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Par Christian MONCELET
Références de l'article : Ridiculosa N°10, Les Animaux pour le dire, Université de Bretagne occidentale/ Université de Limoge, 2003, p. 43-60.
À Alban Poirier, amateur éclairé de dessins d’humour et de presse, qui m’a généreusement permis d’enrichir mon (octo)corpus.
À l’origine de cette étude, il y avait le désir de visiter la réserve satirique des animaux à tentacules ou à membres serpentins, poétiquement assimilés. En fin de compte, la pieuvre a imposé sa prédominance et ses possibilités de condensation. Parlons donc de ce céphalopode inventé par Victor Hugo. Plus exactement, l’auteur des Travailleurs de la mer a popularisé d’une part le mot (admis par l’Académie française en 1878) et, d’autre part, ses connotations épiquement angoissantes (déjà soulignées par le naturaliste Pierre Denys-Montfort à la fin du XVIIIe siècle et par Cuvier qui en faisait un « assassin de profession ») : « Ce monstre que les marins appellent poulpe, dans les îles de la Manche on le nomme la pieuvre » (1). Pierre Larousse, dans son Grand Dictionnaire universel, mentionne la paternité hugolienne : « Le poulpe appartient aux naturalistes : la pieuvre est une création de Victor Hugo et l’une de ses plus saisissantes [...] la pieuvre ainsi présentée fit sensation. On ne parla que de pieuvres en l’an de grâce 1866, date de l’apparition du livre de Victor Hugo [...] les chroniqueurs apercevant une vague analogie de métier entre cet appareil à succion et certaines femmes qui, elles aussi, font le vide, au moins dans le porte-monnaie de l’homme, baptisèrent du nom de pieuvres les petites dames maquillées du Casino et du boulevard ». Jules Verne confirmera, avec Vingt mille lieues sous les mers, paru en 1873, l’impact d’un animal de la même famille semblablement étonnant – sous la forme d’un calmar « de dimensions colossales » (attaquant le Nautilus du capitaine Nemo) qui, appartenant au « fantastique naturel » (2), à « l’insolite objectif » (3), est destiné à susciter des fantasmes stressants et à être, pour re-citer Hugo, « un chef-d’œuvre, si l’épouvante est un but ». Certaines bandes dessinées du XXe siècle puisent dans la même veine comme Le Rayon nu d’E.P. Jacobs (4) où apparaît « un poulpe gigantesque », le « redoutable gardien du lac de la nuit ». Toute une littérature ou une paralittérature du genre fantastique et de la science-fiction serait à explorer. Pour exprimer le caractère terrifiant des Martiens (des cérébraux froidement rapaces, dotés de gros cerveaux et qui se nourrissent par vampirisation), H.G. Wells, dans La Guerre des Mondes, utilise le poulpe. De même les aliens qui effrayent les humains, dans certains films modernes, agressent volontiers avec des tentacules rétractiles qui les apparentent à nos pieuvres malignes (5).
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Cette étude relaye modestement l’ouvrage passionnant de Roger Caillois. Il sera question de ce que l’auteur a délibérément « laissé de côté » (6) à savoir « le sens métaphorique » et les représentations concrètement iconiques (sans exclure les images verbales qui – il est difficile de l’établir – les précèdent, les accompagnent ou les reprennent).
Une réquisition symbolique durable
La pieuvre est régulièrement réquisitionnée, depuis plus d’un siècle, dans l’imagerie polémique, textuelle ou iconique.
Contraint par la thématique du colloque je ne parlerai que brièvement des pieuvres anodines ou sympathiques qui figurent dans de nombreuses analogies (parfois lexicalisées). « Pieuvre » ? Un raccord électrique multiple, en dérivation étoilée, une attache élastique pour fixer des bagages sur le toit d’une voiture ou, en communication et en pédagogie, un diagramme qui permet de visualiser la synthèse d’informations préalablement trouvées. Si le guitariste Tal Farlow (1921-1998) fut surnommé Octopus (« la pieuvre ») c’est uniquement en raison de la virtuosité de sa technique instrumentale ! Je mentionne, pour le plaisir, une position amoureuse appelée ainsi (qui a peut-être laissé des « kamasutraces » dans quelques mémoires !) et une variation gentiment gaillarde de Trez (7) (un poulpe, dont chaque tentacule est un phallus, fait sensation dans un harem). Enfin, on trouve, dans les livres pour enfants et dans des dessins d’humour, d’assez nombreuses images où est pacifiquement positivée la possession de huit tentacules, bien pratiques pour exécuter plusieurs tâches à la fois (8). La gentille pieuvre OXY, dans Le Requin jaune (9) aide le poisson-pilote d’un requin menacé par son propre maître. Dans un classique pour enfants, le sage Octopus conseille au poisson Arc-en-ciel de donner à ses congénères une partie de ses belles écailles (10). Que les amateurs lisent aussi Petit Vampire et la maison qui avait l’air normale (11).
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Des logos, des culs de lampe, des gags visuels (avec une peau de banane à demi épluchée) : autant dire que l’imagerie rose de la pieuvre n’est pas négligeable. Pour clore ce passage par un clin d’œil, je renvoie à un dessin (doc. 1) de Serguei (12) qui pourrait, par détournement, portraiturer, de façon à peine exagérée, tout enseignant-chercheur qui ne sait où donner de la plume parce qu’il a plusieurs articles à faire au feu de son activisme critique !
