Non de dieux ! La religion nuit gravement à la santé mentale des peuples, ouvrage collectif conçu par Antonio, Brito et Jean-Michel Renault, éditions Pat à Pan, 2010, 128 p, 300 dessins de plus de 70 dessinateurs « du monde entier ».
Après le très réussi Almanach du dessin de presse 2010, les éditions Pat à Pan récidivent avec un album contre les croyances et autres intégrismes religieux. Dans la tradition de la caricature anticléricale, plusieurs dizaines de dessinateurs se sont adonnés à cet exercice joyeux et grave, qui consiste à pourfendre un des obscurantismes les plus dynamiques aujourd’hui sur la planète. Les religions et principalement les religions monothéistes sont toujours à pied d'œuvre pour tenter d'enrégimenter les esprits et bien sûr de corseter les corps. Ces dernières années, l'islam dame le pion de ses censeurs dans sa capacité à s'imposer à la tête d'Etats souverains, dans sa capacité à servir de feuille de route à de redoutables intégristes...
La question du fondamentalisme islamiste et de la burqa notamment prend un relief particulier dans ces pages, tout comme bien sûr celle de la pédophilie dans le clergé catholique. Si l'obscurantisme religieux et les déviances cléricales en prennent pour leur grade, également en ce qui concerne l'oppression des femmes, regrettons peut être que ne soient pas évoquées dans ces charges les motivations parfois troubles de certains de ceux qui disent lutter contre les pires aspects de la religion, au nom de la laïcité. En effet, caricaturer la religion de l’autre, d’autant plus si c’est une religion « minoritaire », n’est pas sans danger, ou chez certains, sans racisme évident.
Si les idées religieuses doivent être combattues sans réserve, l'instrumentalisation par les nationalistes de tous poils de discours pseudo laïcistes masquant en fait une parfaite xénophobie, doit également être dénoncée.
Ce recueil savoureux prône la « liberté de rire de tout et de n'importe quoi avec n'importe qui », contrairement à ce que souhaitait par exemple l’humoriste Pierre Desproges d’après lequel on pouvait rire de tout, mais justement, « pas avec n’importe qui ». Dans cet ouvrage, le chapitre « Shoah » aurait pu illustrer cette absence de tabous en matière comique. Las, en dehors d’une charge de Jiho et d’une vignette de Brito, aucun dessin présenté dans la double page ne « rit » de ce thème… Ce libéralisme affiché par les auteurs de Non de dieux et le contenu de cette double page devront certainement être médité… après avoir acheté l’ouvrage !
Éditions Pat à Pan. Mail : patapan@orange.fr
GD, décembre 2010