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De chaque côté du Channel, on se défie
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Dans cette satire brillamment colorée, un coq de combat, à gauche, à tête de Bonaparte, regarde un superbe taureau avec les traits de John Bull, à droite.  Un oiseau noir est perché sur le dos du taureau. Chacun de son côté se trouve dans un champ d’herbe, séparés l’un de l’autre par de l’eau, dont on peut imagine qu’il s’agit du Channel. Le coq menace de venir bientôt livrer un vrai combat qui mettre son adversaire en sang. Le taureau ne semble pas ébranlé et promet au coq, s’il insiste dans son projet, de lui faire rapidement connaître la nature des lois anglaises.


Bonaparte n’a d’ailleurs qu’à bien se tenir : la vengeance divine, elle, sera terrible !
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Le dessin de Gillray s’inspire du fameux Banquet de Balthazar. Bonaparte, point central du dessin, figure ici le roi de Babylone, et il est entouré de sa cour. Joséphine – que Gillray assimile à Salomé - est en train de se saouler au Maraschino et à la prune de Monsieur, qui s’écoulent de sa bouche, sous l’œil narquois et réjoui de ses belles-sœurs, les seins nus et bouclées. Les convives se jettent sur les emblèmes – Saint-James, Banque d’Angleterre aux couleurs de la France - et les chefs de l’Angleterre et sur les « pommes d’Amiens ». Ils sont si absorbés par leur repas qu’ils ne voient pas l’inscription sur le mur.

Seul Bonaparte prend peur et renverse son verre et des bouteilles sur la table. Au-dessus de sa tête, la balance du jugement : la couronne du roi légitime est plus lourde que les symboles du despotisme, dont certains tombent du plateau. Le message est clair : s’en prendre à l’Angleterre signifiera la fin de Bonaparte.

Les soldats derrière Bonaparte regardent également avec horreur l’inscription. A sa droite un officier ouvre de grands yeux, tandis qu’un autre se régale d’un mets appelé « Tour de Londres ».


On promet d’ailleurs le pire châtiment à Bonaparte, au cas où il se risquerait à mettre le pied sur le sol de l’Angleterre
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Le caricaturiste invite ici ses contemporains à contracter une assurance à cent contre un, auprès de la célèbre compagnie d’assurance Lloyd,  et à parier sur la mort de Bonaparte deux jours seulement après son débarquement.  On voit ici quel sort attend ce dernier, Gillray utilisant d’ailleurs la même imagerie – la foule en fureur - qu’il fustigeait du temps de la Révolution. C’est John Bull qui porte la pique, incarnant l’un de ces nombreux volontaires qui s’engagèrent en 1803. Sa puissance est caractérisée par les feuilles de chêne de son chapeau, qui porte la devise  « Britons Strike Home », qui annonce la certitude de la victoire. Il énonce en même temps les atrocités potentielles des Français, tout en se moquant d’eux.


De toute façon, en Angleterre, on est sûr de vaincre
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Au centre de la caricature, un John Bull opulent et orgueilleux, de retour de bataille, est embrassé par des admiratrices. Il tient dans sa main droite une épée dégainée, dans la gauche une pique surmontée de la tête de Bonaparte, et portant également un certain nombre de têtes attachées par les cheveux, qu’il se vante d’avoir coupées lui-même.  Attirée par le spectacle, des femmes accourent à sa rencontre. La caricature montre clairement que la motivation et la récompense des actes de bravoures est l’attention des femmes : le repos du guerrier, en quelque sorte. Par contraste avec le gras John Bull, un élégant dandy efféminé se trouve à gauche, serrant les poings et tape des pieds, se lamentant de ne pas avoir été assez brave pour être un soldat, après qui les jeunes femmes auraient couru.