Le plus souvent on a, sans vergogne, exilé de son milieu aquatique cet animal sensible, timide, d’un naturel assez doux, pour en faire un parangon d’agressivité fatale par emprise étouffante démultipliée. Alexandre Vialatte a résumé cet écart dans sa « Chronique de la ressemblance très scientifique des pieuvres et du lapin domestique » (13). Aux noms de Hugo et de Verne, il faudrait ajouter celui de Michelet qui dans La Mer, paru en 1861, imaginait pour le poulpe un lointain passé de créature « soufflant d’un souffle meurtrier ». On devrait surtout tenir compte de l’avis d’un spécialiste, Max Gene Nohl, qui affirme : « La probabilité pour un plongeur d’être attaqué par un poulpe est aussi faible que celle d’un chasseur de l’être par un lapin ». On peut avoir par ailleurs l’honnêteté d’Apollinaire, l’auteur du poème « Le poulpe » (14), et reconnaître avec une saine franchise :
Jetant son encre vers les cieux
Suçant le sang de ce qu’il aime
Et le trouvant délicieux,
Ce monstre inhumain, c’est moi-même.
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Toujours est-il que, la peur ayant ses frissons que la fiction veut bien connaître, la pieuvre compte au nombre des animaux d’apparence jugée insolite (comme l’araignée, la chauve-souris, la mante religieuse...) et provoque en conséquence une fascination plus ou moins troublée qui s’exprime dans un symbolisme thériomorphe vivace (15).
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Les animaux qui suscitent le plus de phobies ont trop de pattes ou n’en ont pas assez. Le trio vainqueur est, par ordre de mérite alphabétique (16), l’araignée, la pieuvre et le serpent. Remarquons d’emblée que la pieuvre se singu¬larise par un intéressant cumul puisque ses pattes sont serpentines.
Un corpus étalé sur plusieurs décennies permet de constater que la pieuvre a symbolisé, selon les moments, toute forme de pouvoir hégémonique désiré, supposé ou réel, ramifié, mortifère, occulte de préférence, difficile à combattre. Elle tient une place notoire dans ce que Raoul Girardet appelle « le bestiaire du complot » qui « rassemble tout ce qui rampe, s’infiltre, se tapit […] tout ce qui est ondoyant et visqueux » (17). Voici une liste d’images (iconiques ou verbales) qui donne une petite idée de la variété des hybridations rhétoriques (à base allégorique), allant d’une forme engagée de lyrisme au délire le plus écumant, d’une acidité de bon aloi au débordement polémique qui ne témoigne que faiblement de la modération humaine :
- une nation ennemie ou menaçante : c’est avec l’Allemagne que la pieuvre a, si l’on peut dire, le plus « casqué ». On trouve plusieurs exemples de « l’octoprusse » : une affichette publicitaire pour le journal La Revanche, un dessin de Sandy-Hook, dans Le Ruy Blas (18), dénonce par ce biais iconique l’infiltration des Allemands. À propos de combats sous-marins, Henriot, dans La Baïonnette (19), affuble une pieuvre immergée d’un casque à pointe : « Au fond, dit la légende, l’aigle allemand n’est qu’une pieuvre » (doc. 2). Cette animalisation a frappé d’autres pays comme, au XIXe siècle, la Russie (dans une carte anglaise – « serio-comic war map » de Fred W. Rose (20) sur la situation de l’Europe en 1877), et au XXe l’Angleterre (représentée par son premier ministre Churchill (21)) ou le Japon (symbolisé par son drapeau (22))...
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- un système économique comme le capitalisme qu’on veut, par exemple, cacher : Jules Grandjouan (doc. 3) fait la couverture de La Voix du peuple, le 1er mai 1907, en mettant en scène Clemenceau s’efforçant de rattacher le masque de Marianne à la tête de la pieuvre « mangeuse d’hommes » (23). Autres exemples : le capitalisme que seule l’union des prolétaires pourra vaincre (24) ou incarné par les États Unis (affiche du Parti communiste en 1952 (25)). Le capitalisme peut se réduire symboliquement à un banquier comme l’écrit Octave Mirbeau cauchemardant à propos du baron Gustave de Rothschild. L’écrivain voit sa main étendue sur le rebord d’une loge à l’Opéra : « [une] main de proie, dont les doigts s’agitaient pareils à des tentacules de pieuvre […] Cette main était terrible. En la regardant il semblait qu’elle s’allongeait, qu’elle grossissait démesurément… J’imaginai que la France était là, sur la scène, couchée parmi les ruines, belle, pâle et souffrante. Et je vis cette main s’approcher d’elle, se poser sur elle, et, lentement, l’enlaçant de ses mille suçoirs et de ses mille ventouses, pomper le sang tout chaud de ses veines qui se dégonflaient avec des bruits de bouteille qu’on vide » (26).
- une idéologie fasciste selon l’intelligentsia européenne de gauche des années 30 (cf. John Cairncross et ses amis du « Groupe de Cambridge »).
- le pouvoir étatique selon une affiche contre « l’État Monopole », « collectiviste » et datant des années vingt (27). Idem pour un État en collusion avec le patronat et qui opprime les contribuables : « À bas les impôts payés par les travailleurs ! » (28) dit l’affiche de Lutte ouvrière.
À noter le cas particulier du jacobinisme linguistique (auquel s’est opposé, entre autres, le particularisme de l’Occitanie (doc. 4) dans une affiche de 1977 (29).
- un service d’espionnage : la CIA devenue « CONVERGENCIA » dans une série en portugais de Siné (30).
- une institution : l’armée française qui accapare des terrains, sur une affiche du PSU, en 1973 (31).
