A côté des dessins de presse et des caricatures diffusées par les grands médias, une production "marginale" et moins professionnelle se diffuse parfois dans l'espace public, en connexion souvent avec le mouvement social. Les images en question suscitent parfois de vives réactions.

Nous avons évoqué à plusieurs reprises (voir ci-dessous) les accusations d'antisémitisme portées par Jacques Attali, par des médias et par des associations, contre le graffeur avignonnais Lekto. La décision rendue en appel au mois de mai et juin 2024 pour deux fresques différentes, nous avait échappé. D'où ce post tardif. Le dessinateur a bénéficié une nouvelle fois de la relaxe, sans préjuger d'un éventuel pourvoi en cassation des plaignants.

Deux fresques étaient incriminées, l'une avec Attali manipulant une marionnette ayant les traits de Macron et une autre présentant notre président de la République en Hitler, avec "49.3" en guise de moustache. Selon les détracteurs de Lekto, on pourrait donc être antisémite, tout en requérant Hitler comme figure repoussoir de la dictature.  

La métaphore n'équivaut pas à la réalité. Représenter un adversaire politique en Hitler n'équivaut pas à tirer un trait d'égalité entre l'un et l'autre. On est dans le symbole. Un symbole qui peut faire mal, bien sûr. On peut toujours discuter de l'intérêt de recourir à l'exagération et à la métaphore, dans un monde qui se voudrait le mieuxveillant possible. Dans un monde traversé de tensions. Et certain.es en discutent.

On peut par exemple s'interroger sur la pertinence de convoquer le motif de la sodomie dans une perspective péjorative, comme l'on fait deux "gilets jaunes" pour une caricature figurant Macron, Biden et le préfet Lallement, tout en se réjouissant que les deux gilets jaunes traduits en justice aient été relaxés. Le motif de la sodomie ne renforce-t-il pas, dans les inconscients collectifs, l'homophobie latente ? Difficile question.

Concernant la fresque avec Attali, certains journaux avaient comparé l'image aux pires dessins nazis. La journaliste Emmanuelle Jardonnet dans le journal Le Monde, qualifiait en 2022 sans sourciller le travail de Lekto de "fresque antisémite", ce qu'a donc contesté par deux fois la justice, la seconde fois dans un contexte de remontée de l'antisémitisme notamment, écho à la guerre Israël/Hamas suite à la tuerie du 7 octobre 2023. 

Bizarrement, Le Monde a omis d'évoquer les deux relaxes de Lekto en appel...

Sans doute une étourderie ?

Guillaume Doizy

Tag(s) : #Dessinateurs Caricaturistes, #News
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