Quels que soient les efforts de Bonaparte et de son acolyte Talleyrand
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Talleyrand, au centre du dessin, porte Bonaparte sur son épaule, pour lui permettre d’avoir une meilleure vue de la bataille navale qui est en train de se dérouler. Ce dernier tient un rouleau de papier, sur lequel on peut lire « Plan de Talleyrand  pour envahir la Grande Bretagne », dont il fait un télescope. S’adressant à Talleyrand, il lui dit : « Ah ! Mon Cher Talleyrand, quel spectacle magnifique ! Ma bonne fortune ne me quitte jamais ! Je vais enfin être libéré de cent mille français !  Cela est encore plus fort que le poison d’Egypte ! ». On voit là l’allusion à l’épisode de l’exécution des prisonniers et des pestiférés à Jaffa.

Car, en fait, les deux personnages observent joyeusement la destruction de la flotte française par les forces anglaises. Ce qui frappe c’est que les canons français sont silencieux. Et un drapeau à tête de mort souligne de manière efficace les intentions diaboliques de Bonaparte.


Et le Bull Dog anglais viendra à bout du chien corse
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L’image est ici brutale : un bulldog costaud s’en prend ici à un chien efflanqué et plus petit que lui, plantant ses crocs dans les cotes du  cabot corse. Il porte un collier sur lequel est inscrit « John Bull ». Le pauvre  cabot essaye désespérément de s’échapper. Il a incontestablement les traits de Bonaparte, alors que le bulldog n’est pas humanisé.

Il s’agit ici de réaffirmer la force de l’Angleterre au moment de la rupture de la Paix d’Amiens et de la reprise des hostilités. Là aussi la confiance des Anglais est perceptible : au bulldog n’est opposé qu’un fragile chien corse !


Et lorsque l’Angleterre vaincra, ce sera le bonheur de l’Europe !
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Bonaparte est ici pendu. Il est représenté, suspendu au-dessus du sol, la bouche grimaçant de douleur. Derrière lui, des personnages représentant divers pays d’Europe dansent, soufflant dans des cors, et annonçant la mort de Bonaparte (de gauche à droite) : la Russie, la Prusse, l’Allemagne, la Suisse et la Hollande, que le lecteur peut facilement identifier soit en lisant les bulles soit en simplement regardant les costumes.  La Russie, par exemple, est vêtue d’une pelisse de peau d’ors, tandis que la Hollande est représentée par un bon bourgeois arborant une pipe sur son chapeau.


A la fin de l’été 1803, quoiqu’il en soit, la peur de l’invasion est à son plus haut degré.
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Ce sentiment d’alarme est très explicitement reflété dans cette caricature qui montre George III sous les traits de John Bull, recevant avec contrariété le dramaturge Sheridan, qui lui assure que 1000 bateaux, chacun portant 150 soldats, sont sur le point de faire voile pour l’Angleterre. Derrière eux, des affiches propagent l’alarme et le désespoir, tandis que Sheridan en porte d’autre sous le bras. L’idée ici est que les journaux à grands tirages, certains sous la responsabilité de Sheridan, servaient plus à propager l’inquiétude qu’à la calmer.


Ou encore dans celle-ci :
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John Bull, à gauche, habillé en marin et torse nu, patauge dans les eaux du Channel et défie Bonaparte de le rejoindre. Les côtes des deux pays sont ici hérissées de forteresses et de canons.  Les (petits) navires français sont prêts à faire passer l’armée. On aperçoit la petite tête de Bonaparte, ornée d’un énorme chapeau, menaçant de passer à l’attaque. John Bull est ici un marin particulièrement costaud qui se moque de lui et de ses vociférations : que Bonaparte vienne, s’il l’ose !

On voit ici une situation en fait inverse de la réalité : c’était l’Angleterre qui se barricadait et était sur la défensive.


Une autre représentation de cette sorte de défi est offerte par Woodward
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Dans cette autre caricature représentant cette confrontation de part et d’autre du Channel, Bonaparte, à gauche et John Bull, à droite se font face, sur leurs falaises respectives et observent la bataille navale qui se déroule dans la Manche.  Bonaparte essuie les larmes qui lui coulent des yeux, avec un énorme mouchoir, et se lamente sur la destruction  de ses chaloupes canonnières par la flotte anglaise. John Bull, se son côté, ricane de satisfaction, perché sur une colonne sur laquelle on peut lire « Constitution anglaise ». Costaud comme à l’habitude, il fume sa pipe avec un plaisir manifeste. A la base de la colonne, le lion britannique monte la garde et rugit, pour avertir Bonaparte.