- une multinationale fabriquant du papier : dessin du Forest Ecology Network (doc. 5) contre l’exploitation non écologique des forêts de l’état du Maine aux U.S.A. (32) « Ne vous laissez pas avoir par la pieuvre géante de la forêt » (Multinational Paper Corporations).
- La publicité selon Ignacio Ramonet : « Tentaculaire, étouffante, oppressive, la publicité ne cesse d’étendre ses domaines d’intervention. Elle a récemment conquis de nouveaux territoires, en particulier ceux de la galaxie Internet » (33).
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- un groupe d’influence occulte (dans un pays voire au-delà) :
* la franc-maçonnerie : métaphore récurrente dans l’imagerie de l’extrême-droite sous la IIIe République comme dans La Pieuvre, feuille de propagande antimaçonnique (34), ou un tract anonyme de 1924 (doc. 6).
** « la pieuvre noire » : un ensemble de pression tout azimuth (loges athées, loges mystériques, églises lucifériennes, Fraternité blan¬che, ONU, OTAN, G7… !) prétendument gouverné par les Rothschild, rêvant d’un pouvoir universel, selon des catholiques intégristes. Est visible sur l’internet l’organigramme supposé ou mieux « l’orga(dé)nigramme » (dans les deux mots il y a la racine « nigr » c’est-à-dire « noir » !)
*** la mafia en Italie : Plantu détourne une sculpture célèbre de Benvenuto Cellini représentant Persée tenant la tête de Méduse pour évoquer l’arrestation du parrain Salvatore Riina (35). La méduse a été remplacée par une pieuvre.
**** l’Opus dei : selon Peter Hertel, auteur de La Sainte Pieuvre ; les secrets de l’Opus Dei (36). Les mots le disent rieusement : pieuvre et œuvre pie se confondent parfois.
***** « La Pieuvre Scientologique » (37) est le titre d’un témoignage écrit par la psychologue Julia Darcondo, qui a infiltré pendant neuf ans l’Église de Scientologie pour ne pas perdre le contact avec son fils.
- une compagnie de chemin de fer américaine (38) pour le romancier Franck Norris (émule de Zola) qui raconte la lutte des fermiers de l’Ouest contre les forces du mal symbolisées par la compagnie de chemin de fer « Pacific and Southern Railroad ». C’est aussi l’opposition de la Nature et du machinisme...
- une entreprise française : Hachette (39) surnommée « la pieuvre verte » (en raison de la couleur emblématique de l’éditeur de la célèbre « Bibliothèque verte »).
- une banque : le Crédit Agricole s’est vu attribuer la même périphrase de «pieuvre verte» (on disait déjà « banque verte » à cause de son implantation originelle dans le monde rural (40)).
- la multinationale Vivendi d’après Jean-Philippe Joseph (41).
- la haine antisémite dans l’illustration d’un article de la Jewish World Review (42) par Jonathan S. Tobin (doc. 15) ou le racisme en général dans un dessin de Slim sur l’affiche d’une exposition, « L’humour contre le racisme » (43) (doc. 16).
- une organisation terroriste : « Al-Qaïda, la pieuvre est partout » (44).
- l’urbanisation monstrueuse évoquée par le poète belge Émile Verhaeren (45) dans son recueil Les Villes tentaculaires (1895). La métaphore a fait durablement florès : « La pieuvre polluante qui asphyxie Delhi » titra Libération (21-I-97).
- un trio infernal : celui qui dirige le journal Le Monde, d’après Philippe Cohen et Pierre Péan (46) …
Cette énumération foisonnante parle d’elle-même. La pieuvre qui allégorise et diabolise tout groupe de pression jugé abusif et occulte, motivé par une libido dominandi envahissante n’est pas une espèce en voie de disparition. Qu’importe qu’elle pointe les bouts de ses tentacules dans un dessin, une affiche ou des mots, elle assume dans tous les cas une charge analogique et critique (pas toujours caricaturale) rapidement comprise par les récepteurs. Le céphaloctopode a quitté son milieu marin pour prospérer dans les eaux troubles de la vie humaine. « Verte », « noire », « rouge »... Cette polychromie rhétorique (que justifient de circonstanciés hypallages) sied d’ailleurs à un animal dont le chromatisme changeant lui a valu le surnom de « caméléon des mers ». Rouge était, selon Desclozeaux, la pieuvre étouffant la Corse quand l’Italie renouvela à Montedison (Société américaine de produits chimiques) l’autorisation de déverser en Méditerranée ses résidus à l’origine de « boues » justement « rouges » (47). Le noir, sous le crayon de Jean-François Batellier, allait mieux à la mafia démoniaque dont les tentacules étaient des queues fourchues difficilement meurtries par la crosse du pape Jean Paul II (48).
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Une forme-sens
D’où vient ce succès ? Comment expliquer cette récurrence somme toute notable ? La pieuvre a été exploitée, métaphoriquement, en raison de sa forme particulière : ce céphalopode a l’avantage de contenir deux sèmes importants, l’un et le multiple, liés logiquement par la notion de maîtrise : les tentacules ne peuvent être qu’aux ordres de l’organe central. Cette centralisation singularise décisivement la pieuvre. Un seul corps à plusieurs têtes (trois différentes pour la chimère – lion, serpent, bouc – ou semblables pour l’hydre) peut donner l’idée d’une coordination aléatoire voire inexistante. Une seule tête pour gouverner les tentacules est en revanche une garantie contre l’anarchie des membres tant pour l’attaque que pour la défense. La relation dynamique au centre décisionnel se différencie également de la juxtaposition de forces autonomes comme dans une affiche pétainiste de 1941 : « Laissez-nous tranquilles ! » dit un couple de Français, cultivant la terre, agressés par trois loups (étiquetés « la franc-maçonnerie », « le Juif », « De Gaulle ») et une hydre tricéphale (« le mensonge »).
