Bruno de Perthuis, est décédé le 7 septembre 2014. Plusieurs mois auparavant, il avait prévenu ses amis et relations de l’aggravation très rapide de son état et de sa fin toute proche. Le petit monde qui s’intéresse à l’histoire de la caricature et du dessin de presse connaissait bien les articles de ce grandissime collectionneur d’objets d’art japonais et de cartes postales satiriques. Il avait constitué une collection d’une richesse extraordinaire, ayant acheté dans les années 1970 avec d’importants moyens des cartes en provenance de toute l’Europe, et également de Russie. Une collection qu'il avait mise en vente (chez Christoph Gärtner en Allemagne) aux enchères quelques mois avant de mourir (voir la bio de Bruno de Perthuis publiée dans le catalogue de la vente). Depuis le début des années 1980, Bruno de Perthuis s’était engagé dans une démarche de publication de très nombreux articles lui permettant de faire connaître les séries méconnues de ces cartes postales satiriques, avec une insistance toute particulière pour la production française de cartes satiriques destinées à des collectionneurs (faibles tirages) et notamment celles du dessinateur Orens Denizard.

Gravement et durablement blessé au visage notamment (il avait été brûlé à 45% au 3e degré lors d'un accident de voiture en Suède), titulaire de deux doctorats, dessinateur et peintre, il fréquentait peu les colloques, mais avait accepté de participer à la rencontre internationale que nous avions initiée avec Jean-Claude Gardes et l'Eiris en 2008 (Université de Bretagne Occidentale) sur le thème "Caricature et religion(s)".

La Gazette de l'Hôtel Drouot, Les Nouvelles de l’Estampe, Cartes postales et collections, Ridiculosa entre autres, ont accueilli nombre de ses publications (dont certaines ont été republiées sur Caricatures&Caricature.com), plus centrées sur l’évocation du contexte politique et sur les techniques de gravure, que sur l’analyse à proprement parler de la dynamique iconographique ou encore sur l’étude des conditions de production de ces cartes. Bruno de Perthuis s’était passionné pour les revues cartophiles de la Belle Époque et avait quelque peu ignoré les archives historiques.

Véritable pionnier, Bruno avait commencé à s’intéresser à la carte postale à une époque où l’Université méprisait ces petits bouts de carton illustrés. Au travers de sa collection, il nous a aidés à ouvrir les yeux sur cette production immense et encore aujourd’hui très mal connue.

Guillaume Doizy

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