Cette arrivée imminente des Français est annoncée comme le résultat naturel de l’ascension de Bonaparte
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Napoléon a atteint la France depuis la Corse et, par le jeu de son ambition et de son pouvoir, acquiert une influence de plus en plus grande, confirmant la crainte de l’invasion durant le mois d’août 1803.


En Angleterre, certains rêvent même de renverser les rôles !
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Chevauchant le lion britannique, John Bull traverse à toute allure la campagne française et attaque les minuscules cavaliers français, à cheval sur des grenouilles. Le lion se dresse sur ses pattes de derrière et se prépare á se saisir de sa proie. Un drapeau anglais flotte, attaché à sa queue, et son arrière train est marqué du sceau de George III, « GR ». Emmenant la charge, John Bull, comme toujours d’imposante stature, lève son épée, criant qu’il souhaite seulement mettre la main sur Bonaparte. Celui-ci, se croyant suffisamment en sécurité dans une modeste maison campagnarde, s’est hissé à la cheminée, mais implore le ciel de le protéger de se terrible personnage. Sur la gauche, des navires signalent un port.


L’une des causes de la rupture de la Paix d’Amiens, pour les Anglais, est la soif immodérée de Bonaparte pour les annexions territoriales
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Le (toujours) petit Bonaparte joue à saute-mouton avec les souverains étrangers.  Il a déjà sauté par-dessus la Hollande, puis l’Espagne, qui se plaint ici du dos. Le voici sur le dos du Hanovre, qui exprime des regrets de s’être laissé entraîner dans le jeu. Bonaparte l’annonce : le prochain sera John Bull, mais ce dernier ne l’entend pas de cette oreille. L’artiste a ici illustré l’intransigeance de l’Angleterre face à la politique de la France qu’elle juge expansionniste.

 
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Cette caricature au caractère scatologique joue sur le mot “évacuation ». Ici. Assington est obligé de s’accroupir, le derrière nu, au-dessus d’un chapeau, dans lequel il « évacue » Malte, le Cap de Bonne Espérance, la Guadeloupe et la Martinique.  Devant lui, Bonaparte le tient par la cravate, le menace de son épée et lui demande de tout donner, bien content qu’il doit être qu’il lui laisse l’Angleterre.  Un officier français (serait-ce Andreossy ?) arrive dans le champ visuel de la caricature, tenant lui-même le chapeau, mais se pinçant le nez.

Addington est représenté effrayé de l’effort qu’il doit faire, soulignant la reluctance de l’Angleterre à se séparer de Malte.  Il exprime aussi (dans la bulle) la crainte de ne plus pouvoir nourrir sa grande famille, ce qui est une allusion à son népotisme.

Bonaparte est ici le « Little Boney », son allure anguleuse étant soulignée par le dessin de son épée et de son fourreau. Addington, au contraire, à bien y regarder, apparaît comme un géant comparé à Bonaparte et à l’officier français.




L’année 1804 est marquée par deux évènements propres à exciter la verve des dessinateurs. Le premier est l’exécution du duc d’Enghien
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Dans l’obscurité d’une forêt, à la nuit, deux soldats français masqués (l’un à gauche, l’autre au centre) lève des torches et éclairent la scène du meurtre du duc d’Enghien ( !). Le duc, bras et jambes écartelés, est ligoté à un arbre et est forcé de  voir comment Bonaparte l’assassine. Celui-ci, dans une pose théâtrale, plonge, une seconde fois, son épée dans le cœur du duc.

Cinq démons arrivent en volant et se posent au-dessus de la tête de Bonaparte. Ils portent des chapeaux rouges révolutionnaires et amènent une couronne : c’est la récompense promise au meurtrier, en attendant qu’une main vengeresse le leur rende. Tout à fait à droite, quatre personnages arrivent, sous la lumière de la lune, en armures et portant des boucliers. L’un de ces boucliers est porteur de l’aigle des Habsbourg : c’est François II ; un autre est décoré d’un ours, c’est Alexandre Ier ; les deux derniers ne portent que des croix. François et Alexandre appellent à l’union avec l’Angleterre pour venir à bout du tyran.