Y a-t-il beaucoup d’animaux qui ont la chance d’être une « forme-sens », un « iconème » minimal riche de latences sémantiques et donc promis à des applications variées ? La pieuvre démultiplie sa puissance en autant de tentacules qu’on lui donne : huit comme dans le monde empirique, plus ou moins dans la fiction (rarement en sous-nombre – cinq dans l’affiche « Lisez La Revanche » (49) – parfois en surnombre – dix dans « Occitans ! Auvergnats » (50) (doc. 4), douze dans l’affiche anti-Churchill (51)).
Veut-on stigmatiser une conjonction de forces hostiles à commandement unique ? La pieuvre offre ses services analogiques. Les tentacules permettent de visualiser en la diégétisant une énumération de ses proies, de ses terrains d’attaque et plus rarement (doc. 7) de ses propres blessures (52). À noter que des mots à fonction d’ancrage précisent l’identité des victimes ou des lieux. On comprend la fascination terrifiée envers cette bête qui nage dans l’espace-temps comme un poisson dans l’eau, à la fois ici et partout, ou plus mystérieusement nulle part (elle se cache derrière son nuage sombre – dans la réalité elle se défend ainsi contre ses agresseurs en les plongeant dans l’obscurité, c’est une réprimante à jet d’encre). Quel beau parti polémique on peut tirer de cet oxymore vivant, flasque et implacable !
Cette tête chauve, cette boule à zéro est une boule à réseaux. Corrélativement à la co-présence de l’unité et de la multiplicité, la pieuvre est réduite à l’union efficace de deux formes élémentaires : le rond et le long, une boule et des cylindres, souples de surcroît. Cette allure générale l’apparente – telle est sa vraie famille selon l’imagination – d’un côté à des animaux réels (l’araignée, le serpent) ou fictifs (l’hydre) et de l’autre à une personne humaine inventée (la tête de Méduse et ses reptiles-cheveux) ou commune (une tête avec des yeux visibles et des membres qui cumulent les fonctions des bras pour la préhension et des jambes pour la locomotion. Sa dégaine d’humanoïde (sans tronc mais polypodique) prédestine la pieuvre, presque naturellement, à se retrouver un jour avec un képi bien français sur la tête (« l’armée envahit, détruit, spolie », 1973), avec un cigare de capitaliste à la bouche (affiche de Lutte Ouvrière, 1974) ou avec le haut de forme de l’Oncle Sam (« ConvergenCIA » de Siné), un autre jour à ressembler à Churchill (doc. 7) ou à Giscard d’Estaing au crâne dégarni (« Hachette étrangle Néogravure », 1977). L’anthropomorphisation trouve donc là à s’exprimer sans faire trop de violence rhétorique au réel.
La puissance maligne de la pieuvre s’alimente d’un rare mais possible gigantisme, attesté par des récits de marins, de l’Antiquité à nos jours. Des hommes ont fait état de bêtes monstrueuses (53), « hors de proportions avec les espèces les plus grosses de nos côtes » comme le rappelle Pierre Larousse dans l’article « poulpe » de son Grand Dictionnaire. Le lexicographe encyclopédiste cite notamment Pline... Récemment, le navigateur Olivier de Kersauzon a raconté sa rencontre dangereuse, en janvier 2003, avec un calmar de 8 m d’envergure. Ajoutons « les légendes tératologiques » selon l’expression de Jules Verne (54) (op. cit.), les extrapolations mythiques dont le fameux Kraken tant redouté par les pêcheurs norvégiens du Moyen Âge.
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Le dessin satirique ou l’affiche de propagande exploitent souvent cette monstruosité de taille. Le surdimensionnement est à son comble dès qu’il s’agit de visualiser une force qui s’exerce sur un pays entier – (le pouvoir étatique dans l’affiche des occitanistes (doc. 4) – ou qui dépasse les frontières nationales quand il ne s’étend pas au niveau planétaire. Toute forme de mondialisation (politique, idéologique, économique) peut s’allégoriser dans une pieuvre collant à la terre entière (doc. 8) comme l’avatar de Bill Gates (55). La dimension est épique. Énormité du corps, grand nombre des tentacules : il faut pour le moins une représentation « spectentaculaire » pour attaquer l’« immondialisation » !
L’animal, tiré des profondeurs et bien acclimaté dans notre atmosphère, a conservé ses atouts originels inquiétants en raison de l’alliance du mou et du ferme, du souple et du fort, du centrifuge (l’allongement multidirectionnel des tentacules) et du centripète (la succion des ventouses qui ne sont, en fait, que des organes d’adhérence). Les ventouses surtout terrifient vu la difficulté de s’en libérer et la perdition existentielle qui en découle. Hugo le souligne : « la griffe n’est rien près de la ventouse. La griffe, c’est la bête qui entre dans votre chair ; la ventouse, c’est vous même qui entrez dans la bête » (56), Hugo pousse l’analogie avec le vampirisme : « Au delà du terrible, être mangé vivant, il y a l’inextricable être bu vivant ». Bachelard (57) parle du « schème dynamique de la ventouse » dans ce qu’il appelle plus généralement « l’imagination énergétique » de Lautréamont. Les ventouses ajoutent à la force de l’enlacement censé immobiliser puis étouffer. Iconiquement, c’est néanmoins l’enlacement qui signi¬fie l’emprise fatale. L’affichette pour La Pieuvre (« feuille de propagande illustrée ») montre particulièrement bien l’enroulement des tentacules autour des victimes. Le texte et l’image sont ici en redondance quasi réciproque (doc. 9) : « LA PIEUVRE, c’est la Franc-Maçonnerie. Elle s’applique sur la France, elle noue de ses longues bandes l’Armée, la Justice, l’Instruction publique, le Clergé, la Jeunesse, l’Administration, toutes les forces vives de la Nation. Elle l’épuise et la livre sans défense au Juif et à l’Étranger ».
