été très vite limitée à celle d’une « toile de fond »
devant laquelle je continuais à traiter les thèmes qui m’importent depuis des années
(politique, racisme, pollution, etc.) et à égratigner mes têtes de turc habituelles ; en
effet, je n’ai jamais réussi à me sentir vraiment concerné par cette pandémie dont je
n’ai connu que les complications du quotidien liées aux mesures sanitaires. De surcroît,
même si je me suis toujours défendu de vouloir changer le monde, je ne perds
jamais l’espoir qu’un de mes dessins fasse réfléchir au moins une personne et l’amène
à reconsidérer ses actions : mais face à un phénomène qui n’est pas directement lié à
l’activité humaine, la même démarche me semblerait bien vaine. Je n’ai pas non plus
voulu profiter de l’occasion pour expérimenter un humour très noir : si j’ai une idée
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qui me choque plus qu’elle ne m’amuse, je préfère y renoncer tout de suite. J’ai donc
peu traité du virus dans mes dessins, entre autres parce que j’étais désemparé par cette
situation qui me dépassait, de sorte que je ne n’ai parlé que de manière « périphérique
», et en minimisant la pandémie dans mes dessins, j’anticipe la minimisation
dont elle fera l’objet dans ma mémoire quand elle aura pris fin.
Zeugenaussage: wie meine Zeichenstifte angesichts des Virus
(fast) das Handtuch geworfen haben
Als man angefangen hat, über das zu sprechen, was damals noch nicht „Covid19“ genannt
wurde, habe ich diesem Thema keinerlei Aufmerksamkeit geschenkt, da ich es gewohnt
war, dass die Medien den Epidemien übertriebene Beachtung zukommen lassen. Erst
ab dem März 2020 habe ich einige erste Zeichnungen dem gewidmet, was ich damals als
eine kollektive Psychose betrachtete. Das Lockdown war für mich ein enormer Schock,
der mit einer Katastrophe sowohl moralischer wie auch finanzieller Art verbunden war.
Aber selbst damit ist die Anwesenheit der Pandemie in meinen Zeichnungen
recht schnell auf einen Hintergrund beschränkt worden, vor dem ich weiterhin
die Themen behandelte, die mir seit Jahren wichtig waren (Politik, Rassismus,
Umweltverschmutzung, usw.) und meine üblichen Prügelknaben kritisierte. Ich habe
es nämlich nie geschafft, mich wirklich von dieser Pandemie betroffen zu fühlen, von
der ich nur die Komplikationen des Alltags kannte, die mit den gesundheitspolitischen
Maßnahmen zusammenhingen. Darüber hinaus verliere ich, auch wenn ich mich
immer dagegen gewehrt habe, als Weltverbesserer zu gelten, nie die Hoffnung, dass
eine meiner Zeichnungen wenigstens eine Person dazu bringt, ihre Handlungen neu zu
überdenken. Aber angesichts eines Phänomens, das nicht direkt mit der menschlichen
Aktivität zusammenhängt, erschiene mir dieses Vorgehen unnütz. Ich habe auch nicht
von dieser Gelegenheit profitieren und meinen sehr schwarzen Humor demonstrieren
wollen: Wenn ich eine Idee habe, die mich eher schockiert als amüsiert, verzichte ich
lieber sofort darauf. Ich habe also in meinen Zeichnungen den Virus kaum behandelt,
unter anderem, weil ich ratlos angesichts dieser Situation war, die ich nicht bewältigte,
so dass ich nur am Rande davon sprach, und indem ich die Pandemie herunterspielte,
nahm ich die Verharmlosung vorweg, mit der sie sich in meinem Gedächtnis festsetzen
sollte, wenn sie denn zu Ende wäre.
Personal Account: How My Pencils
(Almost) Gave Up in the Face of the Virus
When news of what would come to be called Covid 19 first surfaced, I paid it little
attention, accustomed as I am to the excessive media coverage of epidemics in general.
It was only in March 2020 that I drew several first sketches on what I considered
a disproportionate reaction/psychosis. For me, the lockdown came as an enormous
surprise, coupled with a massive catastrophe, both in terms of its financial impact
and its effect on my mental health. But even considering all this, in my drawings the
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pandemic remained at most a backdrop for the themes I have focused on for years
(politics, racism, pollution, etc.) as I continued to take aim at my usual targets. In
fact, I never really managed to feel involved in the pandemic, aside from the sanitary
measures and restrictions put into place, and the complications arising from them.
What’s more, even if I’ve always made it clear that I’m not trying to change the world,
I continue to hope that one of my drawings will make at least one person think, and
possibly reconsider their actions. Still, when faced with a phenomenon like Covid —
one that has no direct link to human activity — such a process would be in vain. I
also didn’t want to take the opportunity to explore the darker side of humor: if I have
an idea which shocks me more thant it makes me laugh, I’d rather give it up straight
away. In short, I did very few drawings about the virus, in part because I felt dismayed
by this overwhelming situation, to such an extent that I minimized its presence in my
drawings, perhaps as a means of anticipating how I will minimize the impact of the
virus in my memory once it has passed.
Les témoignages de quatre dessinateurs (Dieter Hanitzsch, Dorthe Landschulz,
Rainer Hachfeld et Vladimir Kazanevsky) sur leur oeuvre, essentiels
dans la troisième partie du volume, ne se prêtaient guère à des résumés.