La scène est bien sûre totalement fantaisiste par rapport à l’évènement, déjà suffisamment tragique en soi.


Cette caricature – anonyme, comme on peut s’en douter – aborde également le sujet :
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On voit ici le jeux de mot : obéissant aux ordres de son maître, Caulaincourt traîne derrière lui un paisible agneau, qui n’est autre que le duc d’Enghien, que le général ramène en France par le pont de Kehl, brandissant une feuille de papier sur laquelle on peut lire « Mon doux maître, je tiens la victime » !


Quant au couronnement de Napoléon, il va évidemment susciter aussi bien des caricatures, dont celle-ci
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Ce dessin illustre le désire de Bonaparte de devenir Empereur. La nurse (la France) est prête à lui donner cette couronne, mais elle ne pense pas que cela rendra l’enfant (Bonaparte) plus sage, ni plus calme. L’enfant (Bonaparte) persiste : « Je veux cette couronne, je la veux, ou je pleure ! »

 
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Ici John Bull est habillé en marin. Il n’en croit pas ses yeux : voici Boney qui se présente devant lui avec les attributs du couronnement, qui lui demande s’il le reconnaît. Certes, l’Anglais le reconnaît, mais il pense que Boney est en train de jouer un rôle théâtral, ou qu’il a une nouvelle lubie.


Pour les Anglais, Napoléon est d’ores et déjà l’usurpateur, comme cette caricature cherche à le symboliser, d’une manière particulièrement grossière
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Dans cette caricature à tonalité très scatologique Napoléon souille la couronne de France, en déféquant sur le coussin de son siège. L’artiste n’a laissé aucun détail de côté : assis sur le bras du  fauteuil, Napoléon a le derrière nu. Les « œufs » qu’il pond ainsi, font fuir un Français, probablement un Bourbon, en se pinçant le nez. -  Le caricaturiste, en titrant son dessin « Le Coucou Corse », fait ici évidemment référence à la particularité de cet oiseau, connu pour pondre ses œufs dans le nid d’un autre oiseau, ce qui détruit ceux qui y sont déjà. Comme le coucou, les ordures que Napoléon répand sur la France, contaminent la monarchie en tant qu’institution en France. Mais Napoléon ne semble en avoir cure : il est ainsi certain de s’emparer du nid royal !


Cette soif d’expansion prêtée à la France et à son chef est plaisamment illustrée dans la caricature ci-dessous.
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Devant l’enseigne clôturée de la maison d’édition Samuel William (« Fores – caricaturiste du premier consul) John Bull en uniforme de volontaire aux cheveux grisonnants, monte la garde devant un magasin de jouets, qui expose des représentations des centres de l’empire et de la prospérité britannique : la banque, les Indes, la Tour de Londres, le trésor, etc.  Mais en fait ces représentations sont en deux dimensions, ce sont des images, et non des objets. En fait, la maison de jouet ressemble plus à un magasin d’estampe et de caricatures : l’artiste fait ici sa propre publicité.

Devant lui le petit Bonaparte, à qui il ordonne d’ôter ses mains de là, essuie ses larmes avec un large mouchoir, et réclame au moins la Banque d’Angleterre (en haut à droite de la vitrine).

Le message caché de cette caricature est que la puissance et l’opulence de l’Angleterre sont égales à l’effet politique et à la richesse intellectuelle de ses caricatures, que le Premier consul fait alors censurer en France.


Le 2 janvier 1805, Napoléon, à l’occasion de la nouvelle année, fait des ouvertures de paix à George III. C’est le célèbre : « Le monde est assez grand pour que nos deux nations puissent y vivre »
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C’est ici sans doute l’une des caricatures les plus célèbres de Gillray, dépourvue d’à côtés, ce qui la rend encore plus percutante.

Elle paraît, il faut le souligner, bien avant les victoires décisives des deux nations : Trafalgar et Austerlitz, et présente de ce fait un caractère prophétique remarquable.