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De tels exemples illustrent « le triomphe du fantasme » dont Roger Caillois s’est fait l’historien et l’analyste. Quand la pieuvre est dangereuse c’est, dans la réalité, à cause de son venin et de son bec et non de ses tentacules qui retiennent mais n’étouffent pas, ni de ses ventouses qui ne sucent pas le sang.
À ce décrochage du réel qu’assume l’imagination s’ajoute un choix stylistique, dicté par la volonté d’expressivité iconique. Pour raison de lisibilité claire et rapide, l’enlacement tentaculaire est plus « parlant ». Qu’importe la véracité d’ordre zoologique, vive le glissement de terreur ! Le dessinateur (conscient ou non du transfert de nuisance) impose à une partie (le bec) de déléguer son pouvoir malin à une ou plusieurs autres parties (les tentacules).
Mutations
Il s’agit maintenant moins de sortir du sujet que de circonscrire le motif de la pieuvre en faisant des références à d’autres animaux et à d’autres types de discours que celui de l’image satirique ou de propagande. Situons les pieuvres polémiques dans un ensemble qu’elles ne déparent pas.
Les manipulations tératofères
Si comme on l’a vu supra l’aigle allemand peut n’être qu’une pieuvre il peut aussi rester lui-même et subir avec succès une xénogreffe comme dans le dessin de Robida (58) (doc. 10). Un effet de syllepse iconique permet de donner à la masse vaguement sphérique du corps de l’aigle le sens supplémentaire et latent de « tête de pieuvre ».
Morbide est « Le suicide européen » extrait de La danse macabre (59) (série de cartes postales lithographiées) d’Alberto Martini (doc. 11). La créature est horriblement composite : le tronc est une tête d’où partent des membres !
Le plus effarant se trouve peut-être dans un poème pastichant un conte étiologique qui révèle l’origine du Boche par accouplement – très hétérogénique d’une pieuvre et d’un porc. Le sonnet (60) signé Pierre Chapelle est illustré par Charles Léandre. La scène se passe juste après la fin du Déluge :
[…]
Les couples amoureux chantaient dans les roseaux…
Mais le porc était seul, ayant perdu sa truie.
Ses petits yeux gonflés de désirs, il songeait,
Ne voyant pas vers lui qu’une pieuvre allongeait
Ses tentacules monstrueux sur une roche.
Les constellations s’enfuirent de l’azur
Pour n’être pas témoins de cet hymen impur…
Et c’est cette nuit-là que fut conçu le Boche !
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Les fusions essentiellement d’ordre rhétorique
L’image de la pieuvre peut être filigranée dans la représentation d’autres animaux. La pieuvre imaginaire apparaît en effet comme une chimère pouvant à l’occasion réunir des animaux différents. Tout un jeu d’analogies réversibles lui donne des spécificités de l’hydre, du serpent, de la tarentule voire du vampire. L’étude que Gaston Bachelard consacra à Lautréamont et, dans un chapitre, à son bestiaire, offre des exemples de ce syncrétisme merveilleux. Dans Les Chants de Maldoror, Lautréamont décrit « l’araignée de la grande espèce » qui « étreint la gorge avec ses pattes et suce le sang avec son ventre ». Le poulpe « qui commande à un sérail de quatre cents ventouses » parle avec jouissance de ses propres cris « [changés] en vipères ». « [La pieuvre] est arachnide par la forme » et « comparées à elle les vieilles hydres font sourire » écrit de son côté Hugo.
Dreyfus (dans le Musée des Horreurs) écope d’un cumul aussi étrange (doc. 12). Dragon, hydre et sorte de pieuvre dont le visage est la boule céphalique : cette « dreyfusion » redondante de monstres laisse pantois !
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Est parfois possible une confusion volontaire avec l’hydre de l’ancienne rhétorique (61) : dans un dessin contre la presse allemande, les serpents journalistiques semblent liés au casque (62) (qui ressemble par sa forme sphérique à la tête de la pieuvre) (63).
Quand les tentacules d’une pieuvre s’acharnent sur une proie on songe éventuellement à Laocoon aux prises avec les serpents. Cette surimpression culturelle, qui connote une dimension mythologique et esthétique, est lisible dans certaines images. C’est le charme puissant de la verve hugolienne dans un passage des Travailleurs de la mer où les comparaisons et les référents mythologiques sont concentrés : l’Hydre, le Dragon, la Méduse, le vampire, le reptile et le Sphinx composent, par ajouts successifs, un animal fabuleux, une chimère polyculturelle.
Avec l’araignée néanmoins, les mises en relation sont les plus pérennes. Certains dessinateurs traitent l’insecte en lui donnant un attribut de la pieuvre (par exemple la faculté d’enlacer (64)). C’est une façon pour l’imagination humaine de prolonger l’isomorphisme qui saute aux yeux (une sphère et huit membres mobiles) en créant des similitudes comportementales ou fonction¬nelles. Dans son essai sur la pieuvre, Roger Caillois souligne les analogies et les différences : « L’araignée est au centre d’un piège, la pieuvre est elle-même un piège ».
