L’éditeur 12 bis spécialisé dans la publication de bandes dessinées, édite cette année plusieurs recueils s’appuyant sur le genre caricatural et intéressant, soit les passionnés de cinéma, soit ceux que la vie politique fait vibrer. Dans la lointaine tradition des frères Carrache de Bologne, le nantais Da Costa croque les acteurs célèbres, parodiant des scènes de films ou encore des affiches qui ont fait date (Les tontons éparpillés façon puzzle ; La dernière séquence).
Le dessinateur italien Calcinaro a été de son côté sollicité pour évoquer l’élection présidentielle de 2012. Le recueil intitulé Catch et politique s’inscrit dans une autre tradition, plus récente, celle des biographies satiriques fort en vogue dans la seconde moitié du XIXe siècle, avec ici comme fil conducteur une métaphore sportive d’actualité. Nos « catcheurs » écopent d’une caricature couleur pleine page et d’une notice biographique le plus souvent loufoque. Multipliant les clins d’œil anecdotiques, satiriste (Chanoinat) et dessinateur passent en revue les candidats potentiels ou chefs de partis les plus connus, de Nicolas Sarkozy à Jean-Luc Mélanchon, d’Eva Joly à Nathalie Arthaud ou Olivier Besancenot (ouvrage publié en septembre 2011…), sans oublier Martine Aubry, François Hollande, Lepen, Bayrou, De Villepin, etc. (en tout un peu plus d’une vingtaine de personnalités).
Faisant suite au succès incontestable de la « BD enquête » de Richard Malka et Philippe Cohen La face karchée de Sarkozy avec comme illustrateur le dessinateur de presse Riss (Charlie Hebdo), 12bis publie une nouvelle BD politique sur le président de la République en fin de mandat. Le dessinateur, Philippe Bercovici, avait déjà donné dans ce genre en cosignant avec Mohamed Sifaoui (journaliste) une BD sur Ben Laden et une autre brocardant Ahmadinejad, le leader iranien. Thomas Legrand (France Inter ; Inrockuptibles) et Bercovici s’amusent de la « représidentialisation » de Nicolas Sarkozy, virage opéré après l’échec du tout « bling-bling » et de la médiatisation à outrance de la vie intime du président en place.
Loin du coup de fouet inhérent au genre du dessin de presse éditorial, la bd politique perd en force ce qu’elle gagne en développements journalistiques et psychologiques, permettant de plonger avec bonne humeur dans les eaux troubles de l’appareil d’Etat.
GD, décembre 2011