Pitt, longiforme et efflanqué à souhait, comme dans la plupart des caricatures, fait face à un minuscule Napoléon. Pitt, armé d’une fourchette, qui a symboliquement la forme d’un trident et d’un couteau à découper, se sert une large portion d’océans, comme récompense de sa maîtrise des mers, tandis que Napoléon se découpe une part contenant toute l’Europe, diminuée de l’Angleterre, de la Suède et de la Russie.

Le titre de la caricature comprend une citation du drame de Shakespeare « La Tempête ».


La bataille navale de Trafalgar ne va pas manquer pas de stimuler la verve des caricaturistes
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Debout de chaque côté du Channel, John Bull et Napoléon échangent des nouvelles.

Le premier est allongé, à gauche, sur les falaises du Mensonge. Il écrit nerveusement des dépêches, qui sont ensuite envoyées à l’Angleterre par un trompette français, coiffé du bonnet rouge. Derrière les deux personnages une ville, identifiée par son nom : Vienne. Parmi les fausses nouvelles ainsi envoyées : « Le Journal de l’Empire : l’archiduc Charles meurt de fatigue », « Le Journal des Spectacles : l’opéra Angleterre envahi », « La Gazette de France : La Flotte anglaise dispersée », « Le Publiciste : la flotte combinée en déroute », « Le Mémorial anti-Britannique : 20.000 Autrichiens tués ». « Le Moniteur : Paix séparée avec l’Empereur », « Le Journal de Paris : Falsifications et Fausses Nouvelles ».

En face de lui, sur la falaise de la Vérité, John Bull, revêtu de son costume traditionnel, est un vendeur de journaux, coiffé d’un chapeau portant la devise « Britannia domine les Océans » annonce la défaite de Trafalgar. Dans le fond, se déroule une bataille navale.


Survenue pratiquement le même jour, la défaite des Autrichiens à Ulm suscite la verve des caricaturistes, parmi lesquels, inévitablement, Gillray
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Revêtu d’un uniforme immaculé décoré de galons et de boutons dorés, le général autrichien Mack, se prosterne, rendant son épée et les clés de Ulm à Napoléon. Mack est suivi de cinq autres officiers autrichiens, qui lui ressemblent tant par l’accoutrement que par la mimique.

Napoléon reçoit avec hauteur les généraux qui se rendent, depuis un trône constitué d’un tambour. Il est représenté de façon minuscule, dans son costume de Premier consul.  Il pointe son épée qu’il tient dans sa main droite en direction de Mack, tandis que sa main gauche montre des grenadiers porteurs de sacs remplis d’argent : «  Voilà votre salaire ! Il y a 10 millions ! 20 millions ! Mes ressources de conquérant ne consistent pas seulement en mes soldats ! Je hais les victoires obtenues au prix du sang !»

Des rangées de soldats, derrière lui, assistent à la scène. Ils élèvent des baïonnettes ornées de drapeaux tricolores.

Sur la gauche de l’image, derrière Mack et ses officiers, les murs d’une massive forteresse dominent l’horizon, représentant vraisemblablement la ville d’Ulm, dont les murs sont ornés de canons.

L’évènement est donc ici présenté comme un acte de lâcheté de la part des deux protagonistes, qui préfèrent un arrangement à une bataille honorable.


Après la bataille d’Austerlitz, et durant la courte période durant laquelle les Whigs sont à la tête de l’Angleterre, les caricaturistes, en général anti-Fox, ne se retiennent pas
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Sur cette scène politique anglaise, on joue des “ouvertures pacifiques”, « nouvelle pièce dramatique ». L’auteur joue ici sur les mots « peace » et « piece ». Le chef d’orchestre est le nouveau premier ministre Grenville, mais les musiciens de son orchestre jouent chacun une partition différente. Un George III médusé – qui a derrière lui le regretté Pitt -  lit avec sa lorgnette (il faut y voir ici une allusion au thème de Gulliver) l’offre de paix faite par un Napoléon guerrier (« Ma reconnaissance en tant qu’Empereur – réduction de l’armée anglaise – abandon de Malte et de Gibraltar, etc.), qui se situe sur un nuage (« cloud » en anglais – allusion à Saint-Cloud), et ayant derrière lui Talleyrand, assis sur une corne d’abondance d’où s’échappe les bienfaits de la paix. Des squelettes de grenadiers français, brandissent des drapeaux anglais, écossais et irlandais. L’Irlandais Arthur O’Connore, un doigt sur le nez, rappelle aux Whigs qu’ils ont participé à la trahison.