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À l’évidence, plusieurs fictions (satiriques ou non) mettent en relation concrète les deux bêtes, en jouant sur l’analogie ou sur le conflit.
* L’araignée contre la pieuvre est le titre d’un film de série B avec Zorro !
** Dans Spiderman contre le docteur Octopus (production Marvel comics), le personnage maléfique du « Docteur Octopus » (ennemi de l’homme-araignée) est doté, au niveau de sa ceinture, de tentacules mécaniques. Ces quatre prothèses et ses quatre membres forment bien huit organes mobiles et, grosso modo, semblables à des tentacules (65) (d’où son nom).
Les fusions non animalières
* la tête, sphérique, devient aisément la planète terre (exemple non satirique) pour visualiser le diagramme des disciplines qui, dans le monde, s’inté¬ressent à cet animal (image, trouvée sur l’internet, en fin d’article).
** la tête se métamorphose en cercle rouge du drapeau japonais (enchaîne¬ment rhétorique de figures – métonymie, allégorie, métaphore –) dans une affiche anti-japonaise en néerlandais, 1944 (66) (doc. 13).
*** le cartel des gauches ne forme qu’un seul corps avec trois têtes (Herriot, Blum et Renaudel) et neuf membres. On a l’impression générale d’une pieuvre qui en brandissant des feuilles d’impôts « boit » les contribuables (lesquels, en l’occurrence, trinquent !) (67).
**** la main qui manipule pour dénoncer les pieuvres de la fortune, le scandale de la ploutocratie (68). La main et la pieuvre (doc. 14) sont unies par une analogie globale (la masse de la main et les doigts rappellent la tête et les tentacules). Cette analogie est dopée de la référence à la manipulation cachée des marion¬nettes.
***** La pieuvre a suffisamment de souplesse pour prendre la forme d’une croix gammée : « Comment faire pour sortir de là ? » se demande un brave homme (69) et Pino Zac a sensiblement la même idée après l’attentat antisémite de la rue Copernic à Paris. Une simple allusion métonymique (le tentacule mobile) suffit à métamorphoser le symbole du nazisme en bête malfaisante (70).
Document 16
****** The last but not the least, le film de la série des « James Bond 007 » Octopussy (1983). L’affiche frappe l’œil et l’imagination : le héros se tient debout devant une femme « poulpeuse » dont les huit bras l’enserrent (doc. 15). Le titre même du film et la typographie figurative de l’initiale (le « O » est doté de tentacules) sur-dénotent la pieuvre. Dans ce film, James Bond lutte contre une femme redoutable, sorte de Penthésilée surnommée Octopussy, régnant sur de farouches amazones qui forment un gang féminin de trafiquants d’objets d’art. La belle, en cheville (via son homme-lige Kamal) avec un général soviétique (Orlov) se trouve impliquée dans une action anti-américaine (l’explosion d’une bombe dans une base de l’U.S. Army en Allemagne est programmée) destinée à compromettre l’équilibre militaire entre les deux blocs de l’après-guerre froide. James Bond trouve en Octopussy d’abord une adversaire à sa mesure puis, in fine, une alliée qu’il sauve de la trahison fatale d’Orlov et de Kamal. Parler ici d’une aventure de James Bond n’est pas déplacé. La présentation caricaturale, manichéenne, des idéologies rivales n’a-t-elle pas quelque rapport avec le style des images satiriques qui nous intéressent. Au lieu d’avoir, comme dans une image fixe (dessin ou affiche) une pieuvre dotée d’attributs soviétiques immédiatement signifiants, nous lisons une métaphore allusive, fragmentée, dispersée en certains endroits du film. Les promesses sémantiques, graphiques et iconiques du titre sont tenues : Octopussy est (malgré l’origine sympathique de son surnom – donné par son père, spécialiste des pieuvres) du côté du mal (trafic, violence...), le pire étant ses liens avec le général soviétique. Elle arbore la pieuvre comme emblème (71). Dans une réplique, une analogie langagière ajoute à la cohérence métaphorique globale quand un personnage dit que la participation étonnante du général Orlov à une évasion de diamant « n’est que ce qui émerge des tentacules ». On n’est guère étonné, de surcroît, de constater que James Bond fuyant, dans la jungle, pour échapper à Kamal et à ses sbires est confronté sur son parcours certes aux tigres que la couleur locale impose mais aussi (et même surtout du point de vue d’un bestiaire fantasmatique) à une araignée, à un serpent et à une sangsue. Ces trois animaux dangereux pour l’émissaire zélé du Bien et de sa gracieuse Majesté, ont, ensemble, les propriétés supposées de la pieuvre (faut-il le rappeler ? une silhouette arachnide pour la conformation générale, une forme reptilienne pour les tentacules et enfin la succion).