Dans la tribune du haut, le duc de Clarence, futur Guillaume IV et sa maîtresse, l’actrice Jordan. Au-dessous, les radicaux Horne Tooke et Sir Francis Burdett applaudissent des deux mains Napoléon et Talleyrand. Ils sont au-dessus de la loge occupée par le prince de Galles et Mrs Fitzhebert.

A l’arrière plan un vaisseau anglais, symbole de la puissance anglaise.


Si la victoire de Trafalgar (21 octobre 1805) a apaisé les craintes de débarquement français, les victoires continentales de Napoléon qui suivent – Ulm, Austerlitz - font de lui le maître de l’Europe
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Cette brillante satire, bien que publiée en janvier 1806, contient un grand nombre de détails prophétiques. Napoléon, en grand uniforme, maître de l’Europe, est ici dépeint sous les traits d’un boulanger sortant, tout chauds du four – qui porte le nom de «New-French Oven, for Imperial Gingerbread » , les nouveaux rois de Bavière, de Württemberg et de Baden : ce sont les termes du traité de paix de Presbourg. Dans un panier, les nouveaux rois, issus de sa famille : Joseph, qui deviendra roi de Naples en mars, Louis, future roi de Hollande en juin, Jérôme, appelé sur le trône de Westphalie en août ! Les souverains chassés sont ensevelis sous de la cendre dans le four, rempli de boulets de canons. Talleyrand, de dos, méchamment présenté ici avec son pied bot (mais le dessinateur se trompe de pied !) et porteur d’une croix rappelant son passé d’ecclésiastique,  est occupé de son côté avec la Hongrie, la Pologne et la Turquie. Sur la commode, Sheridan, Fox, Burdett, Moira, Tierney, et Lord Derby, membres de l’opposition, à qui le dessinateur reproche leur politique d’apaisement, attendent que le boulanger impérial s’occupe d’eux.

Le modèle de Tiddy-Doll fut un fabricant de petits gâteaux secs du nom de Ford, un personnage célèbre de Londres, mort en 1752.

 
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Les conquêtes napoléoniennes sont ici représentées comme des mets disposés sur une table, pour la consommation de Napoléon. Celui-ci, assis à cette table, ignore les bouteilles d’alcools français et de Bordeaux tout comme les différents plats étiquetés « Swiss Cheese », « Turkey (la Turquie) », «Dutch Herrings », « Naples Biscuit », « Polish Goose » etc. Au contraire, son regard affamé est attiré par une belle tranche de « English Roast Beef », présenté dans son jus : le plat à la forme des falaises anglaises à Douvres, gardées par des vaisseaux de guerre anglais.

On voit ici le message : l’ambition de Napoléon est décrite sous les formes d’un appétit insatiable. En dépit de tous les mets présentés sur la table, son assiette est encore vide, et il prépare son couvert pour couper le roast-beef.



L’année 1806 va être marquée, le 28 mars, par la décision de la Prusse, de bannir les navires anglais de ses ports. Le 5 avril, l’Angleterre met l’embargo sur les navires prussiens et le 21 avril le roi annonce d’autres mesures.
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Cette caricature cherche à montrer la loyauté de Fox, exprimée le 23 avril dans un discours contenant également une attaque véhémente contre la Prusse. Le ministre, au centre du dessin, lève son épée contre le roi Frédérique Guillaume III, agenouillé et suppliant. Toutefois, il tient dans son dos une note sur l’état de la Nation, qu’il donne ainsi à lire à Napoléon. Le caricaturiste fait ainsi référence à un précédent discours du 3 avril dans lequel il annonçait que l’Angleterre n’était pas prête pour la guerre. Indubitablement, Gillray doute de l’intégrité de Fox, et le considère alors comme le véritable danger pour l’Angleterre.

Article réalisé par R. Ouvrard, membre du Souvenir Napoléonien.

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