Document 17
Pour clore cette étude, examinons une dernière image, vigoureusement dénonciatrice. L’illustrateur d’un article sur l’antisémitisme dans la Jewish World Review (Jonathan S. Tobin) donne à l’ombre portée du mot « Hate » (« haine » en anglais) la forme d’une pieuvre. Ce dessin (72) est à la fois simple, sophistiqué et fort (doc. 16). La noirceur est sur-signifiante : elle dénote et connote la négativité du sentiment, la mort qu’il provoque parfois, la clandestinité des terroristes racistes, la couleur du liquide projeté par la pieuvre et celle essentielle de toute ombre. L’image nous renvoie à l’ambivalence et parfois à l’ambi¬guïté de toute animalisation. L’ambivalence du bestiaire figure après tout dans la Bible et la tradition chrétienne : la colombe de l’Esprit Saint, l’Agneau de Dieu d’un côté, de l’autre la bête de l’AntéChrist ou les cochons qui incarnent les puissances malignes exorcisées (cf. Évangile de Saint Luc). Et l’ambiguïté ? Animaliser l’antisémite ou, plus généralement, le racisme (doc. 17) revient – constat gênant – à utiliser la même arme péjorative que lui. Il suffit de lire Les Protocoles des Sages de Sion (ce pamphlet antisémite de la fin du XIXe siècle) et toute la littérature de Drumont ou inspirée par lui pour rencontrer à foison nauséeuse les métaphores animalières censées exprimer la domination des Juifs dans le monde : l’araignée, la pieuvre et le serpent répondent à l’appel. Dans les actes d’un colloque tenu à Cerisy en juin 1973 (73), Léon Poliakov rappelait que « [selon] l’article de foi majeur du nazisme, les Juifs, et plus généralement les races inférieures, étaient plus proches des animaux que de l’humanité aryenne ». Cette remarque est une simple question d’éthique qu’on est en droit d’aborder si l’on ne veut pas se situer, de façon peut-être trop confortable, par delà le bien et l’animal...
Université Blaise Pascal, Clermont-Ferrand.
(A l’époque où cet article a été écrit, l’auteur ne connaissait pas l'ouvrage pourtant antérieur, de Vladimir Biaggi et Jean Arnaud, et qui lui aurait été doute particulièrement utile : Poulpes, seiches et calmars - Mythes et gastronomie, Marseille, éditions Jeanne Laffite, 1995)
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NOTES
(1) Les Travailleurs de la mer, IV, 2.
(2) Roger Caillois, Cases d’un échiquier, Gallimard, 1970.
(3) Roger Caillois, La Pieuvre, essai sur la logique de l’imaginaire, La Table ronde, 1973.
(4) Éditions Blake et Mortimer, Bruxelles, 1943.
(5) Cf. La Mutante, 1995 et La Mutante 2, 1998. Le motif, explicite ou implicite, de la pieuvre se trouve dans les arts plastiques, chez Hans Bellmer avec certains assemblages de jambes de poupées (des « poulpées » ?) ou chez Roland Topor qui a conçu une araignée. D’autre part, le magazine Photo (n° 391, juillet-août 2002) a composé « Poulpe fiction », une petite anthologie d’œuvres signées Donna Trope, Herbert List, Hiro, Andrea Gentl... À ces noms, il faut ajouter Herb Ritts (« Djimon et pieuvre »). Enfin, le FRAC-Auvergne possède un ensemble sculptural tout blanc (1990) d’Alain Séchas en polyester et acrylique. La pieuvre, parquée dans une cage en inox et plexiglas, est regardée par des spectateurs aux formes de fantômes.
(6) Op. cit., p. 15.
(7) Jeux à Trez, éditions Jacques Glénat, Grenoble, 1982.
(8) Une pieuvre joue de plusieurs instruments dans Oscar Octopus and the fish faces, livre pour enfants de Janet Allison Brown et Matt Ward, édité par Bright Sparks, 2000.
(9) Cf. la série des « Snorky ».
(10) Marcus Pfister, Le poisson arc-en-ciel, éditions Nord-Sud.
(11) Joann Sfar, éd. Delcourt, 2002.
(12) Le Monde, 7 octobre 1994. On doit à un nommé Guy Marchamps cette remarque : « La pieuvre, avec ses huit bras, serait un écrivain prolifique si seulement elle cessait de jeter l’encre ».
(13) Et c’est ainsi qu’Allah est grand, Julliard (1979) ou en extrait in Bestiaire, Arléa (2002).
(14) Bestiaire ou cortège d’Orphée, in Œuvres poétiques, Pléiade, Gallimard.
(15) Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l’imaginaire, Bordas, 1969, p. 116.
(16) Rendons à Renard ce qui appartient à Jules.
(17) Mythes et mythologies politiques, Seuil, « Points Histoire », Paris, 1986.
(18) Du 13 janvier 1912.
(19) N° spécial « Les Pirates » (22 juin 1916).
(20) Carte reproduite in John Grand-Carteret, L’Histoire, la Vie, les Mœurs et la Curiosité en images, tome 5, 1928, p. 149. Une représentation analogue pour une carte de 1900 se trouve in Jules Grandjouan, créateur de l’affiche politique, Somogy 2001.
(21) Affiche de propagande nazie (1941). Reproduite in Annie Duprat, Histoire de France par la caricature, Larousse, Paris, 1999.
(22) Reproduite in Laurent Gervereau, Histoire mondiale de l’affiche, France-Loisirs, 1996.
(23) Reproduite in Jules Grandjouan, créateur de l’affiche politique, Somogy 2001.
(24) L’Assiette au beurre, 3-8-1907.
(25) Reproduit in Philippe Buton et Laurent Gervereau Le couteau entre les dents, Éditions du Chêne, 1989.
(26) Texte cité par Raoul Girardet, op. cit., p. 44. Merci à Bruno de Perthuis qui m’a donné cette référence ainsi que d’autres.
(27) Collection MHC-BDIC in Jules Grandjouan, créateur de l’affiche, op. cit. ; cf. aussi Henri-Louis Vedie, L’État-pieuvre, éditions Albatros, 1986.
(28) Sérigraphie d’avril 1974, in Alain Gesgon, Sur les murs de France, éditions du Sorbier, 1979.
(29) Reproduit in Alain Gesgon, op. cit.
(30) Reprise in plusieurs livres de Siné dont La chienlit c’est moi, Balland, 1978.
(31) Ibidem.
(32) Site internet, 2000.
(33) « La pieuvre publicitaire », in Le Monde diplomatique, mai 2001.
(34) In Jules Grandjouan, créateur de l’affiche, op. cit.
(35) Le dessin paru dans Le Monde a été repris in Cohabitation à l’eau de rose, 1994.
(36) Éditions Golias, 1998. La papauté s’est longtemps méfiée de l’Opus Dei jusqu’à ce que Jean Paul II béatifie Balaguer, le fondateur, et nomme des évêques de cette mouvance.
(37) Fayard, 1998.
(38) La Pieuvre (The Octopus), 1901.
(39) Hachette la pieuvre, témoignage d’un militant C.F.D.T., Éditions Gît-le-Coeur, 1972. Le groupe d’édition, dont l’importance était déjà critiquée au XIXe siècle, n’a cessé de grandir en renforçant ses positions sur le marché de l’écrit (livres, presse, distribution, les NMPP en 1947) et en investissant dans l’audiovisuel (Europe 1, société de production télévisuelle).
(40) Sylvie Hattemer-Lefevre dans Challenges, n° 167, décembre 2001 à propos du directeur Jean Laurent qui a su « faire basculer après un siècle de culture mutualiste la puissante pieuvre verte dans l’univers du capitalisme ».
(41) Le procès de la mondialisation, Fayard, 2001.
(42) Sur l’internet.
(43) Conçue par des membres du MRAP et de la LICRA en 1996, à Clermont-Ferrand.
(44) Titre d’un article de Paris-Match (décembre 2002) sur les partisans de Ben Laden – « il n’est nulle part, ses hommes sont partout » – que les services de renseignements traquent au Pakistan, au Canada et en Amérique du Sud.
(45) Qu’il me pardonne d’avoir détourné son titre !
(46) La Face cachée du Monde, éditions Mille et une nuits, 2003.
(47) Dessin paru dans Le Nouvel Observateur (17 février 1973), reproduit dans 130 dessins d’observation..., éditions Jacques Glénat, Grenoble, 1974.
(48) Dessin fait en mai 1993, repris dans Grincements dedans, éditeur Batellier, 1994.
(49) In Laurent Gervereau, op. cit.
(50) In Alain Gesgon, op. cit.
(51) In Annie Duprat, op. cit.
(52) « Confiance ses amputations se poursuivent... ». Les amputations de certains tentacules de la pieuvre-Churchill forme un petit bilan des déconvenues anglaises (Dakar, Mers-El-Kebir, Lybie, Égypte, Somalie, Syrie…).
(53) Cf. l’essai d’Éric Joly et Pierre Affre, Les Monstres sont vivants (Grasset, 1995) ainsi que FACTEUR X, n° 46 « Pieuvres géantes, Monstres des abysses marins » et Sciences et Avenir, n° 123, hors série, « Les Animaux extraordinaires ».
(54) Op. cit.
(55) Dessin du canadien Pritchard, diffusé sur l’internet. « Encore plus ça serait vraiment sympa » déclare l’insatiable patron de Microsoft.
(56) Op. cit.
(57) Lautréamont, édition José Corti, 1939.
(58) Reproduit dans Un siècle de dessins contestataires, éditions Denoël, 1974.
(59) Reproduit dans Jean-Pierre Auclert, La Grande guerre des crayons, éditions Robert Laffont, Paris, 1981. © SPADEM.
(60) Dans la plaquette Camouflets.
(61) Hydre que « la pieuvre a remplacée », R. Caillois, op. cit., p. 15.
(62) Dessin de Kab, dans La Jeune Garde (27-2-1887). Reproduit dans Paul Ducatel, Histoire de la IIIe République, tome 2, éditions Jean Grassin, Paris, 1975.
(63) La pieuvre se détecte même dans un insecte gigantesque que montre l’affiche du film d’épouvante Panique aux USA. Les pattes de la bête ont plusieurs articulations qui leur confèrent une mobilité proche de celle des tentacules.
(64) Dessin anonyme in Pages folles, 11-7-1909.
(65) Dans Le polygone étoilé, Kateb Yacine, s’inscrivant dans la tradition de l’union d’Eros et de Thanatos, crée un personnage féminin, fatal au sens le plus noir du terme, qui est une parfaite illustration des analyses de Gilbert Durand. Ce dernier rapproche « la puissance magique et néfaste de l’araignée, de la pieuvre » et celle « de la femme fatale et magicienne ». Il s’agit d’une créature anthropophage, tantôt "araignée", tantôt "pieuvre" ou encore "fleur vivante, carnassière" (op. cit., p. 72), elle "mord", elle "désarticule". Son nom est Moutt, la mort, en arabe.
(66) In Laurent Gervereau, op. cit.
(67) Dessin de Sennep, Cartel et Cie, 1926.
(68) Couverture de L’Événement du jeudi, 1-7 décembre 1994.
(69) Dessin de Paul Colin dans Action (1944), reproduit dans DicoSolo, Te Arte, 1996.
(70) Le Canard enchaîné, 8 octobre 1980. L’ambiguïté est néanmoins possible : pieuvre ou sangsue ?
(71) Une vraie, de petite taille mais au venin mortel – comme il en existe effectivement dans le Pacifique –, vit, chez elle, dans un aquarium. Une autre est dessinée sur son peignoir ou en tatouage sur le dos d’une de ses amazones.
(72) Site internet, en 2002.
(73) Hommes et bêtes : entretiens sur le racisme, éditions Mouton, 1975.